Les mâles des Cacatoès noirs sont les rois de la jungle (musique)
Les Cacatoès noirs mâles (Probosciger aterrimus) dans le nord de l’Australie réhabilitent des bâtons et des gousses de graines pour en faire des outils que ces animaux utilisent pour taper contre les arbres afin d’impressionner visuellement et auditivement les femelles.
Ces battements ne sont pas aléatoires, mais vraiment rythmés. Ce comportement a d’abord été décrit en 1984 et des chercheurs de l’Université nationale australienne viennent d’en faire la première étude détaillée. Mis à part les humains, les oiseaux sont les seuls animaux connus pour fabriquer des baguettes et à jouer de la grosse caisse… avec du rythme.
Comme pour l’image d’entête, un cacatoès noir mâle tapant en rythme sur un arbre creux avec une « baguette » fabriquée. (R. Heinsohn et col./ Christina Zdenek/ Science Advances)
Selon Robert Heinsohn, un biologiste de l’évolution à l’Université nationale australienne à Canberra :
Les cacatoès noirs semblent avoir leur propre notion internalisée d’un rythme régulier, et c’est devenu une partie importante de la parade des mâles pour les femelles.
Cette sérénade façon jungle est agrémentée des mouvements du joli costume à plumes du soliste qui déploie sa crête et gonfle ses joues rouges tout en émettant diverses vocalisations. Le mâle doit tout donner à ce moment-là car les femelles ne s’accouplent que tous les deux ans. Il doit la convaincre de mettre ses œufs dans son nid situé dans le creux d’un arbre.
Vidéos tirées de l’étude : Un cacatoès noir mâle tapant en rythme sur une souche d’arbre creuse à l’aide, dans la première vidéo, d’un pilon formé à partir d’une branche d’arbre et dans la deuxième, à l’aide d’une gousse de graines. (R. Heinsohn et col./ Science Advances)
Heinsohn et ses collègues ont filmé plus de 131 séquences de ces représentations de 18 cacatoès mâles dans les forêts tropicales de la péninsule de Cape York dans le nord de l’Australie. Chacun avait son propre style de percussion, mais les battements étaient uniformément espacés, ce qui signifie qu’ils constituaient un rythme plutôt qu’un bruit aléatoire.
Des bonobos aux lions de mer, d’autres espèces ont montré une propension à apprendre et à reconnaître les rythmes. Les chimpanzés tambourinent avec leurs mains et leurs pieds, utilisant parfois des arbres et des pierres, mais leur battement manque de régularité.
Pour Heinsohn, les analogues les plus proches des cacatoès tambourineurs sont les humains, bien que ces derniers génèrent généralement des rythmes en groupe plutôt qu’en tant que solistes. Pourtant, la similitude suggère l’attrait universel pour le rythme qui peut sous-tendre les origines de la musique.
Les chercheurs aimeraient également savoir s’il y a des différences culturelles dans ce comportement entre les cacatoès de nouvelle Guinée et ceux d’Australie, à suivre…
L’étude publiée dans Science Advances : Tool-assisted rhythmic drumming in palm cockatoos shares key elements of human instrumental music.