Les requins-baleines présentent une extraordinaire capacité à régénérer à l’identique de profondes blessures
Certains animaux subissent de graves blessures et peuvent avoir du mal à se rétablir, tandis que d’autres, comme les tritons et les salamandres, possèdent une remarquable capacité à régénérer leurs tissus endommagés. Les requins-baleines pourraient avoir davantage de points communs avec ce dernier groupe qu’on ne le croyait auparavant, de nouvelles recherches ayant montré qu’ils sont capables de se remettre de blessures à un rythme extraordinaire, même lorsqu’il s’agit de nageoires dorsales partiellement amputées.
Image d’entête : requin-baleine avec une nageoire dorsale abimée. (Société de conservation marine des Seychelles)
Le requin-baleine est le plus gros poisson du monde, et ce titre lui vaut une grande attention de la part des touristes et des amateurs de vie marine. Les auteurs de la nouvelle étude soulignent les recherches récentes qui mettent en évidence que cette popularité croissante invite à un risque accru d’interactions avec les bateaux et les humains qui se disputent un gros plan des animaux en action, bien que l’on sache peu de choses sur les blessures que ces rencontres peuvent causer.
Pour enquêter, l’équipe de recherche de l’université de Southampton (Royaume-Uni) a analysé des photos prises par d’autres chercheurs, des opérateurs touristiques et des citoyens scientifiques de requins-baleines qui peuplent deux sites dans l’océan Indien. Comme ces animaux présentent des taches et des motifs uniques sur leur peau, les scientifiques sont en mesure de suivre les individus et de déterminer comment les différents animaux se remettent de leurs blessures et de leurs cicatrices, comme celles causées par les collisions avec les bateaux.
A partir de l’étude : exemples de blessures de type, de localisation et de gravité variable, attribuées à la fois à des sources naturelles et anthropogéniques (humaine), illustrant la gravité au sein de quatre groupes de types. (Freya Womersley et Col./ Conservation Physiology)
Selon Freya Womersley, auteure principale de l’étude :
En utilisant notre nouvelle méthode, nous avons pu déterminer que ces requins peuvent guérir de blessures très graves en quelques semaines et quelques mois. Cela signifie que nous avons maintenant une meilleure idée de la relation entre les blessures et la dynamique de guérison, ce qui peut être très important pour la gestion de la conservation.
En surveillant les animaux de cette manière, l’équipe a également découvert quelque chose de surprenant : un requin-baleine dont la nageoire dorsale a été partiellement amputée a repoussé. L’équipe pense que c’est la première fois qu’un requin présentant cette guérison a été scientifiquement documenté. Il est intéressant de noter que les chercheurs ont également trouvé des preuves que les caractéristiques uniques des requins-baleines persistent après avoir été endommagées, de nouvelles taches semblant se former sur celles qui étaient auparavant blessées.
A partir de l’étude : exemple de requin-baleine avec lacérations et sa guérison/ régénération. (Marine Conservation Society Seychelles)
A partir de l’étude : autre exemple de requin-baleine avec une lacération et sa guérison/ régénération. (Marine Conservation Society Seychelles)
Bien que les résultats de la recherche suggèrent que les requins-baleines pourraient être plus résistants aux chocs et aux blessures que nous le pensions, l’équipe note qu’il pourrait y avoir d’autres effets négatifs durables de ces incidents qui ne peuvent pas être captés par des photographies. Il pourrait s’agir de changements dans les comportements de recherche de nourriture ou d’une baisse du niveau de forme physique.
Selon Freya :
Les requins-baleines ont connu un déclin de leur population à l’échelle mondiale en raison de diverses menaces résultant de l’activité humaine. Il est donc impératif que nous minimisions les impacts humains sur les requins-baleines et que nous protégions l’espèce là où elle est la plus vulnérable, en particulier là où les interactions entre l’homme et le requin sont importantes. Il reste encore beaucoup à faire pour comprendre la guérison des requins-baleines, et des espèces de requins en général, mais notre équipe espère que des études de base comme celle-ci pourront fournir aux gestionnaires des preuves essentielles qui pourront être utilisées pour sauvegarder l’avenir des requins-baleines.
L’étude publiée dans Conservation Physiology : Wound-healing capabilities of whale sharks (Rhincodon typus) and implications for conservation management et présentée sur le site de Université de Southampton : Whale Sharks show remarkable capacity to recover from injuries.