Une étude se basant sur 24 000 ans de données climatiques constate que la Terre s’est réchauffée beaucoup plus rapidement au cours des 150 dernières années
Des chercheurs de l’université de l’Arizona ont mené une étude visant à reconstituer le climat de la Terre depuis la dernière période glaciaire, qui s’est produite il y a environ 24 000 ans. Leur étude, récemment publiée (lien plus bas), s’est concentrée sur trois résultats principaux. La principale conclusion de l’étude est la vérification que les principaux facteurs du changement climatique depuis la dernière période glaciaire sont l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre et la perte de masse de glace sur les calottes glaciaires du monde entier.
Image d’entête : alors qu’une chaleur record a enveloppé le nord-ouest du Pacifique en juin 2021, d’autres parties de l’hémisphère nord ont également vu les températures du début de l’été grimper. (NASA)
L’étude suggère également qu’une tendance au réchauffement de la planète s’est produite au cours des 10 000 dernières années, ce qui est censé avoir réglé le débat entre scientifiques sur la question de savoir si les 10 000 dernières années ont été plus chaudes ou plus froides. Une autre des principales conclusions de l’étude est que l’ampleur et le rythme du réchauffement climatique au cours du dernier siècle et demi ont largement dépassé l’ampleur et le rythme des changements de température au cours des 24 000 dernières années.
Jessica Tierney, professeur associé de géosciences à l’université d’Arizona et coauteure de l’étude, explique que la reconstitution effectuée par l’équipe implique que les températures actuelles de la planète sont sans précédent par rapport aux 24 000 dernières années. En outre, Tierney estime que les données suggèrent un réchauffement climatique causé par l’humain plus rapide que tout autre phénomène au cours des 24 000 dernières années.
Dans leur étude, les chercheurs ont créé des cartes des températures mondiales en examinant les changements survenus tous les 200 ans au cours des 24 000 dernières années. Selon le chercheur Matthew Osman, les cartes créées par l’équipe sont « vraiment efficaces » et permettent d’explorer facilement les changements de température sur la Terre au cours des 24 000 ans d’évolution de la planète. Dans leurs efforts pour reconstituer les températures du passé, les chercheurs ont utilisé deux ensembles de données indépendants.
Il s’agit de données de température recueillies dans des sédiments marins et de simulations informatiques du climat du passé. Dans les sédiments marins, l’équipe a recherché des signatures chimiques fournissant des informations sur les températures passées. Par exemple, les changements de température peuvent affecter la chimie des coquilles d’animaux morts il y a des milliers d’années.
A partir de l’étude : la ligne bleue indique la température moyenne de l’air à la surface du globe depuis la dernière période glaciaire, il y a 24 000 ans, créée en assimilant les données paléoclimatiques à un modèle informatique du système climatique. Le temps est étiré sur les 1 000 dernières années afin de visualiser les changements récents. Le réchauffement commence à la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 18 000 ans, puis les températures se stabilisent. Alors que les précédentes études montraient un léger refroidissement au cours des 10 000 dernières années, la nouvelle analyse révèle une légère tendance au réchauffement. La courbe s’accentue au cours des dernières décennies avec l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. (Osman et col./ Nature)
Ces cartes montrent la température moyenne à la surface du globe à différentes périodes de l’histoire de la Terre, en remontant jusqu’à 24 000 ans. Plus la nuance de bleu est foncée, plus la température est froide par rapport à aujourd’hui. (Osman et col./ Nature)
Les scientifiques du projet admettent que ce n’est pas une méthode parfaite, mais c’est un bon point de départ. Les simulations informatiques offrent des données sur le climat du passé en utilisant les meilleures connaissances de la physique du système climatique, ce qui, là encore, n’est pas parfait. Cependant, la méthode utilisée par l’équipe s’appelle l’assimilation des données, et elle souligne que cette technique est couramment utilisée pour les prévisions météorologiques. Or, nous savons tous à quel point les prévisions météorologiques actuelles sont imprécises sur quelques jours.
Après avoir recueilli des données sur l’évolution du climat de la Terre au cours des 24 000 dernières années, l’équipe de chercheurs applique maintenant cette technique à l’examen des données de température remontant encore plus loin dans l’histoire de la planète. Leur objectif est d’appliquer la même méthodologie à l’étude des climats d’un lointain passé qui étaient plus chauds que la Terre d’aujourd’hui. La question de savoir si l’humain est à l’origine du réchauffement de la planète ou s’il s’agit simplement d’un processus que la Terre connaît depuis des dizaines de milliers d’années fait l’objet de débats. Les scientifiques du monde entier utilisent diverses techniques et données pour tenter de résoudre cette question une fois pour toutes.
Si les chercheurs pouvaient appliquer leur technique pour connaître les périodes du passé où la terre était plus chaude qu’aujourd’hui, nous pourrions peut-être mieux comprendre les causes des périodes de réchauffement et de refroidissement de la planète. Des quantités massives de temps, d’efforts et d’argent sont consacrées à l’étude et à la prévention du changement climatique dans le monde, et des données supplémentaires peuvent aider à affiner les méthodologies.
L’étude publiée dans Nature : Globally resolved surface temperatures since the Last Glacial Maximum et présentée sur le site de l’Université d’Arizona : Global Temperatures Over Last 24,000 Years Show Today’s Warming ‘Unprecedented’.