Le froid semble avoir un effet bénéfique sur la longévité
Des températures plus basses ne réchauffent peut-être pas votre cœur, mais elles pourraient vous permettre de vivre plus longtemps.
De précédentes recherches ont proposé quelques hypothèses pour expliquer ce phénomène intriguant. Récemment, des scientifiques de l’université de Cologne, en Allemagne, ont utilisé des expériences sur des vers pour identifier une autre raison possible : le froid stimule un processus par lequel les protéines endommagées sont éliminées des cellules.
Plusieurs maladies neurodégénératives qui peuvent s’installer avec l’âge, notamment les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, sont liées à l’accumulation de mauvaises protéines (agrégation des protéines). La découverte de l’influence de la température sur ce processus constitue donc une avancée significative dans la recherche de moyens permettant de ralentir, voire d’arrêter, cette détérioration.
S’il est peu probable que le fait de rester assis dans le froid soit une option thérapeutique de sitôt, comprendre le fonctionnement des processus que le froid enclenche pourrait aider à les reproduire par le biais de traitements ciblés.
Selon les chercheurs dans leur étude (lien plus bas) :
Les températures extrêmement basses sont néfastes, mais une baisse modérée de la température corporelle peut avoir des effets bénéfiques pour l’organisme. Bien que les effets des basses températures sur la longévité aient été signalés il y a plus d’un siècle, on sait peu de choses sur l’influence du froid sur la durée de vie et la santé.
Les chercheurs ont effectué des tests sur le nématode Caenorhabditis elegans et sur des cellules humaines cultivées en laboratoire. Ils ont constaté que des températures plus froides permettaient d’éliminer les amas de protéines qui s’accumulent dans les modèles animaux et cellulaires de la sclérose latérale amyotrophique et de la maladie de Huntington.
Nématode Caenorhabditis elegans. (Kbradnam/ Wikimedia)
Cette élimination se fait par l’intermédiaire de structures appelées protéasomes, qui décomposent les déchets protéiques, et en particulier la version nématode de l’activateur du protéasome PA28γ/PSME3 que l’on trouve chez les humains. Il a suffi d’une baisse modérée de la température pour que l’activateur fonctionne et nettoie l’accumulation de protéines potentiellement dangereuses.
A partir de l’étude : neurones humains analysés, montrant les neurones (vert), les cellules mourantes (rouge) et les noyaux cellulaires (bleu). (David Vilchez et Hyun Ju Lee/ Université de Cologne)
L’équipe a également découvert qu’un peu d’ingéniosité génétique permettait d’accélérer l’activité du protéasome et d’obtenir le même résultat sans refroidissement. Cela ouvre la voie à des traitements qui permettraient à ces activateurs du protéasome de continuer à fonctionner quelle que soit la température du corps.
Selon le biologiste David Vilchez, de l’université de Cologne :
L’ensemble de ces résultats montre qu’au cours de l’évolution, le froid a conservé son influence sur la régulation du protéasome, ce qui a des implications thérapeutiques pour le vieillissement et les maladies associées.
C’est une découverte passionnante : vous ne le pensez peut-être pas, mais le C. elegans a beaucoup en commun avec les humains, notamment dans l’agrégation des protéines (le ver est souvent utilisé dans la recherche parce que nous partageons d’importantes similitudes génétiques).
Il reste encore beaucoup à découvrir sur la relation entre le froid et le vieillissement. Par exemple, la température interne moyenne du corps humain n’a cessé de diminuer au cours des décennies, ce qui pourrait avoir influencé l’augmentation de l’espérance de vie.
En examinant de plus près et plus en détail ce qui sous-tend cette relation, les chercheurs espèrent que l’activateur du protéasome PA28γ/PSME3 pourrait être un moyen de vieillir en meilleure santé.
Toujours selon Vilchez :
Nous pensons que ces résultats peuvent être appliqués à d’autres maladies neurodégénératives liées à l’âge ainsi qu’à d’autres espèces animales.
L’étude publiée dans la revue Nature Aging : Cold temperature extends longevity and prevents disease-related protein aggregation through PA28γ-induced proteasomes et présentée sur le site de l’Université de Cologne : Cold is beneficial for healthy aging.