Pour la première fois, des scientifiques trouvent un pied de mammifère à l’intérieur d’un dinosaure…
La découverte d’un fossile de dinosaure a donné lieu à une trouvaille rare : le dernier repas qu’il a pris. Sur les centaines de squelettes de dinosaures carnivores, seuls 20 cas ont conservé leur dernier repas, cela fait donc 21 avec cette nouvelle découverte, avec une petite différence.
Des paléontologues se sont à nouveau penchés sur une espèce de petit dinosaure à quatre ailes et ils ont trouvé un pied de mammifère fossilisé dans l’estomac du prédateur.
Image d’entête : reconstitution vivante d’un Microraptor mangeant un petit mammifère. (Hans Larsson)
Selon les chercheurs, il s’agit de la première preuve concrète que les dinosaures mangeaient des mammifères. Des spécimens du dinosaure Microraptor zhaoinus ont été découverts contenant d’anciens oiseaux, poissons et lézards. La découverte d’un mammifère n’est donc que la dernière source connue de protéines pour ce chasseur plein d’entrain. L’équipe qui a réexaminé le fossile du Microraptor a publié ses conclusions cette semaine (lien plus bas).
Le Microraptor arboricole vivait au début du Crétacé, et des spécimens ont été trouvés à travers ce qui est maintenant le nord-est de la Chine. Cette région riche en fossiles s’appelle le biote de Jehol, et ses trésors bien conservés constituent une excellente ressource pour comprendre les nuances de l’anatomie des dinosaures, ainsi que des détails sur les niches écologiques de différents animaux.
On pense que le Microraptor vivait dans les arbres, planant dans les forêts du Crétacé à la recherche de nourriture sur les branches et au sol. Le spécimen récemment étudié est l’holotype, ce qui signifie qu’il a été le premier de son espèce à être trouvé et nommé.
A partir de l’étude : l’holotype du Microraptor zhaoianus, spécimen entier. (David W. E. Hone et col./ Journal of Vertebrate Paleontology)
Il n’a été réexaminé que récemment, après sa découverte en 2000. La nouvelle analyse a révélé la présence d’un pied de mammifère, une découverte apparemment sans précédent.
Les chercheurs n’ont pas pu identifier l’espèce de mammifère en question, mais la préservation du pied au sein du Microraptor leur a permis de comprendre sa niche écologique et, évidemment, ses prédateurs.
Le pied du mammifère (au centre) dans le fossile du Microraptor. (Hans Larsson/ David W. E. Hone et col./ Journal of Vertebrate Paleontology)
Les contenus des intestins sont d’étonnants instantanés du régime alimentaire des animaux fossilisés, mais ils sont si rares qu’il peut être difficile de déterminer si le « dernier repas » préservé représente le régime alimentaire normal de l’animal ou un événement bizarre et unique qui a eu la chance d’être fossilisé. Les chercheurs démontrent ici et de manière convaincante que ce petit théropode n’était pas un mangeur particulièrement difficile, mangeant toutes sortes de petits animaux dans son environnement.
Le pied de mammifère n’appartenait apparemment pas à un lointain ancêtre de l’humain. L’équipe a déclaré qu’il présentait des similitudes avec les morphologies du Sinodelphys, du Yanoconodon et de l’Eomaia, toutes d’anciennes espèces de mammifères primitifs qui ressemblaient grossièrement à des opossums ou des rongeurs.
Le pied appartenait à un animal de la taille d’une souris. L’analyse de l’équipe révèle que la créature n’aurait pas été un bon grimpeur, ce qui indique que le Microraptor pouvait occasionnellement descendre en piqué sur le sol de la forêt pour se nourrir.
Selon Hans Larsson, paléontologue à l’université McGill et auteur principal de l’étude :
Le pied semble complètement intact, et a donc été avalé entier. On ne sait pas quelle quantité du mammifère a été avalée. Cependant, il y avait plusieurs autres os non identifiés autour du pied dans la cage thoracique, donc je soupçonne qu’une plus grande partie de ce mammifère a été consommée.
Les chercheurs n’ont pas pu déterminer si l’animal avait été chassé et tué ou si le dinosaure à plumes avait récupéré son corps.
Compte tenu de la chance que les paléontologues ont eue jusqu’à présent avec le biote de Jehol, ce n’est peut-être qu’une question de temps avant qu’un autre spécimen chargé d’un repas ne donne de nouvelles informations sur la scène alimentaire du Crétacé.
L’étude publiée dans le Journal of Vertebrate Paleontology : Generalist diet of Microraptor zhaoianus included mammals et présentée sur le site de la Queen Mary University of London : British scientist describes rare discovery of a dinosaur eating a mammal.