Le premier mammifère à disparaitre sous l’action du changement climatique
Dites adieu aux melomys de Bramble Cay (Melomys rubicola), un petit rongeur qui ressemble à un rat et qui a vécu sur une petite île près de la côte nord de l’Australie. C’est la première fois qu’un mammifère est déclaré éteint et la cause a été attribuée au changement climatique induit par l’homme (anthropique).
Dans une étude réalisée par des chercheurs du département de la protection de l’environnement du Queensland et de l’université du Queensland (Australie), la “cause” de l’extinction du melomys est dû à l’élévation du niveau de la mer. Mais le vrai coupable ici, est le réchauffement climatique anthropique.
Melomys rubicola (Gouvernement du Queensland)
Ces créatures vivaient sur l’île de Bramble Cay, qui mesure à peine 340 m de long sur 150 m de large. Cette île du détroit de Torres se trouve à seulement 3 m au-dessus du niveau de la mer à son plus haut point, ce qui la rend particulièrement vulnérable aux phénomènes météorologiques violents et à la montée des eaux.Selon les scientifiques, l’île fut inondée à plusieurs reprises, tuant les melomys Bramble Cay et détruisant leur habitat. Les oiseaux sur l’île ont également été touchés.
Les petits rongeurs n’avaient pas été vus depuis 2009, ce qui a incité l’enquête. Pendant les deux dernières années, les biologistes ont recherché des traces du rongeur. Des pièges et des caméras ont été placés tout autour de l’île et ils en ont fouillé tous les coins et recoins.
Biologiste recherchant des traces du Bramble Cay melomys (Natalie Waller/ Queensland Government)
Aucune trace de l’animal n’a été trouvée, ce qui a fait passé le statut des melomys de “en danger” à “éteint”.
Dans leurs constatations écrites (lien plus bas), Ian Gynther, Natalie Walker et Luke Leung ne mâchent pas leurs mots quant à la cause.
Pour les îles basses comme Bramble Cay, les effets destructeurs des niveaux d’eau résultant de phénomènes météorologiques sévères sont aggravés par les effets anthropiques de la hausse du niveau de la mer entrainée par les changements climatiques.
Cela représente probablement le premier cas de l’extinction de mammifères en raison du changement climatique d’origine anthropique.
D’autres mammifères ont été poussés à l’extinction par des conditions météorologiques extrêmes, mais les chercheurs précisent que c’est la première fois que cela arrive en raison uniquement (ou principalement) du changement climatique anthropique.
Sur une période de 10 ans, les melomys ont perdu 97 % de leur habitat, avec une végétation en déclin de 2,2 hectares en 2004, à seulement 0,065 hectare en 2014. Globalement, le niveau moyen des mers a augmenté de près de 20 cm, mais les niveaux autour du détroit de Torres ont augmenté deux fois plus.
(Ian Gynther)
Rien ne pourra être fait pour réintroduire cette espèce, comme le souligne le gouvernement du Queensland et selon les experts, ce n’est que le début. Nous sommes maintenant dans les premiers stades d’une extinction de masse. Une récente étude a ainsi révélé qu’un sixième des espèces de la planète sont menacés d’extinction en raison du changement climatique.
Le prochain mammifère à subir le même sort devrait être le phalanger lémurien blanc. En 2005, cette créature fragile, qui est endémique à une seule chaîne de montagne australienne, fut presque anéantie par une vague de chaleur. Comme ces phénomènes météorologiques violents augmentent et que les habitats écologiques continuent de diminuer, nous pouvons nous attendre à pire.
L’étude/ rapport sur le site du gouvernement du Queensland (PDF) : Confirmation of the extinction of the Bramble Cay melomys.