Pendant ce temps-là… Le dernier rapport du groupe d’experts sur l’évolution du climat dresse un "atlas de la souffrance humaine"
L‘année dernière, les plus grands climatologues des Nations unies ont publié le premier d’un trio de rapports détaillant les dangers d’un réchauffement climatique ininterrompu, faisant allusion aux conséquences désastreuses pour l’humanité dans les décennies à venir. Le deuxième rapport vient de paraître et les perspectives ne font que s’assombrir, le chef de l’ONU, António Guterres, qualifiant de « criminelle » l’abdication du leadership sur cette question.
Ces deux premiers rapports font partie du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC/ IPCC), qui doit être achevé cette année. Le premier portait sur la science physique du changement climatique, les auteurs le décrivant comme une confrontation avec la réalité et mettant en garde contre une augmentation des catastrophes naturelles telles que les vagues de chaleur et les inondations, ainsi que d’autres effets sur l’environnement tels que le dégel accéléré du pergélisol arctique.
Le dernier rapport se concentre sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité face au changement climatique avec une augmentation de la température de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels. Ses conclusions montrent que le monde est confronté à des risques climatiques inévitables au cours des deux prochaines décennies, les populations et les écosystèmes les moins bien adaptés étant les plus durement touchés.
Selon Hoesung Lee, président du GIEC :
Ce rapport est un avertissement terrible sur les conséquences de l’inaction. Il montre que le changement climatique constitue une menace grave et croissante pour notre bien-être et une planète saine. Les mesures que nous prenons aujourd’hui détermineront la manière dont les populations s’adapteront et dont la nature réagira aux risques climatiques croissants.
L’intensification des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations est déjà plus grave que ce que les plantes et les animaux sont capables de tolérer, entraînant une mortalité généralisée chez toute une série d’espèces. Ces types d’événements météorologiques exposent déjà des millions de personnes à l’insécurité hydrique et alimentaire. Des millions de personnes en Afrique, en Asie, dans l’Arctique et en Amérique centrale et du Sud sont les plus touchées par ces effets.
Selon le rapport, la fenêtre d’action se rétrécit et la réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre est la ligne de conduite la plus évidente et la plus importante. Toutefois, le rapport souligne également que la nature peut nous aider à nous adapter au changement climatique, en insistant sur la nécessité de favoriser des écosystèmes sains afin de garantir l’approvisionnement continu en ressources vitales. Cela signifie également qu’il faut préserver les sols pour permettre à diverses plantes de pousser, par exemple, et faire entrer la nature dans les villes pour atténuer les effets des îlots de chaleur urbains.
Selon Hans-Otto Pörtner, coprésident du groupe de travail II (Working Group II du Sixth Assessment Report (AR6)) du GIEC :
Les écosystèmes sains sont plus résistants au changement climatique et fournissent des services vitaux tels que la nourriture et l’eau potable. En restaurant les écosystèmes dégradés et en conservant efficacement et équitablement 30 à 50 % des habitats terrestres, d’eau douce et océaniques de la Terre, la société peut bénéficier de la capacité de la nature à absorber et à stocker le carbone, et nous pouvons accélérer les progrès vers le développement durable, mais un financement et un soutien politique adéquats sont essentiels.
Dans les commentaires accompagnant sa présentation, M. Guterres a décrit le rapport comme un « atlas de la souffrance humaine ».
Il ajoute que :
La pollution au carbone non maîtrisée contraint les personnes les plus vulnérables du monde à suivre une marche de grenouille vers la destruction, et ce dès maintenant. Les faits sont indéniables. Cette abdication du leadership est criminelle. Les plus grands pollueurs du monde sont coupables de l’incendie criminel de notre seule demeure. Il est essentiel d’atteindre l’objectif de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius. La science nous dit que cela nécessitera que le monde réduise ses émissions de 45 % d’ici à 2030 et atteigne des émissions nettes nulles d’ici à 2050.
Le troisième rapport, qui portera sur l’atténuation du changement climatique, devrait être publié début avril 2022.
Le rapport : Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability présenté sur le site de l’Intergovernmental Panel on Climate Change (GIEC) : Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability et le communiqué de presse en français : Changement climatique: une menace pour le bien-être de l’humanité et la santé de la planète.
Sur le site des Nations Unies : IPCC adaptation report ‘a damning indictment of failed global leadership on climate’.