La Jeanne Calment des araignées est morte à 43 ans

Si nous devions deviner une limite d’âge pour les araignées, elle n’aurait pas été aussi élevée que 43 ans. Mais c’est celui qu’a atteint une araignée femelle australienne de la famille des mygales, une Giaus villosus (Idiopidae). Désignée “Numéro 16” par l’université Curtin, elle est récemment décédée dans de bien macabres circonstances, mais battant le record de longévité des araignées surveillées…

Image d’entête : araignée Giaus villosus (Mason et al./Pacific Conservation Biology)

Numéro 16, a ainsi largement battu le précédent record de 28 ans détenu par une mygale connue. Les Theraphosidae, une autre une famille d’araignées mygalomorphes, peuvent vivre jusqu’à 20 ans, et on pense que les araignées des grottes de Tasmanie (Tupua troglodytes) peuvent vivre jusqu’à 40 ans. Cependant, la durée de vie d’une araignée Giaus villosus avait été fixée à un maximum de 20 ans.

Numéro 16 est morte au cours d’une longue étude sur cette population d’araignées initiée par l’arachnologue australienne Barbara York Main en 1974.

Une fois que les araignées G. villosus (qui semblent effrayantes, mais qui ne sont pas dangereuses pour les humains) quittent le nid de leur mère, elles se dispersent pour creuser leurs propres terriers, l’élargissant à mesure qu’elles grandissent, jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge adulte, vers 5 ans. Les araignées femelles occuperont le même terrier durant toute leur vie. Les mâles sexuellement matures, par contre, quitteront leur nid uniquement pour chercher à s’accoupler, puis ils mourront au cours de la même saison.

La G. villosus n’utilise jamais un autre terrier laissé vacant par une araignée morte. Si son terrier est endommagé, elle le répare ou meurt, elles ne déménagent pas.

Le terrier de Numéro 16 a été identifié pour la première fois lors de l’enquête préliminaire de York Main, en 1974, comme étant le terrier d’une jeune araignée, le 16e terrier, d’où sa désignation. En 2016, plus de 150 terriers avaient été marqués, mais les 15 premières araignées et de nombreuses qui ont suivi sont mortes dans cette période.

On ne sait pas quand Numéro 16 est décédé, mais c’était au cours de cette année-là.

Selon les chercheurs dans leur rapport :

Le 31 octobre 2016, nous avons découvert que le couvercle du terrier de l’araignée la plus ancienne, #16, avait été percé par une guêpe parasite.

Ayant été vu vivant dans le terrier 6 mois plus tôt, nous rapportons donc la mort d’une ancienne araignée G. villosus mygalomorphe matriarche à l’âge de 43 ans.

Le terrier tombant en ruines, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que Numéro 16 était soit déjà morte, soit parasitée par une guêpe parasite du genre pompile, qui dépose ses petits à l’intérieur des araignées. Une fois l’œuf éclot, l’araignée est consommée par la larve de l’intérieur vers l’extérieur.

Les araignées Giaus villosus sont l’une des plus anciennes espèces sur Terre. Elles sont apparues pour la première fois autour du Trias et n’ont pratiquement pas changé au cours des centaines de millions d’années par rapport à d’autres araignées.

Leur nombre diminue également, ce qui est très préoccupant étant donné qu’elles jouent un rôle crucial dans l’écosystème australien, s’attaquant à d’autres invertébrés.

En surveillant les populations à long terme, les chercheurs espèrent observer les stress qui jouent un rôle dans cette tendance inquiétante.

Le rapport publié dans la revue Pacific Conservation Biology : The longest-lived spider: mygalomorphs dig deep, and persevere.