Mais d’où provient cette immense “vague” qui traverse Vénus de part en part ?
Lorsque la sonde spatiale japonaise Akatsuki, destinée à étudier le climat de Vénus, a entamé son orbite autour de cette dernière, en décembre 2015, elle a été accueillie avec un très large sourire.
Une onde géante émergeait des images infrarouges de l’atmosphère chaude, turbulente et épaisse de notre plus proche voisine. Mais, jusqu’à maintenant, son origine reste un mystère.
Tetsuya Fukuhara de l’université Rikkyo de Tokyo et ses collègues au Japon pensent qu’il pourrait s’agir d’une onde de gravité générée entre deux couches de densité différente, peut-être dues aux montagnes sur la surface de Vénus. Mais si c’est le cas, selon leur étude, les vents dans la profonde atmosphère seraient bien différents de ce que les scientifiques planétaires avaient d’abord estimé.
Lorsqu’elles sont alignées, Vénus est à seulement 38 millions de kilomètres de la Terre. Pourtant, elle est beaucoup moins explorée que Mars, en partie parce que c’est l’enfer là-bas, d’où son nom en référence à la sulfureuse déesse.
Une dense atmosphère de dioxyde de carbone surmontée de nuages d’acide sulfurique enveloppe la brulante planète rocheuse. Toute l’atmosphère supérieure tourne plus vite que le sol en contrebas et au sommet des nuages, les vents soufflent à environ 100 mètres par seconde.
Lancée le 20 mai 2010, la sonde Akatsuki de l’Agence spatiale japonaise a atteint sa destination en moins de 7 mois, mais des problèmes techniques ont empêché sa rentrée dans l’orbite de Vénus. C’est seulement 5 ans plus tard qu’elle a réussi à manœuvrer dans une orbite elliptique et que sa caméra infrarouge a vu l’onde. Elle s’étend du pôle nord, à travers l’équateur jusqu’au pôle sud. Elle fait plus de 10 000 km de bout en bout et, avec une température d’environ 500ºC, elle est plus chaude que ce qui l’entoure.
Séquence d’images de la température des nuages de l’atmosphère supérieure de vénus, dans laquelle on peut distinguer l’onde stationnaire. (Planet-C)
Alors que se passe-t-il ? L’équipe suggère qu’elle est « induite par une onde de gravité atmosphérique » où les montagnes au-dessous interrompent la précipitation de l’atmosphère.
Une illustration présentant la façon dont les ondes de gravité se forment sur Vénus. Les vents de surface sont poussés vers le haut par des caractéristiques topologiques de surface, telles que des montagnes, dans la haute atmosphère où ils se “brisent” comme des vagues sur un rivage, ralentissant les vents en altitude. (ESA)
De tels phénomènes sont observés sur Terre, quoiqu’à des échelles beaucoup plus petites. Les chercheurs précisent qu’à partir des connaissances actuelles sur l’atmosphère de Vénus et de leurs propres modèles numériques, la formation des “ondes de montagne semblent un scénario difficile ».
Cela reste donc un mystère et comme aucune agence spatiale, à ce que l’on sait, n’a prévu de mission pour Vénus prochainement, nous pourrions avoir à attendre…
L’étude publiée dans Nature Geoscience : Large stationary gravity wave in the atmosphere of Venus.