Des chiens pourraient sauver l’industrie des agrumes d’une pandémie dévastatrice
Des chercheurs ont découvert que les chiens peuvent être entraînés à flairer les bactéries qui provoquent le jaunissement des agrumes, avec une précision de plus de 99 %.
Au cours des derniers siècles, une bactérie connue sous le nom de Candidatus Liberibacter asiaticus (CLas) est passée du règne animal au règne végétal, où elle a prospéré depuis lors. La bactérie est à l’origine d’une maladie, la huanglongbing, aussi nommée « maladie du dragon jaune« . Elle est propagée par un minuscule insecte qui se nourrit des agrumes. Les chercheurs du Service de recherche agricole (ARS) du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) qualifient le huanglongbing de « l’une des pandémies les plus graves des temps modernes ».
Image d’entête : Szaboles, un chien entraîné à surveiller les plantations et à détecter le Candidatus Liberibacter asiaticus.(Tim R. Gottwald/ USDA)
La maladie s’avère redoutable pour l’industrie des agrumes dans le monde entier, et ce avec un surcroît de vigueur dans l’hémisphère occidental. Au cours de la dernière décennie aux États-Unis, le huanglongbing (HLB) a provoqué une baisse d’environ 21 % du marché des agrumes frais et une diminution d’environ 72 % de la production d’oranges utilisées pour les jus et autres produits. La Floride est particulièrement touchée.
Il n’existe aucun traitement curatif, il est donc très difficile, voir impossible de s’en débarrasser et c’est là qu’entre en jeu nos amis les chiens.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Nous nous sommes tournés vers les chiens détecteurs, une “technologie ancienne”, qui permet d’étudier rapidement les grandes plantations sans de laborieux prélèvements d’échantillons ni traitement en laboratoire.
Les maladies des plantes sont en effet particulièrement délicates. Pour la maladie du dragon jaune, comme précisé plus haut, il n’existe pas de traitement post-infection et comme les plantes n’ont pas de système immunitaire, elles ne peuvent pas être vaccinées. Une détection et une réponse précoces sont donc essentielles.
Mais, « l’évaluation visuelle humaine n’est pas suffisamment sensible pour détecter de nouvelles infections végétales dans un délai raisonnable, et les analyses moléculaires sont coûteuses et difficiles à déployer sur de grandes cultures », note l’étude. Mais les chiens peuvent détecter les infections avec une précision de plus de 99 %, des semaines, voire des années avant l’examen visuel et les méthodes moléculaires. Ils étaient très précis et capables de détecter les agents pathogènes ciblés à partir d’autres agents pathogènes.
Le détecteur canin « Bello » travaille dans un verger d’agrumes au Texas, à la recherche de la maladie du dragon jaune, une bactérie qui est propagée par un minuscule insecte qui se nourrit d’agrumes. (Gavin Poole/ USDA)
Selon Timothy R. Gottwald, épidémiologiste spécialiste des plantes à l’USDA :
Nous avons découvert qu’une fois entraînés, ces chiens étaient capables d’identifier les arbres infectés dans les deux semaines suivant l’inoculation. Les chiens ont également été capables de distinguer le pathogène du huanglongbing d’une variété d’autres pathogènes bactériens, viraux, fongiques et spiroplasmatiques des agrumes, y compris des espèces de Liberibacter étroitement apparentées.
Ils ont commencé avec 20 chiens, composés de Malinois belges, de bergers allemands, de croisements entre les deux et d’épagneuls springer. Les auteurs expliquent que les races ont été sélectionnées sur la base de « l’entrain, l’instinct de chasse par l’odeur, la grande taille pour permettre au chien de parcourir de longues distances, et l’endurance ». Dix des chiens ont été utilisés pendant la première année de l’étude et dix autres pendant la deuxième année, en prévision d’un besoin accru de chiens pour un déploiement commercial.
Les chiens détecteurs de la maladie du dragon jaune.(Gavin Poole/ USDA)
Au cours de l’étude, les détecteurs canins ont eu un total de 4 à 15 fausses alertes sur 950 à 1 000 arbres par chien. Parfois, ils ont alerté sur des arbres sains … mais il s’est avéré que les arbres sains se trouvaient au même endroit où un arbre inoculé avait été placé lors de précédents tests.
Comparez cela à la seule méthode approuvée par l’USDA pour confirmer la présence du CLas : un test d’analyse basé sur l’ADN qui a détecté moins de 3 % des infections à deux mois. Notez également que les tests d’ADN demandent beaucoup de travail, prennent beaucoup de temps et sont coûteux.
Toujours selon Gottwald :
Lorsque nous avons utilisé des modèles épidémiologiques, nous avons constaté que la détection canine combinée à l’enlèvement des arbres infectés permettrait à l’industrie des agrumes de rester économiquement viable sur une période de 10 ans, par rapport à l’utilisation de tests moléculaires ou d’une inspection visuelle combinée à l’enlèvement des arbres, qui n’ont pas réussi à supprimer la propagation de l’infection.
La formation est similaire à celle des chiens qui détectent les explosifs. Une fois qu’ils ont trouvé l’odeur qu’ils sont entraînés à détecter, ils s’assoient près de la source. Les chiens sont récompensés par des jeux et un jouet.
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Canine olfactory detection of a vectored phytobacterial pathogen, Liberibacter asiaticus, and integration with disease control et présentée sur le site du département de l’Agriculture des États-Unis : Trained Dogs Are the Most Efficient Way to Hunt Citrus Industry’s Biggest Threat.