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Parasitisme : bonne nouvelle pour les scientifiques, le cauchemar intérieur du criquet survit à la surgélation

6 Nov 2013 | 3 commentaires

Criquet3

Le Guru pensait qu’il avait déjà évoqué le cas du nématomorphe, dans l’un de ses nombreux articles consacrés aux parasites. Et bien non ! Pourtant il est très étudié et pour preuve on vient encore de lui trouver une capacité de résistance au froid.

C’est un ver filiforme qui peut se trouver à l’intérieur du corps de son hôte. Il grandit tellement, qu’il prend pratiquement tout l’espace de la pauvre créature qu’il squatte, en attendant le bon moment pour émerger brutalement. Mais ce n’est pas la chose la plus effrayante que nous apprend une nouvelle étude, il peut aussi survivre à un gel intense, jusqu’à -70 °C, et une fois dégelé, continué à infecter ses hôtes préférés. Heureusement pour nous, il s’en prend aux insectes et aux crustacés.

Le nématomorphe adulte est aquatique, mais dans de nombreuses espèces (du phylum nematomorpha), ils se développent à l’intérieur d’insectes terrestres. Pour s’assurer qu’il ne s’assèche pas, quand il s’échappe des entrailles de sa victime, il utilise son premier pouvoir, celui de la manipulation. Lorsque le temps est venu pour le vers de faire son coming-out, il est capable d’altérer le cerveau de son hôte (généralement un cricket) pour le persuader à chercher de l’eau pour qu’il y plonge. Alors que l’insecte se noie, le ver adulte s’en échappe pour se reproduire.

Quelques exemples de nématomorphes s’extrayant de leur hôte et des explications les concernant par Frederic Thomas, chercheur au CNRS-IRD :

Mais le nématomorphe a un cycle de vie complexe et le cricket n’est pas le seul hôte qu’il infecte tout au long de sa vie. Avant qu’il ne soit dans un cricket, ce parasite commence sa vie en tant qu’œuf qui éclot dans une larve aquatique, qui doit ensuite infecter un invertébré aquatique, un escargot ou une larve de moustique, pour atteindre la prochaine étape de son développement sous forme de kyste. Il doit ensuite être mangé par son hôte final, le cricket, dans lequel il finit sa transformation en un long ver mince, de nombreuses fois plus long que la taille de son hôte.

Comme décrit ci-dessus, le cycle de vie du nématomorphe typique :
cycle-nématomorphe

Tout ce périple entrepris par le parasite, pour passer d’un hôte à l’autre, peut prendre une année entière, il s’agit de saisir la bonne occasion. Pour les nématomorphes qui vivent dans les régions tempérées du monde, le parasite est confronté à un dilemme : il y a de grandes chances que l’hiver arrive et que tout gèle, avant qu’il n’ait été en mesure de finir dans un grillon et de se développer en un ver adulte.

Mais le nématomorphe, Paragordius varius, n’est pas du tout gêné par la neige, la glace et le gel, il s’en moque et attend. En fait, une récente étude montre qu’il peut tolérer d’être congelé à -30 °C, voire -70 °C pendant plusieurs semaines. Quand il dégèle, il est encore tout à fait capable d’infecter l’hôte suivant.

Ce vers n’est pas le seul parasite qui peut survivre au gel, il y a aussi des nématodes et des larves de trématode qui infectent la grenouille des bois (Rana sylvatica). Pendant l’hiver, la grenouille se transforme véritablement en un bloc de glace et ses organes sont protégés des méfaits du gel par des produits chimiques comme le glucose et l’urée. Peut-être que les parasites de cette grenouille supportent le froid de la même façon.

Une autre espèce de nématode, Trichinella Nativa, qui infecte les muscles de mammifères arctiques, comme les renards et les ours polaires, peut également survivre à une congélation à -18 °C pendant quatre ans et toujours rester viable. Alors que la T. Nativa infecte les mammifères qui maintiennent une chaude et constante température corporelle, il doit être mangé par un prédateur ou, plus probablement, un charognard pour compléter son cycle de vie. Il doit donc rester en vie alors qu’il est pris au piège dans un cadavre congelé, en attendant d’être libéré par un hôte potentiel.

Un exemple de ver nématode se développant à l’intérieur d’une fourmi aux puissantes mâchoires :

Heureusement, de tels exploits de tolérance au froid sont rares. La surgélation à une température de -35 °C ou moins, pendant une période prolongée, est recommandée comme un moyen efficace de se débarrasser de l’Anisakis simplex, un nématode parasite appelé aussi ver du phoque et qui se trouve parfois dans le poisson. L’homme peut en être infecté lorsqu’il consomme du poisson cru ou insuffisamment cuit. Même s’il préférait infecter les mammifères marins, il peut encore causer de très vilains maux d’estomac ou même une réaction anaphylactique.

Bien que la tolérance du nématomorphe à la surgélation permet de compléter son cycle de vie, indépendamment des changements de saison, c’est aussi une aubaine pour les scientifiques qui les étudient. Au lieu de les élevés en laboratoire, ce qui nécessiterait la présence de leur victime pour maintenir leur cycle de vie avec toute la logistique qui s’y rattache, il n’y a qu’à les congelés, pour les sortir au moment opportun. Avec le P. Varius , les scientifiques n’ont qu’à l’entreposer au congélateur pour le remettre en vie au moment où les hôtes appropriés (ou financement) sont disponibles pour continuer à travailler avec eux.

L’étude publiée sur The Journa of Parasitology et lisible dans son intégralité (PDF) sur le site du Pr Matthew Bolek (Université de l’état d’Oklahoma) : Survival of larval and cyst stages of gordiids (nematomorpha) after exposure to freezing.

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