Des scientifiques proposent une méthode pour détecter les ondes gravitationnelles laissées par de très gros vaisseaux spatiaux extraterrestres
Les ondes gravitationnelles pourraient permettre de déterminer s’il existe une vie extraterrestre intelligente dans la Voie lactée.
(Image d’entête par Purbosky/ DeviantArt)
Selon une nouvelle étude rédigée par un groupe international de scientifiques et d’ingénieurs nommé Applied Physics, les détecteurs terrestres tels que l’Observatoire d’ondes gravitationnelles par interférométrie laser (LIGO/ États-Unis) devraient, en théorie, être capables de détecter les ondes gravitationnelles générées par les technologies extraterrestres.
Selon les chercheurs, cela permettrait d’étendre la recherche d’intelligence extraterrestre au-delà des voisins les plus proches de la Terre, à toutes les étoiles de la galaxie.
La question de savoir si la Terre est la seule dans l’Univers à abriter une vie intelligente (ou même une vie tout court) est l’une des plus grandes questions ouvertes qui tourmentent l’humanité. Mais notre capacité à rechercher une technologie reconnaissable est limitée à quelques dizaines de milliers d’étoiles. Le type d’ondes électromagnétiques que nous utilisons pour communiquer s’affaiblit, ou s’atténue, au fur et à mesure qu’il se propage, ce qui rend pratiquement impossible de faire le tri dans le bruit au-delà de quelques centaines d’années-lumière.
Mais les signaux d’ondes gravitationnelles sont différents. Ils ne s’atténuent pas de la même manière que les signaux électromagnétiques et peuvent être détectés sur de plus grandes distances. Donc, s’il existait une civilisation extraterrestre intelligente disposant d’une technologie capable de générer de puissantes ondes gravitationnelles, nous pourrions peut-être la détecter.
Les ondes gravitationnelles sont à peu près le seul outil dont nous disposons pour sonder le cosmos qui ne repose pas sur la lumière. Elles sont générées par des événements cosmiques. Ici sur Terre, les ondes gravitationnelles que nous avons détectées ont été produites par des collisions entre des objets compacts massifs, des trous noirs et des étoiles à neutrons. Lorsque ces corps stellaires fusionnent, l’inspiration et la collision provoquent des ondulations dans le tissu même de l’espace-temps, un peu comme une pierre tombée dans un étang génère de minuscules vagues, mais dans toutes les directions et à la vitesse de la lumière.
En fait, tout objet de masse qui accélère produit des ondes gravitationnelles. Mais les ondes gravitationnelles produites par un objet aussi puissant qu’une grosse fusée seraient encore trop petites pour nos capacités de détection actuelles. Donc, si une civilisation extraterrestre disposait d’une technologie capable de produire des ondes gravitationnelles que nous pourrions détecter, il faudrait qu’elle soit sacrément puissante.
Sous la direction du physicien Luke Sellers de l’université de Californie à Los Angeles, les chercheurs ont entrepris de calculer la taille et la vitesse d’un vaisseau spatial extraterrestre qui serait détectable par LIGO, ce qu’ils ont appelé un vaisseau spatial à accélération rapide et/ou massive (RAMAcraft pour Rapid And/or Massive Accelerating spacecraf).
Ils ont déterminé que LIGO est capable de détecter un vaisseau RAMA de la masse de Jupiter (soit 317,8 masses terrestres, ce qui exclut la possibilité d’en fabriquer un dans un avenir proche), doté d’un moteur à distorsion capable d’accélérer à 10 % de la vitesse de la lumière. Si un tel vaisseau spatial se trouvait dans un rayon de 100 kiloparsecs, soit 326 000 années-lumière de la Terre, nous pourrions le détecter.
Le disque de la Voie lactée ayant un diamètre d’environ 260 000 années-lumière, cela couvrirait aisément les étoiles de notre galaxie.
Selon le physicien Gianni Martire, PDG d’Applied Physics :
Notre étude des moteurs à distorsion a ouvert la voie à la détection des ondes gravitationnelles. Cette nouvelle méthode n’est pas limitée à la gamme traditionnelle des signaux électromagnétiques. Ainsi, nous avons déjà la capacité de sonder les 1011 étoiles de la Voie lactée à la recherche de moteurs à distorsion, et bientôt, la capacité de sonder des milliers d’autres galaxies.
Les détecteurs d’ondes gravitationnelles proposés pour un développement futur, tels que l’observatoire d’ondes gravitationnelles DECi-hertz Interferometer et Big Bang Observer, devraient être 100 fois plus sensibles que LIGO et pourraient donc élargir le volume de recherche par 106, selon les chercheurs.
Il s’agit là d’hypothèses importantes. Mais maintenant que les bases ont été posées, l’équipe espère généraliser ses méthodes pour rechercher des objets plus petits, plus proches de chez elle. Ces recherches transformeraient les ondes gravitationnelles en unités RAMADAR pour RAMAcraft Detection And Ranging.
Selon les chercheurs dans leur étude :
La détection des ondes gravitationnelles est une science sophistiquée, bien qu’elle en soit encore à ses débuts. Au fur et à mesure que la méthodologie se développe, la sensibilité des détecteurs pourrait devenir telle que la détection de ces objets soit un événement courant. Dans cet esprit, il serait intéressant de mener à bien une recherche à part entière de ces objets… Nous invitons la communauté scientifique à se joindre à nous.
Cette étude, qui doit encore faire l’objet d’un examen par les pairs, sera soumise à la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society. Elle peut actuellement être consultée sur le serveur de prépublication arXiv : Searching for Intelligent Life in Gravitational Wave Signals Part I: Present Capabilities and Future Horizons et présentée sur le site du groupe Applied Physics : Searching for Intelligent Life.