Ne surestimons pas l’intelligence canine
Nos amis canins ne sont pas aussi intelligents que nous le pensons, selon une étude récente qui a cherché à placer la puissance cérébrale du meilleur ami de l’homme face à d’autres membres du règne animal. La recherche comprenait l’examen de plus de 300 articles scientifiques qui décrivaient en détail l’intelligence des chiens et d’autres espèces animales, y compris les loups, les chimpanzés et les grands dauphins.
Dans le règne animal, les humains ont peu de meilleurs amis que les chiens, voire aucun. Le lien que nous partageons avec nos compagnons canins est le résultat de milliers d’années de domestication, d’évolution et de sélection au cours desquelles nous avons appris à nous connaître assez bien.
Beaucoup de propriétaires de chiens actuels diront que leur animal fait preuve d’un niveau d’intelligence surprenant. Cela peut être dû à leur capacité à lire nos expressions faciales, notre vocabulaire et notre ton de voix pour comprendre notre humeur ou notre intention (empathie), ou simplement parce qu’ils savent rapporter le bâton qu’on leur lance.
Cependant, il n’y a pas que les propriétaires adorant les chiens qui prétendent que nos amis à quatre pattes sont particulièrement intelligents. Dès le tout début, les scientifiques ont utilisé des chiens dans des expériences psychologiques et comportementales et, selon les auteurs du nouvel article, certaines études récentes ont affirmé que les chiens possèdent des capacités cognitives impressionnantes.
Alors, à quel point nos fidèles compagnons canins sont-ils intelligents ?
Des chercheurs de l’université d’Exeter et de l’université Christ Church de Canterbury (Angleterre) ont tenté de répondre à cette question pressante en comparant les capacités cognitives des chiens à celles d’autres animaux. À cette fin, l’équipe a examiné des centaines d’articles scientifiques publiés. Plus précisément, l’équipe s’est concentrée sur trois groupes témoins d’animaux : les animaux domestiques (p. ex. les chats), les chasseurs sociaux (comme les grands dauphins) et les autres carnivores (comme les ours, les lions et les hyènes). Les chiens appartiennent à ces trois groupes.
Pour être considéré comme » exceptionnel » dans le cadre de l’étude, le matériel d’origine devrait démontrer que les capacités cognitives des chiens sont significativement supérieures à ce qui pourrait raisonnablement être prédit dans le contexte des groupes témoins énumérés ci-dessus.
Les chercheurs se sont concentrés sur la construction de comparaisons cognitives dans les domaines suivants : cognition sensorielle, cognition physique, cognition spatiale, cognition sociale et conscience de soi.
Selon le professeur Stephen Lea, de l’université d’Exeter :
Au cours de notre travail, il nous a semblé que de nombreuses études sur la cognition canine visaient à » prouver » à quel point les chiens sont intelligents. Ils sont souvent comparés aux chimpanzés et chaque fois que les chiens » triomphent « , cela s’ajoute à leur réputation de quelque chose d’exceptionnel. Pourtant, dans chaque cas, nous avons trouvé des comparaisons valables qui font au moins aussi bien que les chiens dans ces tâches.
Les résultats de l’étude suggèrent qu’il n’y a actuellement aucun cas d’exceptionnalité cognitive canine par rapport aux membres du règne animal inclus dans les trois groupes témoins. Par exemple, lors de l’évaluation de la cognition sensorielle, les chercheurs ont constaté que les chiens ont un odorat incroyable. Cependant, d’autres chasseurs des groupes domestiques et carnivores se sont montrés tout aussi impressionnants. Il en va de même pour la cognition sociale de nos compagnons à fourrure. Alors qu’ils ont une impressionnante capacité à utiliser les émotions faciales humaines et animales comme repère social, d’autres carnivores sont encore plus astucieux.
En bref, les capacités cognitives des chiens ont été égalées ou dépassées par plusieurs espèces sélectionnées pour le contexte dans chacun des trois groupes.
Selon la Pr Britta Osthaus de l’université Christ Church de Canterbury :
Nous ne rendons pas service aux chiens en attendant trop d’eux. Les chiens sont des chiens, et nous devons tenir compte de leurs besoins et de leurs véritables capacités quand nous les traitons.
Les auteurs de l’étude notent que leurs travaux ne représentent pas une revue complète de la cognition canine. De plus, l’équipe a souligné dans le document que des recherches plus poussées sur un certain nombre d’espèces, qui n’ont pas encore fait l’objet d’études suffisantes pour la comparaison canine, pourraient changer leur point de vue.
Mais pour l’instant, félicitations aux auteurs de l’étude, qui sont peut-être les seuls chercheurs cette année à recevoir du courrier haineux signé avec des empreintes de pattes.
L’étude publiée dans la revue Learning & Behavior : In what sense are dogs special? Canine cognition in comparative context et présentée sur le site de l’université d’Exeter : Dog intelligence ‘not exceptional’.