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Découverte dans une grotte aux Philippines d’une espèce inconnue apparentée à l’être humain

11 Avr 2019 | 0 commentaires

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Cette semaine, des anthropologues travaillant aux Philippines ont révélé de nouveaux fossiles qui, selon eux, appartiennent à une espèce humaine apparentée qui n’avait jamais été découverte auparavant. Les fossiles proviennent de la grotte de Callao, au nord de l’île de Luçon (Luzon en anglais), et ont au moins 50 000 ans.

Image d’entête : la grotte de Callao sur l’île de Luçon aux Philippines, où les fossiles ont été découverts. (Callao Cave Archaeology Project/ Projet d’archéologie des grottes de Callao)

L’équipe, dirigée par Florent Détroit du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, a baptisé la nouvelle espèce Homo luzonensis du nom de l’île où elle vivait.

Avec seulement 7 dents, 3 os de pieds, 2 de doigts et un fragment de fémur, l’ensemble des fossiles de Callao est assez pauvre. Leur petite taille rappelle l’Homo floresiensis (ou Homme de Florès), la petite (par sa taille) espèce découverte en 2003 sur l’île de Flores, en Indonésie, qui vivait à la même époque. Mais il n’y a pas assez de restes ici pour déterminer la taille de l’Homo luzonensis. Et, malheureusement, l’équipe n’a pas réussi à trouver d’ADN. Nombreux sont ceux qui se demanderont, sur la base de preuves aussi minces, si la désignation d’une nouvelle espèce est justifiée.

Au cours des 20 dernières années, on a assisté à une vague sans précédent de nouvelles découvertes. Certains, comme l’Homo naledi et l’Homo floresiensis, représentent des branches de l’arbre généalogique humain qui se sont séparées assez tôt de la lignée humaine moderne et qui ont survécu jusqu’à une époque étonnamment récente.

L’H. luzonensis était-elle une autre de ces populations ? Pour établir que ces fossiles fragmentés justifient la reconnaissance d’une nouvelle espèce, une première étape clé est d’exclure leur appartenance aux humains modernes. Les Philippins vivants comprennent des groupes de petite taille corporels, mais celle-ci à elle seule n’est pas suffisante pour placer les dents fossiles Callao en dehors de l’éventail des humains modernes.

Pour aller plus loin, Détroit et ses collègues ont étudié les détails des os et des dents. Ensemble, ils présentent une foule de caractéristiques qui rappellent, au point de prêter à confusion, une vaste gamme d’autres hominidés et qui, ensemble, donnent naissance à quelque chose de nouveau et de difficile à classer. Les molaires, par exemple, sont petites par rapport à toutes les autres espèces connues, tandis que les prémolaires adjacentes, bizarrement, ne sont pas si petites.

Les dents supérieures d’un individu Homo luzonensis (Callao Cave Archaeology Project)

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Tomodensitométrie et structure du maxillaire droit P3 – M2 de l’Homo luzonensis. (Callao Cave Research Project)

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Les couronnes molaires ont un aspect simple, semblable à celle de l’humain, mais les prémolaires ressemblent aux dents plus grandes, plus typiques d’espèces plus anciennes, comme l’H. floresiensis et certains spécimens précoces d’Homo erectus. Certaines prémolaires ont trois racines, comme on en trouve parfois chez l’H. erectus et des parents humains plus éloignés.

Les os du pied de l’Homo luzonensis ressemblent beaucoup à ceux de l’ancêtre Australopithèque. (Callao Cave Archaeology Project)

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Les os des orteils et des doigts semblent également différents de ceux des humains modernes : l’os d’un doigt est courbé, et l’orteil ne semble pas avoir été capable de se plier autant que le nôtre. D’une certaine façon, ces os ressemblent à ceux des hominidés qui vivaient il y a plus de 2 millions d’années, comme l’espèce à laquelle appartenait Lucy, l’Australopithecus afarensis. Aucune autre espèce connue ne partage l’ensemble des caractéristiques que l’on trouve à Callao.

Alors, que signifie cette découverte ? Cela renforce sans doute le fait que les anciens membres de la famille humaine étaient beaucoup plus intelligents et adaptables qu’on ne le croyait.

Flores se trouve à environ 3200 km au sud de Luçon, mais les deux îles partagent une topographie particulière : les ponts terrestres n’ont jamais relié ces îles au continent asiatique. Sulawesi est une autre grande île déconnectée de la région.

Il y a des preuves de la présence d’hominidés primitifs sur chacune de ces trois îles. (John Hawks)

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Là, des outils en pierre d’un site appelé Talepu ont été fabriqués par des hominidés il y a plus de 118 000 ans, mais aucun fossile n’a encore été trouvé pour indiquer qui les a fabriqués. Certains anthropologues ont pensé que la colonisation de ces îles au-dessus de l’eau était due à la chance. Peut-être que d’anciennes tempêtes ou des tsunamis ont emporté quelques chanceux survivants sur d’anciennes plages. Mais là où un seul événement étrange peut être attribué à la chance, ces trois là sont beaucoup plus intéressants.

Les preuves de la vie sur ces îles remontent loin dans le temps. Il y a plus d’un million d’années, certains hominidés fabriquaient des outils en pierre à Flores, et le plus ancien fossile d’hominidés de l’île a environ 700 000 ans d’existence. L’an dernier, le paléoarchéologue Thomas Ingicco, du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, et ses collègues ont rendu compte des travaux réalisés sur le site de Kalinga, à Luçon. Ils y ont trouvé des outils en pierre et des os de rhinocéros abattus, également âgés d’environ 700 000 ans. Les premières formes d’homo ont dû dépasser les frontières et trouver de nouveaux modes de vie dans des endroits au climat et aux communautés végétales et animales très différents de leurs ancêtres africains. Pendant ce temps, en Afrique, une diversité d’espèces d’hominidés a continué d’exister pendant la majeure partie du dernier million d’années.

Il est trop tôt pour dire si les premiers habitants de Flores et de Luçon ont donné naissance à l’H. floresiensis et l’H. luzonensis, les chercheurs ne parieraient pas là-dessus. De nombreux nouveaux arrivants se sont peut-être trouvés entre les premières occupations et l’apparition tardive de la population moderne dans la région. Il est possible que l’une d’entre elle ait été les Dénisoviens, un mystérieux groupe connu grâce a des preuves génétiques. Les Philippins d’aujourd’hui portent des traces génétiques d’ascendance Dénisovien, et de nouvelles analyses de la contribution génétique de Dénisovien en Nouvelle-Guinée suggèrent des profondes racines pour cet ancien groupe. Les Dénisoviens auraient-ils pu exister sur Flores, Sulawesi, ou les Philippines ?

Pour répondre à ces questions, il faut continuer l’exploration. Les nouvelles découvertes de la dernière décennie ont transformé le paysage des origines humaines. De nouvelles méthodes d’exploration et une prospection plus intensive de régions peu explorées ont introduit de nouveaux modèles. Les anciens groupes de parents humains étaient variés et adaptables. Ils se mélangent parfois les uns aux autres, et cette mixité donne naissance à de nouvelles solutions évolutives. Notre espèce est aujourd’hui la seule survivante de cette histoire compliquée. Nous avons remplacé ou absorbé toutes les autres branches de notre arbre généalogique et bon nombre d’entre elles attendent sûrement que nous les trouvions.

L’étude publiée dans Nature : A new species of Homo from the Late Pleistocene of the Philippines et présentée sur le site du Muséum national d’histoire naturelle de Paris : Découverte de la nouvelle espèce humaine Homo Luzonensis.

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