Ce puits pourrait être la plus ancienne structure en bois du monde
Il n’a peut-être plus l’air de grand-chose, mais ce puits date d’il y a 7 275 ans, ce qui en fait le plus vieil objet en bois que nous connaissions.
L’année est 5256 av. Nous sommes au début du Néolithique, dans un endroit qui n’est pas vraiment proche d’un quelconque campement. Que voulez-vous faire si vous voulez boire de l’eau mais qu’il n’y a pas de rivière à proximité ? Et bien vous commencez à creuser un puits. Vous commencez à abattre quelques arbres et à construire un cadre en bois.
C’est probablement ainsi que les hommes de l’Antiquité raisonnaient dans ce qui est aujourd’hui la République tchèque. Le puits a été découvert lors des travaux de construction d’une autoroute dans la région de Bohême. C’est le troisième puits du Néolithique découvert dans le pays au cours des 4 dernières années.
On ne sait pas exactement si les puits en bois étaient courants à l’époque. Actuellement, on ne connaît en Europe qu’une quarantaine de puits du Néolithique, explique Michal Rybnicek, l’un des auteurs d’une nouvelle étude décrivant cette découverte.
Le puits mesure 80 sur 80 cm et 140 cm de hauteur. Le revêtement du puits est très bien conservé.
Selon les archéologues dans l’étude :
Un coffrage de puits en forme de caisson a été formé par quatre poteaux d’angle en chêne, chacun avec deux rainures longitudinales, placées à 90 degrés l’une par rapport à l’autre, dans lesquelles des planches de chêne ont été insérées horizontalement en sept couche.
Le diamètre des poteaux variait de 15,5 à 22 cm et ils comportaient 33 à 80 cernes d’arbres.
Quelques pièces de poterie ont également été découvertes, mais à part la structure en bois elle-même, on n’a pas retrouvé grand-chose sur le site. Mais le bois était en excellent état, ce qui a permis une datation précise.
(Université de Pardubice)
Les chercheurs ont utilisé des méthodes dendrochronologiques pour dater les arbres à l’aide de leurs anneaux de croissance (cernes) à l’année exacte où ils se sont formés. Ils ont conclu que le puits a été construit entre 5256 et 5255, mais il est intéressant de noter que deux des poteaux d’angle ont été construits à partir d’arbres qui avaient été abattus quelques années auparavant. Le premier poteau provient d’un arbre abattu 3-4 ans plus tôt, et l’autre 9 ans plus tôt. On ne sait pas exactement pourquoi il y a eu un tel écart dans la construction, mais c’est probablement dû à l’aspect pratique plus qu’à toute autre chose.
Pour la fabrication du revêtement du puits, les constructeurs ont utilisé des chênes de 200 ans d’un diamètre d’au moins 60 cm. L’abattage et le transport d’arbres d’une telle taille et d’un tel poids n’ont pas dû être chose facile. Si un tel arbre avait été abattu à proximité et n’était pas entièrement utilisé, il serait logique de le réutiliser au lieu d’abattre un nouvel arbre. Par ailleurs, d’autres éléments du puits ne nécessitaient pas d’arbres aussi épais et pouvaient être construits à partir d’arbres plus jeunes, plus faciles à abattre.
Aucune colonie n’a été découverte dans la région, ce qui suggère que ce puits se trouvait probablement sur une route ou un chemin que les peuples du Néolithique empruntaient parfois.
Le puits récemment découvert n’est pas le plus ancien puits connu au monde. Deux puits en Israël datent de 6500 avant J.-C., et deux autres à Chypre remontent encore plus loin, à 7500 avant J.-C., ils n’ont même pas été construits avec du bois, ils ont été forgés directement dans la roche.
Cependant, il s’agit peut-être du plus vieil objet en bois au monde, c’est certainement la plus ancienne construction archéologique en bois datée de manière dendrochronologique. La datation au carbone, parfois utilisée pour des objets de cet âge, peut comporter des inexactitudes importantes.
Mais le plus intrigant dans cette découverte n’est pas seulement son âge, mais aussi sa conception. Jusqu’à récemment, ce mode de construction (avec des poteaux d’angle rainurés et des planches insérées) n’était connu qu’à l’âge du bronze, à l’époque romaine et au Moyen Âge. Le fait qu’il soit également présent au Néolithique, des milliers d’années plus tôt, indique que la technologie disponible (outils en pierre, en os ou en bois) était suffisamment avancée pour une menuiserie sophistiquée.
Un puits néolithique construit avec une technologie similaire avait déjà été découvert en République tchèque, mais celui-ci est plus ancien et présente un design unique, concluent les chercheurs.
L’étude publiée dans Journal of Archaeological Science : World’s oldest dendrochronologically dated archaeological wood construction.