Dans notre galaxie, une mystérieuse "vague" galactique aurait déjà balayé la Terre
Ces dernières années, des astronomes ont fait une remarquable découverte dans notre Voie lactée : une énorme chaîne de nuages de gaz en forme de vague, connue aujourd’hui sous le nom de « vague de Radcliffe » (Radcliffe wave). Cette découverte, nommée en l’honneur de l’institut Radcliffe de Harvard où elle a été initialement identifiée, représente l’une des découvertes les plus importantes dans notre voisinage galactique. Aujourd’hui, de nouvelles recherches ont montré que la vague de Radcliffe n’est pas seulement une structure statique, mais qu’elle oscille dans l’espace. Ce mouvement a été décrit en détail dans une étude publiée cette semaine.
GIF d’entête : illustration de la vague de Radcliffe et son mouvement oscillatoire lorsqu’elle se déplace dans la galaxie. La courbe bleu clair montre la forme générale de l’onde qui se déplace, tandis que les lignes magentas et vertes montrent les écarts minimums et maximums de la vague au-dessus et au-dessous du plan galactique. (Département d’astronomie de Harvard)
Selon Ralf Konietzka, auteur principal de cette étude et étudiant en doctorat à la Faculté des Arts et des Sciences de Harvard (Harvard Kenneth C. Griffin Graduate School of Arts and Sciences) :
En utilisant le mouvement des étoiles nées dans les nuages gazeux le long de la vague de Radcliffe, nous pouvons suivre le mouvement de leur gaz d’origine pour montrer que la vague de Radcliffe est réellement en train d’osciller.
L’équipe composée de chercheurs de plusieurs universités a utilisé les données de la mission Gaia de l’Agence spatiale européenne, combinées à une technique de « cartographie 3D de la poussière » mise au point par Doug Finkbeiner, professeur à Harvard. Cette approche innovante leur a permis de cartographier les positions en 3D des pouponnières stellaires près du Soleil, révélant la vague de Radcliffe avec un niveau de détail sans précédent.
La vague de Radcliffe est la plus grande structure cohérente connue dans la Voie lactée. Elle se trouve à 500 années-lumière du Soleil en son point le plus proche et s’étend sur plus de 9 000 années-lumière. Malgré sa proximité et sa taille, elle est restée cachée jusqu’à l’élaboration de modèles 3D à haute résolution de la distribution des nuages gazeux près du soleil. Sa découverte a remis en question les connaissances sur notre voisinage galactique, en démontrant l’existence de structures massives et cohérentes dont les astronomes ignoraient jusqu’à présent l’existence.
Une analyse plus poussée de 2022 utilisant des données Gaia actualisées a permis aux chercheurs d’attribuer des mouvements en 3D aux jeunes amas d’étoiles au sein de la vague de Radcliffe. Cette analyse a confirmé que l’ensemble de la structure se déplace comme une « vague itinérante », les amas d’étoiles oscillant de haut en bas dans un schéma ondulatoire qui traverse notre petite partie de la galaxie.
La découverte et l’analyse ultérieure du mouvement de la vague de Radcliffe ont ouvert de nouvelles voies de recherche. Les astronomes explorent actuellement diverses théories concernant sa formation et son comportement, allant de l’impact des explosions de supernovae aux interactions avec des galaxies naines satellites. L’étude a également révélé que son mouvement ne nécessite pas de quantités importantes de matière noire pour être expliqué, ce qui suggère que la gravité de la matière ordinaire est suffisante pour entraîner son oscillation.
Selon Konietzka :
Les théories expliquant l’existence de cette onde vont de l’explosion d’étoiles massives, appelées supernovae, à des perturbations extérieures à la galaxie, comme une galaxie satellite naine entrant en collision avec notre Voie lactée.
Cette découverte permet aux astronomes de mieux comprendre la structure et la dynamique de la Voie lactée. Cependant, elle soulève également des questions sur la prévalence et le comportement de vagues similaires dans d’autres galaxies. La vague de Radcliffe pourrait représenter l’épine dorsale du bras spiral le plus proche de la Voie lactée, ce qui implique que les bras spiraux des galaxies peuvent osciller, ce qui les rend plus dynamiques qu’on ne le pensait jusqu’à présent.
L’étude publiée dans Nature : The Radcliffe Wave is Oscillating et présentée sur le site de l’Université Harvard : ‘Radcliffe Wave’ is waving.