La disparition des espèces végétales, dont l’humain n’a pas besoin, est en cours
L‘activité humaine aide certaines plantes et en affecte d’autres et, malheureusement, elle nuit bien plus qu’elle n’aide, selon une nouvelle étude. Cela signifie que de nombreuses espèces végétales disparaissent, car les humains n’en ont pas besoin. À l’avenir, les communautés végétales seront beaucoup plus homogènes que celles d’aujourd’hui, ce qui pourrait s’avérer catastrophique pour de nombreux écosystèmes.
Image d’entête : Magnolia ekmanii originaire d’Haïti, classée dans cette étude dans la catégorie “perdantes utiles à l’homme” et en danger critique d’extinction. (Eladio Fernandez)
L’humain est peut-être les seigneurs de la biosphère, mais ils ne traitent pas tout le monde de la même manière. Certaines espèces ont été favorisées et domestiquées, tandis que d’autres ont été poussées à l’extinction. Certaines ont échappé à notre influence, tandis que d’autres ont profité de nos habitudes. Pour les chercheurs, ce constat est important, car il leur permet de classer les plans en deux groupes, en fonction de la façon dont l’activité humaine les affecte : les gagnantes et les perdantes.
John Kress et Gary Krupnick, du Musée national d’histoire naturelle du Smithsonian, ont utilisé des bases de données environnementales, des descriptions ethnobotaniques et des évaluations de conservation pour étudier et mesurer l’impact de l’humain sur la diversité botanique actuelle. Au total, ils ont pu classer 86 592 espèces de plantes vasculaires.
Ils ont classé les espèces végétales en sept catégories de “gagnantes » et de “perdantes” dans leur relation avec les humains : Gagnantes utiles (pour l’humain), perdantes utiles, gagnantes non utiles, gagnantes provisoires (espèces qui devraient bénéficier d’une augmentation de l’activité humaine), perdantes non utiles, perdantes potentielles, neutres et éteintes, en évaluant les informations sur les utilisations économiques, le statut de conservation et la tolérance environnementale des plantes vasculaires sélectionnées.
A partir de l’étude : les plantes gagnantes et perdantes dans l’Anthropocène. (a,b) Gagnantes utiles à l’homme. (a) Ginkgo biloba. (b) Prunus serotina. (c,d) Les perdantes utiles à l’homme. (c) Magnolia ekmanii. (d) Ceratozamia kuesteriana. (e,f) Gagnants non utiles à l’homme. (e) Halophila stipulacea. (f) Merremia tuberosa. (g,h) Perdantes non utiles à l’homme. (g) Araucaria muelleri. (h) Sidalcea stipularis. (i.j) Gagnantes provisoires. (i) Cirsium canescens. (j) Asclepias oenotheroides. (k,l) Les perdantes potentielles. (k) Grusonia pulchella. (l) Cleisostoma porrigens. (m,n) Actuellement neutres, ni gagnantes ni perdantes. (m) Cytisus oromediterraneus. (n) Carex bullata. (o,p) Éteinte. (o) Cyanea comata. (p) Eryngium sarcophyllum. (W. John Kress et Gary A. Krupnick/ Plants People Planet)
L’étude montre que les perdantes sont actuellement plus nombreuses que les gagnantes, dans une proportion de près de 3 contre 1, et qu’elles continueront sur cette voie si l’impact humain sur la planète maintient son rythme actuel. Les chercheurs ont classé plus de 20 000 espèces de plantes comme perdantes, la plupart d’entre elles n’étant pas utiles à l’humain. En revanche, ils ont trouvé près de 7 000 espèces gagnantes, toutes sauf 164 ayant une utilité pour l’humain.
Pour rechercher des schémas d’évolution parmi les gagnantes et les perdantes, les chercheurs ont également cartographié l’emplacement des espèces. Il s’est avéré que les gagnantes et les perdantes étaient uniformément réparties dans les différents groupes de plantes. L’exception venait des petites lignées, qui étaient plus enclines à pencher en faveur des gagnantes ou des perdantes. Parmi les lignées les plus menacées, on trouve les Cycadophytes (Cycadales) et la famille des cyprès.
PourGary Krupnick :
Aujourd’hui et à l’avenir, les plantes doivent s’adapter à l’environnement créé par les humains, sinon elles disparaîtront. Nos résultats suggèrent que cela signifie que les communautés végétales du futur seront plus homogénéisées que celles d’aujourd’hui.
Cela aura bien sûr de graves conséquences pour les écosystèmes du monde entier ainsi que pour l’humanité. Une diversité végétale plus limitée peut entraîner une perte de diversité animale, rendant les écosystèmes moins résilients face au changement, ont indiqué les chercheurs. Par exemple, l’humanité aura moins d’options pour reboiser la planète et trouver de nouveaux médicaments et aliments.
Que peut-on donc faire ? Nous ne devons pas ignorer les succès obtenus en matière de préservation des espèces, de protection des zones et de restauration des habitats. Les chercheurs suggèrent d’accroître les mesures visant à augmenter l’utilisation d’espèces plus rares sans épuiser les populations locales. Des initiatives ont déjà été prises, comme les techniques mises au point pour préserver la diversité génétique des orchidées indigènes. Mais il y a encore beaucoup à faire, et de prendre conscience du problème est la première étape.
L’étude publiée dans la revue Plants People Planet : Lords of the biosphere: Plant winners and losers in the Anthropocene et présentée sur le site de la Smithsonian Institution : Smithsonian Study Finds More ‘Losers’ Than ‘Winners’ Among Plants in the Age of Humans.
Dont l’humain croit ne pas avoir besoin… Nuance…