La population mondiale pourrait atteindre son maximum plus tôt et plus bas
Selon une nouvelle modélisation, la population mondiale pourrait culminer à 8,6 milliards d’habitants au milieu de ce siècle.
Ce chiffre contraste fortement avec les projections des Nations unies, qui prévoient un chiffre de population similaire pour la fin de cette décennie et un pic de 10,4 milliards d’ici à 2100.
Graphique d’entête, à partir du rapport (lien plus bas) : comparaison de cinq scénarios démographiques à l’horizon 2100 (Nations unies, Wittgenstein, Lancet, Earth4All – Too Little Too Late, Earth4All – Giant Leap). (Callegari B., St : Callegari B., Stoknes P.E., People and Planet : 21st century sustainable population scenarios and possible living standards within planetary boundaries.)
La planète compte actuellement plus de huit milliards d’habitants, ce chiffre ayant été dépassé à la fin de l’année 2022.
Cette nouvelle prévision a été publiée (lien plus bas) par la Fondation des défis mondiaux à Stockholm, et les estimations reposent sur l’hypothèse d’un développement rapide dans les principales régions du monde qui mettent en œuvre des politiques économiques efficaces, y compris des investissements fructueux dans la santé et l’éducation.
Le modèle, baptisé Earth4All, envisage deux scénarios économiques : l’un, fondé sur les scénarios de croissance économique actuels, dans lequel les nations les plus pauvres du monde sortent de l’extrême pauvreté, aboutit à un pic de population de 8,8 milliards d’habitants d’ici à 2050, pour redescendre à 7,3 milliards d’ici à la fin du siècle.
Le second, qui suppose des investissements massifs dans la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire et énergétique et l’égalité des sexes, prévoit un pic de 8,5 milliards d’habitants d’ici à 2040 et une réduction à 6 milliards d’ici à la fin du siècle.
Si la modélisation suppose une mise en œuvre réussie des politiques, le développement économique et l’amélioration de la qualité de vie au niveau national tendent à entraîner une augmentation des taux d’éducation et de l’accès aux soins de santé chez les femmes et les jeunes filles. Cela fait baisser les taux de fécondité.
Si les auteurs notent que les résultats économiques entraînent une baisse de la population, ils assortissent leur recherche d’une « importante mise en garde » soulignant l’importance d’un « investissement ciblé ».
Selon les chercheurs :
Les gouvernements des pays à faible revenu doivent s’engager pleinement à poursuivre un développement économique fondé sur d’importants investissements dans l’éducation, plutôt qu’une croissance économique motivée uniquement par l’extraction de ressources naturelles.
La modélisation Earth4All montre que les deux tiers des limites de la durabilité planétaire, notamment le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, l’appauvrissement de la couche d’ozone, la pollution de l’air et les changements d’affectation des sols, ont déjà été franchis.
Les limites planétaires sont les limites à l’intérieur desquelles les humains peuvent vivre en toute sécurité.
Mais l’augmentation de la population n’est pas le principal moteur de ces excès, selon les auteurs, qui estiment plutôt que l’utilisation des ressources par les 10 % les plus riches de la planète est la principale pression exercée sur les limites planétaires.
Parmi les propositions qu’ils formulent en vue d’un « bond en avant » dans le développement économique et d’une réduction de la population, figurent des changements dans les domaines de la pauvreté, des inégalités, de l’égalité entre les sexes et des systèmes alimentaires et énergétiques.
Ces changements à grande échelle comprennent des initiatives en faveur de la parité hommes-femmes dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’emploi, ainsi qu’une série de mesures de réduction de la pauvreté, telles qu’un fonds pour l’emploi vert doté de mille milliards de dollars pour les pays à faible revenu, et l’annulation de la dette. Il faut également investir des milliards de dollars dans l’électrification des systèmes énergétiques et l’impôt sur la fortune.
Selon Jorgen Randers, l’un des modélisateurs de Earth4All :
Le principal problème de l’humanité est la consommation de carbone et de biosphère de luxe, et non la population.
Les endroits où la population augmente le plus rapidement ont des empreintes environnementales par personne extrêmement faibles par rapport aux endroits où la population a atteint son maximum il y a plusieurs décennies.
La modélisation Earth4All (PDF) : People and Planet – 21st-century sustainable population scenarios and possible living standards within planetary boundaries et présentée sur le site dédié à la modélisation Earth4All : The population boon.