Cet étrange astéroïde bleu cache une autre surprise de taille
Cet étrange astéroïde a longtemps intrigué les scientifiques en raison de son comportement qui ne ressemble en rien à celui d’un astéroïde, et il vient de révéler une nouvelle et curieuse caractéristique.
En 2009, la sonde STEREO (Solar Terrestrial Relations Observatory) de la NASA a constaté que l’astéroïde (3200) Phaéton présentait un comportement particulier en orbite : il s’illuminait et se dotait d’une longue queue alors qu’il atteignait son point le plus proche du Soleil dans son orbite de 524 jours.
Image d’entête : l’échauffement de l’astéroïde par le Soleil entraîne la libération de gaz sodique à sa surface, ce qui produit une queue semblable à celle d’une comète. (NASA/ JPL-Caltech/ IPAC)
Il s’agissait déjà d’un phénomène étrange, puisque les comètes ont une queue, en raison de leur composition de glace, et non les astéroïdes de roche et de métal. On a longtemps pensé qu’il s’agissait de poussières expulsées de la surface de l’astéroïde.
À présent, des scientifiques ont découvert qu’il n’y a pas de poussière visible. Il s’agit en fait d’une impressionnante queue composée de gaz sodique.
Selon l’auteur principal, Qicheng Zhang, doctorant à l’Institut de technologie de Californie (Caltech) :
Notre analyse montre que l’activité cométaire de Phaéton ne peut s’expliquer par la présence d’une quelconque poussière. Les comètes brillent souvent grâce à l’émission de sodium lorsqu’elles sont très proches du Soleil, et nous avons donc supposé que le sodium pouvait également jouer un rôle clé dans la luminosité de Phaéton.
Une précédente étude avait conclu que le sodium était à l’origine du » scintillement » à la surface de l’astéroïde. Lorsqu’il est proche du Soleil, Phaéton, qui mesure près de 6,3 km de diamètre, a une température de surface d’environ 750 °C, ce qui vaporise certaines substances.
La découverte a été faite grâce à deux observatoires solaires de la NASA. La sonde SOHO (Solar and Heliospheric Observatory) a été utilisée pour observer l’astéroïde à travers deux filtres permettant d’identifier respectivement le sodium et la poussière. Les chercheurs ont ensuite consulté les archives des images de STEREO et de SOHO et ils ont découvert que la queue de Phaethon était apparue lors de 18 approches solaires entre 1997 et 2022.
Cette séquence de deux heures d’images de l’Observatoire solaire et héliosphérique (SOHO) montre Phaethon ( entouré) en mouvement. Les taches blanches aléatoires sont des particules énergétiques, ou rayons cosmiques, qui bombardent constamment la caméra de SOHO. (ESA/ NASA/ USNRL/ Karl Battams)
Les filtres de SOHO ont confirmé les soupçons : la queue de l’astéroïde était évidente et brillante lorsque l’on utilisait la lentille détectant le sodium, et les scientifiques ont pu voir comment elle changeait de forme et d’intensité au fur et à mesure qu’elle se déplaçait le long de sa trajectoire. Aucune trace de poussière n’a été observée avec l’autre filtre.
Selon Karl Battams, du Naval Research Laboratory, membre de l’équipe :
Non seulement nous avons obtenu un résultat très intéressant qui bouleverse en quelque sorte 14 années de réflexion sur un objet bien connu, mais nous avons également obtenu ce résultat en utilisant les données de deux engins spatiaux héliophysiques, SOHO et STEREO, qui n’étaient pas du tout destinés à étudier ce genre de phénomène.
Cette découverte ajoute au mystère de Phaéton, qui orbite plus près du Soleil que tout autre astéroïde connu, qui est l’un des rares à apparaître en bleu à sa surface et qui est à l’origine de la pluie de météores annuelle des Géminides. Les comètes sont généralement à l’origine des pluies de météores.
En 2017, Phaéton, identifié en 1983 et nommé d’après le fils du dieu Soleil Hélios dans la mythologie grecque, a frôlé la Terre, mais il se trouvait encore à 10,3 millions de kilomètres de notre planète. Il ne repassera pas par là avant 2093.
L’étude publiée dans The Planetary Science Journal : Sodium Brightening of (3200) Phaethon near Perihelion et prése,tée sur le site de la NASA : Asteroid’s Comet-Like Tail Is Not Made of Dust, Solar Observatories Reveal.