Les vols spatiaux réactivent des virus dormants chez les astronautes
Il y a certainement une foule d’obstacles technologiques à surmonter avant que les humains ne parviennent à se rendre sur Mars, ou au-delà, mais la recherche montre aussi que les astronautes sont confrontés à une gamme croissante de défis vitaux qui les attendent lors de long séjour spatial.
Une récente étude financée par la NASA a révélé que les virus en dormance peuvent se réactiver dans le corps humain pendant les vols spatiaux, ce qui représente un autre problème physiologique que les scientifiques doivent résoudre avant de se rendre dans les profondeurs de l’espace.
Image d’entête : l’astronaute canadien Chris Hadfield lors d’une EVA à proximité de la Station spatiale internationale pendant l’Expedition 35 en 2013. (NASA) Selon Satish K. Mehta du Centre spatial Lyndon B. Johnson et auteur principal de la nouvelle étude :
Les astronautes de la NASA sont exposés pendant des semaines, voire des mois, à la microgravité et au rayonnement cosmique, sans parler des forces G extrêmes du décollage et de la rentrée. Ce défi physique est aggravé par des facteurs de stress plus familiers comme la séparation sociale, le confinement et un cycle sommeil-éveil modifié.
De précédentes recherches ont révélé que les voyages spatiaux prolongés dans l’espace pouvaient entraîner un risque accru de cancer, une dégénérescence neurologique et des lésions tissulaires dans le tractus gastro-intestinal. Il a également été suggéré que les vols spatiaux ont un effet néfaste sur le système immunitaire et c’est ce processus qui, selon les scientifiques, permet aux virus dormants de se réactiver. Toujours selon Mehta :
Pendant les vols spatiaux, il y a une augmentation de la sécrétion d’hormones de stress comme le cortisol et l’adrénaline, qui sont connues pour inhiber le système immunitaire. Dans cette optique, nous constatons que les cellules immunitaires des astronautes, en particulier celles qui normalement suppriment et éliminent les virus, deviennent moins efficaces pendant les vols spatiaux et parfois jusqu’à 60 jours après.
La nouvelle recherche a porté sur des échantillons de fluides corporels prélevés sur des astronautes avant, pendant et après des missions dans l’espace. Le virus d’Epstein-Barr (EBV), le virus varicelle-zona (VZV) et l’herpès-simplex-1 (HSV-1) ont tous été réactivés et récupérés dans des échantillons de salive et d’urine chez plus de la moitié des astronautes étudiés. Dans la plupart des cas, ces astronautes n’ont développé aucun symptôme viral particulier, mais il s’agit de virus infectieux qui peuvent augmenter les risques d’événements médicaux indésirables lors de longs voyages spatiaux. Le niveau d’excrétion virale suivi dans les échantillons des astronautes semble avoir augmenté à la fois en fréquence et en quantité pendant les missions plus longues de la Station spatiale internationale. Cela suggère que la dysrégulation du système immunitaire qui peut être à l’origine de la réactivation virale n’est pas seulement une réaction de stress aigu du voyage initial dans l’espace. Selon M. Mehta :
L’ampleur, la fréquence et la durée de l’excrétion virale augmentent avec la durée des vols spatiaux.
Les chercheurs émettent l’hypothèse que les environnements de gravité partielle peuvent avoir le potentiel de freiner cette réactivation virale, mais ils suggèrent que d’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre comment le système immunitaire pourrait être influencé par la gravité. À court terme, la solution à ce problème particulier de réactivation virale pourrait être l’adoption de protocoles de vaccination mieux ciblés pour les astronautes.
L’étude publiée dans Frontiers in Microbiology : Herpes Virus Reactivation in Astronauts During Spaceflight and Its Application on Earth.