Mars fut sujette aux mégas tsunamis
Cet article comporte de très récentes images de Mars, notamment celle en entête (clic pour agrandir) obtenue par Hubble et qui sera présentée dans la seconde partie de ce billet.
Lorsqu’on parle de météo sur Mars, on pense plutôt à ça :
Une mosaïque d’images (clic pour agrandir) de la surface de Mars, obtenues par l’astromobile Opportunity, le 1 avril, et présentant une tornade de poussière le long du bord du cratère Endeavour. (NASA/JPL/Cornell/Ken Kremer/kenkremer.com/Marco Di Lorenzo)
…les tempêtes de sable sont plus susceptibles de nous venir à l’esprit que des tsunamis. Mais des chercheurs viennent de comprendre que la surface de Mars a probablement été frappée non pas une fois, mais deux fois, par des astéroïdes qui ont déclenché des vagues gigantesques dans les mers qui existaient vraisemblablement dans les “premiers jours” de la planète rouge.
Il a été précédemment estimé qu’une zone de Mars dans l’hémisphère supérieur, dans les plaines martiennes du nord, était autrefois couverte d’un grand océan. Mais, selon les chercheurs, il n’y a jamais eu de preuves suffisantes d’un ancien rivage.
Sur l’ancien et vaste océan martien qui s’est évaporé dans l’espace
En utilisant des techniques de cartographie, comprenant de l’imagerie thermique, ils pensent avoir trouvé des preuves qui montrent que la planète rouge a subi deux énormes tsunamis qui ont eu lieu avec des millions d’années d’intervalle, probablement causés par des impacts d’astéroïdes.
Selon Alberto Fairén, du Centre d’astrobiologie à Madrid et intervenant à l’université Cornelle :
Il y a environ 3,4 milliards d’années, un gros impact de météorite a déclenché la première vague de tsunami. Elle était composée d’eau liquide. Elle a formé des canaux à plusieurs voies pour ramener l’eau vers l’océan.
Au moment où le deuxième astéroïde a touché Mars, la planète a subi un important refroidissement de son atmosphère et son eau s’est largement transformée en glace. Au moment de l’impact, celui-ci a formé des lobes arrondis de glace qui ne sont jamais retournés dans l’océan. Cela implique qu’elle était au moins partiellement gelé à l’époque, selon l’auteur principal Alexis Rodriguez de l’Institut des sciences planétaires :
Notre document fournit une preuve très solide de l’existence d’océans très froids au début de Mars. Il est difficile d’imaginer les plages californiennes sur l’ancienne Mars, mais essayez d’imaginer les Grands Lacs lors d’un hiver particulièrement froid et long, et qui pourrait être une image plus précise de l’eau formant des mers et des océans sur l’ancienne Mars.
A gauche: un modèle numérique d’élévation de la zone d’étude montrant les deux niveaux de rivage proposés d’un océan sur Mars qui existait il y a environ 3,4 milliards d’années. À droite: les zones couvertes par les tsunamis documentés s’étendant à partir de ces rivages. (Alexis Rodriguez)
Les cratères laissés par les impacts d’astéroïdes; mesurent environ 30 km de diamètre et, selon les chercheurs, auraient pu entrainer des vagues mesurant environ 50 mètres de haut.
Alberto Fairén ajoute que le site où les lobes de glace se trouvaient autrefois pourrait être le bon endroit pour chercher des signes de vie passée sur Mars.
Les eaux froides et salées peuvent offrir un refuge pour la vie dans des environnements extrêmes, comme les sels pourraient aider à garder l’eau liquide. Si la vie a existé sur Mars, ces lobes du tsunami de glace sont de très bons candidats pour la recherche de biosignatures.
L’étude publiée dans Nature : Tsunami waves extensively resurfaced the shorelines of an early Martian ocean.
Le portrait de Mars par Hubble (image d’entête)
Mars est presque à son approche la plus proche de la Terre pour cette décennie et le télescope spatial Hubble a saisi l’occasion pour observer la planète rouge. Faisant ressortir des détails de seulement 30 km de travers sur la surface de Mars, l’image met en évidence certains changements saisonniers notables, comme la glace à la surface et de grands regroupements de nuages.
Version annotée (NASA, ESA, the Hubble Heritage Team)
On notera, en particulier, une réduction rapide de la calotte polaire de la planète dans son hémisphère nord, en raison de l’été martien. Elle devrait se reformer l’hiver prochain.
Sur le site de la NASA : New Hubble Portrait of Mars.