Des scientifiques découvrent des éléments constitutifs de la vie dans une météorite qui s’est écrasée dans la cour d’une famille anglaise
Lorsqu’une météorite s’est écrasée dans la cour d’une famille en Angleterre il y a quelques années, des scientifiques se sont empressés de la récupérer le plus rapidement possible. Baptisée météorite de Winchcombe, elle a déjà fait l’objet d’au moins une étude qui a révélé qu’elle contenait de l’eau semblable à celle de la Terre. Mais la dernière étude, publiée la semaine dernière (lien plus bas), a donné lieu à une autre découverte fascinante : de la matière organique à l’intérieur de la météorite, comprenant certains des éléments constitutifs de la vie.
Image d’entête : des fragments de la météorite ont été exposés au Musée d’histoire naturelle de Londres le 17 mai 2021. (Trustees of the Natural History Museum)
L’entrée de la météorite de Winchcombe le dimanche 28 février 2021. (Ben Stanley/ AllSky7)
Images de la météorite de Winchcombe récupérée par la famille Wilcock le 1er mars 2021. (Ashley J. King et col./ Science Advances)
Selon Queenie Chan, maître de conférences en sciences de la Terre au Royal Holloway (Université de Londres) qui a dirigé les recherches :
L’étude de l’inventaire organique de la météorite de Winchcombe nous a fourni une fenêtre sur le passé, sur la façon dont une chimie simple a donné le coup d’envoi de l’origine de la vie à la naissance de notre système solaire.
Mme Chan et ses collègues pensent que la météorite de Winchcombe pourrait appartenir à une toute nouvelle catégorie de météorites. Bien que la roche spatiale soit une chondrite carbonée, déjà considérée comme rare, sa matière organique extraterrestre la distingue. Les fragments de Winchcombe ayant été collectés très rapidement après leur chute sur Terre, il n’y avait pratiquement aucune chance de contamination terrestre. Par conséquent, la matière organique trouvée à l’intérieur de la météorite est censée être telle qu’elle était lorsque l’astéroïde dont elle provient se déplaçait dans l’espace.
La chercheuse Queenie Chan tient un échantillon de la météorite de Winchcombe. (Royal Holloway, Université de Londres)
Une autre caractéristique de la météorite de Winchcombe en fait une capsule temporelle : la présence d’eau liquide d’un lointain passé. Parmi la matière organique que les scientifiques ont découverte, il y avait de la matière organique qui peut être dissoute, et qui l’a probablement été, dans l’eau.
Certaines parties de la météorite se sont révélées plus altérées chimiquement par l’eau que d’autres. Les scientifiques pensent que l’eau provenant de l’astéroïde parent de la roche spatiale a déclenché des réactions chimiques qui ont créé les acides aminés de la météorite, dont certains sont rares sur Terre. Ces mêmes types d’acides aminés ont fini par former des protéines, à partir desquelles des formes de vie primitives ont émergé il y a des milliards d’années.
Fragment de la météorite de Winchcombe. (Imperial College London)
Ce qui rend la météorite de Winchcombe encore plus époustouflante, selon les chercheurs, c’est que sa structure aurait dû la rendre trop fragile pour atteindre la surface.
Selon Chan et ses collègues dans leur étude :
La météorite de Winchcombe représente un échantillon inhabituel qui ne survivrait généralement pas à une entrée dans l’atmosphère.
Ce qui, exactement, était nécessaire pour donner le coup d’envoi de la vie sur Terre reste un mystère. Cependant, les éléments organiques, en particulier les acides aminés, trouvés dans des météorites comme celle de Winchcombe, rapprochent les scientifiques de l’origine des êtres vivants.
L’étude publiée dans la revue Meteoritics & Planetary Science : The amino acid and polycyclic aromatic hydrocarbon compositions of the promptly recovered CM2 Winchcombe carbonaceous chondrite et présentée sur le site du Royal Holloway de l’Université de Londres : Building blocks of life found in meteorite which crashed landed in Gloucestershire.