Des scientifiques trouvent des traces des plus anciens glaciers sous des gisements d’or d’Afrique du Sud
Selon une nouvelle étude, les plus anciens glaciers du monde remontent à 2,9 milliards d’années et se trouvaient dans ce qui est aujourd’hui des gisements d’or en Afrique du Sud. Les scientifiques ont trouvé des traces de glaciers qui suggèrent que la région était plus proche des pôles ou que certaines parties de la planète étaient gelées pendant une période de froid inconnue jusqu’à présent.
Image d’entête : moraines latérales (amas de débris rocheux, érodé et transporté) d’un glacier en retrait de l’Engadine, dans les alpes Suisses. (Audriusa/ Wikimedia)
Les scientifiques pensent que le climat de la Terre à ses débuts a probablement connu d’importantes variations, mais il est difficile de trouver des preuves des conditions exactes qui régnaient sur la Terre primitive. Des chercheurs de l’université de Johannesburg (Afrique du Sud) et de l’université de l’Oregon (Etats-Unis) ont trouvé la preuve de l’existence de glaciers grâce aux concentrations d’isotopes d’oxygène dans les anciennes roches.
Au fil du temps, les roches subissent une multitude de transformations géologiques. Heureusement, le supergroupe de Pongola, les couches de roches étudiées par les chercheurs, est resté largement intact depuis qu’il a été déposé lors de l’inondation d’une mer intérieure. C’est l’une des rares régions à être restée largement intacte et inchangée depuis les débuts de la Terre.
Selon Ilya Bindeman, l’un des auteurs de l’étude :
Nous avons trouvé des dépôts glaciaires extrêmement bien préservés à proximité des champs aurifères d’Afrique du Sud. Ces dépôts sont des moraines glaciaires fossilisées, c’est-à-dire les débris laissés par un glacier lorsqu’il fond et se contracte progressivement. Ce sont les plus anciens dépôts de moraines jamais découverts.
Les chercheurs ont examiné les niveaux d’isotopes de l’oxygène piégés dans les roches et ils ont réussi à identifier la signature géochimique spécifique indiquant un climat glacial. En outre, ils ont trouvé dans ces couches la plus ancienne moraine connue, qui représente l’accumulation caractéristique de débris laissés par la fonte d’un glacier.
Il existe différents types de moraines qui se forment lorsqu’un glacier se fraye un chemin à travers un paysage : les moraines latérales, qui se forment sur le côté du glacier ; les moraines supraglaciaires, qui se forment au sommet du glacier ; les moraines médianes, qui se forment au milieu du glacier ; et les moraines terminales, qui se forment à l’extrémité du glacier. (Tim Gunther)
Toujours selon Bindeman :
Nous avons examiné les quantités relatives de trois isotopes de l’oxygène, 16O, 17O et 18O. Ces isotopes sont tous des types d’oxygène, mais ils ont des poids très légèrement différents. Nous avons constaté que ces roches présentaient des quantités très faibles de 18O et très élevées de 17O, ce qui indique qu’elles se sont formées à des températures glaciales. Cela signifie qu’il y a de la glace.
Les chercheurs ont suggéré quelques explications possibles. Ils pensent que la zone aurait pu être proche des pôles et faire partie d’une calotte glaciaire avant de se déplacer vers son emplacement actuel. Mais il y a aussi une autre possibilité. Les glaciers pourraient être la première preuve solide d’une ère glaciaire disparue. Pour Axel Hofmann, auteur de l’étude, l’une ou l’autre de ces possibilités est scientifiquement intéressante.
La glaciation huronienne, qui a débuté il y a 2,45 milliards d’années, est considérée comme la plus ancienne période glaciaire connue sur Terre. La glaciation a duré 200 millions d’années et comportait plusieurs périodes de glaciation qui ont duré plus de 10 millions d’années. Des glaciers et de la glace recouvraient une partie des terres et des océans presque jusqu’à l’équateur.
Quelques caractéristiques, comme la température et la couverture glaciaire sur Terre, durant la glaciation huronienne. (EnsiklopediaXylon/ Wikimedia)
La nouvelle étude pourrait signifier que les premiers glaciers de la Terre se sont formés un demi-milliard d’années avant le début de l’Huronien. À l’époque, la Terre avait environ 1,6 milliard d’années et abritait déjà des formes de vie microbienne, dont certains des premiers organismes multicellulaires. Cependant, il a fallu plus d’un milliard d’années pour que des formes de vie plus complexes se développent.
L’étude publiée dans la revue Geochemical Perspectives : Earth’s first glaciation at 2.9 Ga revealed by triple oxygen isotopes.