L’électricité dans l’air suffit aux araignées pour s’envoler
Arachnophobes, vous allez peut-être découvrir que les araignées volent aussi, bon courage !
Parfois, quand il pleut ou quand elles ressentent le besoin de migrer, les araignées déploient un fil de soie et s’envolent. Ce comportement est bien compris par les scientifiques des araignées et votre Guru ne vous a pas laissé dans l’ignorance…
…mais des chercheurs ont récemment découvert que des champs électriques peuvent non seulement déclencher ce comportement, mais aussi fournir de la portance, même sans la moindre brise.
Image d’entête : Une araignée pointant son abdomen vers le haut duquel elle déploie un fil de soie, prête à prendre son envol sur une tête de pissenlit. (Michael Hutchinson)
Selon les chercheurs Erica Morley et Daniel Robert de l’université de Bristol (Royaume-Uni), dans leur étude :
Quand on pense aux organismes en suspension dans l’air, les araignées ne viennent généralement pas à l’esprit. Cependant, ces arthropodes sans ailes ont été trouvés à 4 kilomètres d’altitude, dispersés sur des centaines de kilomètres.
Elles voyagent par l’intermédiaire du “gradient de potentiel atmosphérique” (APG pour atmospheric potential gradient), un courant électrique entre la Terre et la ionosphère, la partie de la haute atmosphère terrestre ionisée par le rayonnement solaire. Les orages agissent comme une batterie géante pour l’APG, chargeant et maintenant les champs électriques dans l’atmosphère.
Araignée prête à prendre son envol à partir d’une marguerite. (Michael Hutchinson)
Les chercheurs expliquent que l’idée de ce comportement de “vol à voile” aidé par ce courant électrique a d’abord circulé dans les années 1800, mais qu’elle a été rejetée peu de temps après, sans avoir été testée.
Selon les chercheurs :
Charles Darwin a réfléchi à la façon dont les courants thermiques pourraient fournir les forces nécessaires au vol alors qu’il regardait des centaines d’araignées descendre sur le Beagle par une journée calme en mer. L’observation de Darwin, cependant, n’a pas fourni d’autres preuves à l’appui.
En 2013, un autre groupe de chercheurs a avancé une théorie selon laquelle les champs électriques pourraient au moins faire partie de la stratégie des araignées et Morley et Roberts étaient curieux de voir si elles réagissaient réellement aux champs électriques et à leurs fluctuations. Ils ont donc attrapé des araignées du genre Erigone d’un piège à ballons, et ils ont mis en place une expérience sans stimuli, tels que le mouvement de l’air ou l’électricité atmosphérique, puis ils ont allumé un champ électrique artificiel et ils ont regardé ce qui se passait.
L’équipe a en effet constaté que les araignées s’envolaient lorsque le champ était en marche, et que les forces électrostatiques du champ suffisaient à elles seules à alimenter le mouvement, la même force qui fait dresser vos cheveux si vous frottez un ballon sur votre tête.
Lorsque les chercheurs éteignaient le champ électrique, les araignées planaient vers le bas et inversement lorsqu’il l’allumait.
Selon Morley :
Nous ne savons pas encore si les champs électriques sont nécessaires pour permettre le décollage de l’araignée. Nous savons cependant qu’ils sont suffisants.
Les araignées ont des poils sensoriels appelés trichobothria qui se déplaceraient en réponse au champ électrique, ce que les chercheurs croient être ce que les araignées utilisent pour détecter l’APG.
Présentation de la découverte :
Ce genre d’études montre qu’il reste encore beaucoup à apprendre des astuces que les araignées ont dans leurs 8 petites manches.
L’étude publiée dans Current Biology : Electric Fields Elicit Ballooning in Spiders et présentée sur le site de l’université de Bristol : Spiders go ballooning on electric fields.
Et moi qui n’était déjà pas vraiment rassuré par ces bêtes…