L’impact contrasté des vagues de chaleur marine sur les principaux prédateurs de l’océan
Selon une nouvelle étude, les vagues de chaleur marine pourraient réduire à néant les habitats de certains grands prédateurs océaniques, tandis que d’autres prédateurs marins pourraient voir leur aire de répartition s’agrandir.
Image d’entête : faisant partie des prédateurs marins étudiés ici, Thon rouge du Nord (Thunnus thynnus) au large des côtes espagnoles. (WWF)
Des chercheurs de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis ont modélisé l’impact de quatre vagues de chaleur marines récentes dans le Pacifique Nord-Est sur les prédateurs de haut niveau. Les 14 espèces sur lesquelles porte l’étude sont les requins, les baleines, les phoques, les oiseaux de mer, les thons et les tortues.
Ces résultats devraient permettre de mieux comprendre les diverses réactions des prédateurs marins aux vagues de chaleur et de mettre au point des outils permettant de prédire leur répartition en temps quasi réel, afin de contribuer à leur protection.
Les vagues de chaleur océanique sont des phénomènes de réchauffement extrême de courte durée. Elles peuvent avoir des répercussions importantes sur les écosystèmes et sur les humains, comme l’augmentation de l’humidité dans l’atmosphère, qui entraîne des phénomènes météorologiques inhabituels tels que les tempêtes tropicales.
L’ampleur des vagues de chaleur marine au cours des 30 derniers jours, du 7 aout au 5 septembre 2023. (NOAA)
La semaine dernière, des océanographes ont prédit qu’une partie de la mer de Tasmanie, au large des côtes australiennes, devrait connaître des températures « hors normes » d’au moins 2,5 °C au-dessus de la moyenne lors d’une vague de chaleur marine prévue entre septembre et février. Cet événement devrait avoir des conséquences néfastes sur les forêts de laminaires géantes de Tasmanie, qui sont un écosystème marin essentiel dans la région.
Si des études antérieures ont examiné les effets sur le long terme du changement climatique sur les espèces marines, on en sait moins sur l’impact des événements intenses à court terme tels que les vagues de chaleur marine sur les créatures vivant dans les océans.
Les auteurs de cette nouvelle étude ont examiné les vagues de chaleur de 2014, 2015, 2019 et 2020 qui ont touché certaines parties de l’océan Pacifique Nord-Est. Les réactions varient d’une espèce à l’autre, mais elles sont prévisibles.
A partir de l’étude : A. Anomalie moyenne de la température de surface de la mer en août-octobre (les mois au cours desquels les anomalies de température les plus élevées ont été observées dans l’ensemble du Pacifique), calculée par rapport à une base de référence 2000-2020 pour chacun des quatre événements de la SSM étudiés, avec un contour de 1,5 °C en noir. B. Densités de kernel des espèces en quête de nourriture et en transit dans le Pacifique Nord-Est, regroupées en fonction de l’emplacement des données de suivi des animaux (2000-2010). (H. Welch et col./ Nature Communications)
Certaines espèces ont subi une perte quasi-totale de leur habitat. C’est notamment le cas du thon rouge et du requin bleu, dont l’habitat a été réduit en 2015. D’autres, en revanche, ont vu leur habitat gagner du terrain. Les otaries de Californie et les éléphants de mer ont vu leur habitat presque doubler en 2019.
Selon les chercheurs :
La variabilité des réponses prévues entre les espèces et les vagues de chaleur laisse présager la nécessité de trouver de nouvelles solutions de gestion capables de répondre rapidement aux événements climatiques extrêmes.
L’étude publiée dans Nature Communications : Impacts of marine heatwaves on top predator distributions are variable but predictable.