2I/Borisov, la comète la plus intacte de l’espace observée dans le système solaire
C‘est seulement le deuxième visiteur interstellaire qu’un télescope de notre planète a pu observer (devancé par Oumuamua en 2017), et les scientifiques affirment que 2I/Borisov pourrait être la comète la plus intacte jamais identifiée.
Image d’entête : représentation de la surface de la comète 2I/Borisov. (ESO/ M. Kormesser)
Cette “vedette” de l’espace, nommée d’après son découvreur éponyme, l’astronome Gennady Borisov, a été découverte en août 2019 et elle a été décrite dans une étude publiée cette semaine (lien plus bas).
Animation de l’orbite de la comète interstellaire 2I/Borisov. (ESA/ Space Engine (spaceengine.org) /L. Calçada/ Johan B. Monell)
Ce qui est le plus frappant avec cette comète, outre la rareté absolue des comètes interstellaires dans notre système solaire, c’est qu’elle ne semble pas avoir été altérée par les ravages habituels des voyages spatiaux.
Alors que la plupart des comètes passent à proximité d’étoiles et que leurs nuages de gaz et de poussières (appelé chevelure ou la coma) sont séparés ou perturbés par le vent et les radiations solaires, 2I/Borisov semble n’avoir jamais connu un tel accrochage et a dû éviter de s’approcher d’une étoile, tant sa chevelure est vierge.
Comme pour le Gif d’entête, représentation de la surface de la comète 2I/Borisov. (ESO/ M. Kormesser)
Les chercheurs, dirigés par Stefano Bagnulo de l’Observatoire d’Armagh en Irlande du Nord (Royaume-Uni), ont utilisé l’instrument FORS2 du Very Large Telescope (VLT) de l’Observatoire européen austral (ESO) pour étudier la comète et sa coma à l’aide d’une technique appelée polarimétrie.
Cette image a été prise avec l’instrument FORS2 du Very Large Telescope de l’ESO fin 2019, lorsque la comète 2I/Borisov est passée près du Soleil. Comme cette dernière se déplaçait à une vitesse vertigineuse, environ 175 000 kilomètres par heure, les étoiles en arrière-plan apparaissaient comme des traînées de lumière lorsque le télescope suivait la trajectoire de la comète. Les couleurs de ces traînées donnent à l’image un côté disco et sont le résultat de la combinaison d’observations dans différentes bandes de longueur d’onde, mises en évidence par les différentes couleurs de cette image composite. (ESO/ O. Hainaut)
Les recherches ont montré que les propriétés de 2I/Borisov sont différentes de celles des autres comètes du système solaire, à l’exception de la comète Hale-Bopp, l’une des comètes les plus immaculées que les astronomes aient observées. On pense que Hale-Bopp n’est passée qu’une seule fois devant notre Soleil, et sa composition est donc similaire à celle du nuage de gaz et de poussière qui a formé notre système solaire il y a 4,5 milliards d’années.
L’équipe a découvert que 2I/Borisov est en fait encore plus pure que Hale-Bopp, ce qui signifie qu’elle porte les signatures de la formation de n’importe quel coin de l’Univers dont elle provient.
Selon Bagnulo :
2I/Borisov pourrait être la première comète véritablement vierge jamais observée.
Les similitudes entre 2I/Borisov et Hale-Bopp suggèrent que l’endroit d’où vient ce nouvel intrus n’est pas si différent de notre petit coin du cosmos.
Les astronomes ont du mal à y croire, ainsi pour Bin Yang, astronome à l’ESO au Chili, qui a également profité du passage de 2I/Borisov dans notre système solaire pour étudier la comète :
Imaginez la chance que nous avons eue qu’une comète provenant d’un système situé à des années-lumière de nous ait tout simplement fait un voyage à notre porte par hasard.
L’équipe de Yang a découvert que les quantités relatives de monoxyde de carbone et d’eau dans la comète ont changé lorsqu’elle s’est approchée de notre Soleil, ce qui suggère que 2I/Borisov est composée de matériaux qui se sont formés dans différentes parties de son système planétaire d’origine.
Ces observations sont particulièrement passionnantes, car elles suggèrent que la matière du foyer planétaire de 2I/Borisov s’est mélangée depuis la proximité de son étoile vers des régions plus éloignées, peut-être en raison de l’existence de planètes géantes, dont la forte gravité remue la matière dans le système. Les astronomes pensent qu’un processus similaire s’est produit au début de la vie de notre système solaire.
L’étude publiée dans Nature Astronomy : Compact pebbles and the evolution of volatiles in the interstellar comet 2I/Borisov et présentée sur le site de l’ESO : La première comète interstellaire pourrait être la plus « pure » jamais découverte.