Les chiens semblent endeuillés par la mort de leur compagnon
Une enquête menée en Italie auprès de 426 propriétaires de plusieurs chiens a révélé que, lorsque l’un des chiens de la famille meurt, les autres sont plus susceptibles de présenter un net désintérêt pour le chien, comme le remarquent leurs maîtres. Bien que cela ne soit pas une nouvelle pour les amis des chiens, cette étude représente un pas en avant vers la reconnaissance d’un aspect de la prise en charge des animaux qui a été sous-estimé.
Selon l’équipe dirigée par la vétérinaire Federica Pirrone de l’université de Milan dans son étude (lien plus bas) :
Ces résultats indiquent qu’un chien peut présenter des schémas comportementaux et émotionnels liés au deuil lorsqu’un proche congénère meurt, certains aspects de ces derniers pouvant être liés à l’état émotionnel du propriétaire.
Si vous avez déjà eu un animal de compagnie, quel qu’il soit, vous pensez peut-être qu’il est évident qu’il a une vie émotionnelle riche et profonde. Cependant, l’exploration et la documentation scientifiques de ces “vies émotionnelles” ne sont que relativement récentes.
Le deuil, en particulier, est intéressant parce qu’il pourrait nous renseigner sur la cognition/ intelligence animale, même s’il s’agit d’une expérience subjective. Et, dans le cas des animaux de compagnie, cela pourrait nous aider à mieux répondre à leurs besoins émotionnels.
Des comportements de deuil ont été observés chez un certain nombre d’animaux, notamment les primates non humains, les éléphants et les cétacés (comme les dauphins). Il existe cependant très peu d’informations dans la littérature scientifique sur le deuil chez les canidés. Il n’a été observé que rarement dans la nature, et il n’existe aucune preuve documentée du deuil chez nos amis domestiqués.
Pirrone et son équipe ont donc entrepris d’en trouver. Ils ont recruté 426 humains qui vivaient avec au moins deux chiens et qui avaient connu la mort d’un de ces chiens. Ces humains ont ensuite été chargés de remplir anonymement un questionnaire validé scientifiquement sur le comportement de leurs chiens survivants après leur deuil.
Les humains ont également décrit la relation entre les chiens et leur propre réaction à la mort de leur animal. Les chercheurs ont également évalué si les souvenirs des humains concernant les réponses de leur animal étaient influencés par la diminution de leur propre souffrance pendant le deuil, afin de s’assurer autant que possible que les souvenirs du comportement n’étaient pas également affectés.
Pour la majorité des chiens, les humains ont remarqué des changements de comportement après la perte des membres de leur famille canine. 86 % des humains ont déclaré que le comportement de leur chien était devenu sensiblement plus calme ou dans le besoin.
Le comportement le plus courant, signalé par 67 % de ces humains, était une augmentation de la recherche d’attention, suivi par 57 % qui ont signalé une diminution du jeu, et 46 % qui ont signalé une diminution de toute activité de la part de leur chien survivant. 35 % des propriétaires ont signalé une augmentation du temps passé à dormir et de la peur, 32 % une diminution de l’appétit et 30 % une augmentation des gémissements ou des aboiements.
Parmi les chiens en deuil, 93 % vivaient avec leurs compagnons depuis plus d’un an, et 69 % avaient des relations amicales. Il est intéressant de noter que la durée de la cohabitation n’a eu aucune influence sur le comportement du chien survivant.
Cependant, la force de la relation entre les chiens a eu une corrélation avec le comportement des chiens survivants, tout comme les émotions de l’humain. Si les chiens avaient une relation amicale et que l’humain était également en grand deuil, le chien survivant était plus susceptible de montrer de la peur, d’être moins intéressé par l’activité et de rechercher davantage d’attention de la part de son humain.
Mais il n’est pas possible, sur la base de cette enquête, de tirer une conclusion forte et d’affirmer définitivement que les chiens pleurent la mort de leurs amis, ont déclaré les chercheurs. D’autres facteurs pourraient influencer le comportement des chiens.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Étant donné que le lien entre l’homme et le chien peut avoir un effet sur la perception qu’a un chien d’un congénère mort (un autre chien), il serait difficile d’attribuer un modèle spécifique, le cas échéant, d’exploration.
Non seulement l’anthropomorphisme peut jouer un rôle dans l’attribution d’une fonction spécifique au comportement des chiens, mais l’attention portée à un individu décédé peut également résulter d’une attention accrue de la part des propriétaires. Sans surprise, une contagion émotionnelle pourrait également être envisagée, puisque le stress semble contagieux entre chiens et propriétaires. Nos résultats pourraient suggérer que les chiens réagissent à la « perte » d’un affilié, plus qu’à sa « mort » en soi.
Quoi qu’il en soit, il semble que les chiens ressentent quelque chose. Si cela se traduit par des animaux plus heureux et en meilleure santé, des recherches plus approfondies sur la façon dont les chiens réagissent à la mort semblent tout à fait justifiées, notent les chercheurs.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Domestic dogs (Canis familiaris) grieve over the loss of a conspecific et présentée sur le site de l’université de Milan : Il cane può provare dolore per la morte di un altro cane.
Scoop : les chats aussi… Reste plus qu’à mener une étude pour confirmer ce que tous les maîtres de plusieurs chats ont pu observer. C’est toujours surprenant de constater que ces compagnons à 4 pattes nous accompagnent depuis si longtemps mais qu’il faille attendre les années 2020 pour que des scientifiques se penchent dessus. Comme quoi, la science cherche souvent midi à 14h…