Ce drone pourrait explorer le mystérieux océan de la lune de Saturne, Titan
Alors que les drones réalisent une multitude de tâches sur Terre, ce n’était qu’une question de temps pour qu’on pense à les envoyer sur d’autres mondes. Une équipe du Johns Hopkins Applied Physics Laboratory a développé un concept de mission appelé Dragonfly (libellule). Le programme propose un double quadrirotor alimenté par radio-isotopie (nucléaire) qui pourrait se lancer dans de multiples missions sur la plus grande lune de Saturne, Titan.
Le Dragonfly est l’un des 12 projets évalués actuellement pour un développement ultérieur afin de devenir la quatrième mission lancée dans le cadre du programme New Frontiers. Ce programme de la NASA, qui a débuté en 2002-2003, encourage les scientifiques à proposer des missions, dont la NASA finance alors leur développement.
La première mission validée par New Frontiers fut celle de New Horizons, qui a réussi son objectif principal : atteindre Pluton en 2015. Juno, la mission d’exploration de Jupiter, fut le deuxième projet, et le troisième s’appelait OSIRIS-REx, destiné à étudier un astéroïde en 2018 et à en renvoyer un échantillon vers la Terre d’ici 2023.
L’année dernière, la NASA a ouvert un concours pour la quatrième mission du New Frontiers. Plusieurs catégories furent proposées, y compris l’obtention d’un échantillon d’une comète et l’étude de la surface de Vénus.
L’équipe du Laboratoire de physique appliquée Johns Hopkins s’est concentrée sur la vaste catégorie de mission qui proposait une étude des lunes de Saturne, Encelade et Titan. La faible gravité et l’atmosphère dense, mais calme de Titan en font une cible parfaite pour une mission d’exploration aérienne.
Titan par la sonde Cassini. (NASA)
Selon Elizabeth Turtle, responsable de la recherche pour la mission Dragonfly :
C’est le genre d’expérience que nous ne pouvons pas faire en laboratoire en raison des échelles de temps impliquées. Le mélange de molécules riches et organiques et d’eau liquide à la surface de Titan pourrait avoir persisté sur de très longues échelles de temps. Dragonfly est conçu pour étudier les résultats des expériences de Titan dans la chimie prébiotique.
L’atmosphère épurée de Titan ne permet pas d’utiliser l’énergie solaire comme source d’énergie, de sorte que le Dragonfly emploiera un générateur thermo-électrique à radio-isotopie multi-mission (Multi-Mission Radioisotope Thermoelectric Generator (MMRTG)) semblable à celui de l’astromobile Curiosity sur Mars. Cela permettra au quadrirotor de réaliser des vols d’une heure pendant la journée, puis de se recharger pendant la nuit.
La mobilité aérienne du Dragonfly augmenterait énormément la variété des échantillons et des mesures qui pourraient être recueillies. Selon une estimation, dans un seul vol d’une heure, l’appareil pourrait parcourir entre 10 et 20 kilomètres. Cela signifie que pendant une mission de deux ans, l’appareil pourrait explorer une largeur significative de la surface de Titan.
Comme pour l’image d’entête, représentation artistique du Dragonfly (APL/Mike Carroll)
Avec l’accélération récente de la technologie des drones et des quadrirotor ici sur Terre, la NASA a commencé à s’intéresser à l’intégration de ces appareils dans des projets hors de ce monde. Le Langley Research Center a dévoilé la conception de prototype plus tôt cette année pour un drone qui pourrait explorer de vastes distances sur Mars, tandis qu’un autre, appelé Titan Aerial Daughtercraft, a été proposé pour une mission de Titan.
Représentation d’un prototype de drone sur Mars par le Langley Research Center.
Représentation du prototype Titan Aerial Daughtercraft.
Fin de 2017, la NASA annoncera d’autres investissements dans des études conceptuelles pour une ou plusieurs des propositions soumises, et la mission finale sera validée d’ici le milieu de 2019 avec un lancement prévu pour 2025.
Sur le site du Johns Hopkins Applied Physics Laboratory : Johns Hopkins APL’s ‘Dragonfly’ Dual-Quadcopter Aims to Explore Titan, Saturn’s Largest Moon.