Dé-Extinction : une entreprise de biotechnologie voudrait (aussi) redonner vie au Dodo
Non content de vouloir ressusciter le mammouth laineux et le thylacine, Colossal Biosciences, une entreprise de biotechnologie et de génie génétique américaine, vient d’annoncer l’arrivée d’un troisième animal sur sa liste de “dé-extinction” : le dodo. Cette annonce intervient à la suite d’une nouvelle levée de fonds substantielle, et la société a également fait le point sur les progrès scientifiques réalisés jusqu’à présent.
Le dodo a été découvert pour la première fois en 1598 par des explorateurs néerlandais sur l’île Maurice, alors inhabitée, et s’est éteint moins d’un siècle plus tard. La combinaison mortelle de la chasse humaine et de l’introduction d’animaux comme les chiens et les chats, associée à l’absence de peur et de fuite du dodo, en a fait l’un des premiers et des plus clairs exemples d’extinction provoquée par l’humain.
Représentation du Dodo, dates de sa disparition et comparaison de taille. (Colossal Biosciences)
En tant que symbole de l’obsolescence, le dodo est un choix évident pour les nobles objectifs de Colossal en matière de dé-extinction, même si l’on peut penser qu’il pourrait attirer l’attention du public et des investisseurs. Et comme de juste, la société vient d’annoncer qu’elle a reçu 150 millions de dollars de financement, ce qui porte le total des fonds levés à 225 millions de dollars (environ 185 millions d’euros) depuis sa création en 2021.
De manière moins cynique, le dodo est également une cible intéressante, car il devrait faire pour les oiseaux ce que le mammouth fait pour les mammifères et le thylacine pour les marsupiaux. Ce nouveau financement sera utilisé pour lancer le nouveau groupe de génomique aviaire de Colossal, qui ne se concentrera pas seulement sur la désextinction du dodo, mais appliquera les leçons apprises et les technologies développées pour aider les efforts de conservation des oiseaux menacés.
Selon Beth Shapiro, paléogénéticienne principale du projet :
Le dodo est l’exemple parfait d’une espèce qui s’est éteinte parce que nous, les humains, avons rendu impossible sa survie dans son habitat naturel. Ayant consacré toute ma carrière aux avancées génétiques dans le domaine de l’ADN ancien et ayant été la première à séquencer entièrement le génome du dodo, je suis ravie de collaborer avec Colossal et les habitants de l’île Maurice à la désextinction et au réensauvagement éventuel du dodo. Je suis particulièrement impatient de faire progresser les outils de sauvetage génétique axés sur les oiseaux et la conservation aviaire.
Colossal a également fourni des mises à jour sur le suivi de ses équipes pour le mammouth et le thylacine. L’équipe chargée des mammouths, qui regroupe plus de 40 scientifiques et trois laboratoires, a séquencé les génomes de référence des éléphants d’Afrique et d’Asie, et a dérivé des cellules souches pluripotentes de ces deux espèces. Elle a affiné la liste des gènes spécifiques aux mammouths qui seront les cibles de l’édition, et a mis au point des techniques permettant de générer plus de 20 éditions de ces gènes. Enfin, ils ont construit un nouveau laboratoire d’embryologie qui peut être utilisé pour les espèces menacées.
Pendant ce temps, les 30 scientifiques de l’équipe du thylacine ont dérivé des cellules souches pluripotentes de dunnarts (Souris marsupiales), le plus proche parent vivant du marsupial disparu, et ont développé des pipelines pour modifier les premières lignées cellulaires de dunnarts. Plus impressionnant encore, l’équipe a prototypé un utérus artificiel conçu pour porter des petits marsupiaux à terme.
Il reste à savoir si nous reverrons un jour des dodos, des mammouths ou des thylacines fouler le sol de la Terre, mais c’est une idée intrigante qui semble gagner du terrain.
Annoncée sur le site de la société Colossal : Dodo Bird.