Guerre acoustique : les lucioles pourraient utiliser une armure à ultrasons pour dissuader les chauves-souris
Lorsque nous pensons au camouflage, il s’agit généralement d’un élément visuel. Mais comment se cacher d’un prédateur qui utilise le son pour trouver sa nourriture, comme une chauve-souris ? Si vous êtes une luciole, il se trouve que vous pouvez avoir recours à une cacophonie d’ultrasons qui agit comme une « armure sonore ».
Image d’entête, tirée de l’étude. (Ksenia Krivoruchko et Col./ iScience)
Les lucioles sont célèbres pour leur éclat, qui est surtout utilisé comme signal d’accouplement. Il est facile de penser qu’en affichant sa présence de la sorte, on se fait manger plus souvent qu’on ne s’envoie en l’air, mais les scientifiques pensent que c’est en fait le contraire : les lucioles sont toxiques et peu appétissantes pour la plupart des prédateurs, et l’on pense que leur éclat est un avertissement.
Malheureusement, ce mécanisme de défense n’est pas d’une grande utilité lorsque l’un de vos prédateurs les plus prolifiques, la chauve-souris, est pratiquement aveugle. Mais dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’université de Tel-Aviv et de l’Académie vietnamienne des sciences et des technologies (VAST) ont découvert que les lucioles ont peut-être développé une armure audio intelligente à la place. Et la découverte a été faite par hasard.
Selon Yossi Yovel, chercheur principal de l’étude :
Nous nous promenions dans une forêt tropicale avec des microphones capables d’enregistrer les hautes fréquences des chauves-souris, quand soudain, nous avons détecté des sons inconnus à des fréquences similaires, provenant de lucioles.
En y regardant de plus près, l’équipe a découvert que les insectes font ce bruit en bougeant leurs ailes, et des tests de suivi en laboratoire ont révélé ce comportement chez au moins quatre espèces différentes de lucioles (image d’entête).
Résumé graphique de l’étude. (Ksenia Krivoruchko et Col./ iScience)
Il est important de noter que le bruit est émis à des fréquences ultrasoniques, ce qui signifie que les lucioles ne peuvent même pas l’entendre elles-mêmes. Cela suggère qu’elles ne l’utilisent pas pour communiquer avec les autres membres de leur espèce.
Les chauves-souris, en revanche, peuvent l’entendre, ce qui a conduit l’équipe à formuler une hypothèse valable : les ultrasons seraient une sorte d’armure sonore destinée à mettre en garde le prédateur.
Toujours selon Yovel :
L’idée de signaux d’avertissement que l’émetteur lui-même ne peut pas détecter est connue dans le monde des plantes, mais est assez rare chez les animaux. Notre découverte de la » guerre musicale » entre les lucioles et les chauves-souris pourrait ouvrir la voie à de nouvelles recherches, et peut-être à la découverte d’un nouveau mécanisme de défense développé par les animaux contre des prédateurs potentiels.
L’étude publiée dans iScience : Fireflies produce ultrasonic clicks during flight as a potential aposematic anti-bat signal et présentée sur le site de l’Université de Tel-Aviv : L’armure musicale des lucioles.