Les composants de cette pierre extraterrestre ne se trouvent nulle part dans notre système solaire
Une pierre de l’espace, trouvée en Égypte en 2013, continue de dérouter les scientifiques alors qu’une analyse détaillée de ses composants a révélé qu’elle ne ressemblait à aucune autre roche extraterrestre trouvée jusqu’ici.
Image d’entête : les fragments de la pierre d’Hypatie. (Mario di Martino/ INAF Osservatorio Astrofysico di Torino)
La pierre d’Hypatie, du nom d’une mathématicienne égyptienne du 3e siècle, a été découverte il y a quelques années. En 2013, les chercheurs ont annoncé qu’elle ne provenait pas de la terre et en 2015, d’autres équipes utilisant des analyses des gaz nobles et des sondes nucléaires ont confirmé qu’elle ne faisait pas partie d’une météorite ou d’une comète.
Cela, bien sûr, laissa la question de son origine en suspens. Les recherches réalisées par une équipe de l’université de Johannesburg, en Afrique du Sud, ont permis une analyse approfondie des composants du caillou et le mystère, loin d’être résolu, n’a fait que grandir et c’est maintenant officiel : la pierre d’Hypatie est très étrange.
Pour mener leur analyse, l’équipe, dirigée par Jan Kramers, a d’abord séparé les composants intrinsèques de la pierre, des morceaux terrestres qui s’étaient accumulés dans et autour d’elle.
La première chose que Kramer et ses collègues ont confirmée c’est qu’elle n’avait rien à voir avec la composition de la plupart des météorites. Comme la Terre elle-même, les météorites contiennent généralement une petite quantité de carbone et une grande quantité de silicium, alors qu’Hypatie, selon Kramers :
…a une quantité massive de carbone et une quantité anormalement faible de silicium.
C’est étrange, mais ce n’est pas la chose la plus étrange que les chercheurs ont trouvée.
Toujours selon Kramer :
Encore plus inhabituelle, la matrice contient une grande quantité de composés carbonés très spécifiques, appelés hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), un composant majeur de la poussière interstellaire, qui existait avant même la formation de notre système solaire.
La poussière interstellaire est également présente dans les comètes et les météorites qui n’ont pas été chauffées pendant une période prolongée de leur histoire.
…ce qui suggère que la pierre est extrêmement vieille. Son âge reste encore à déterminer, mais d’autres découvertes faites par l’équipe de Kramer génèrent encore plus d’intérêt.
La plupart des composés d’HAP se sont transformés en minuscules diamants, ce qui suggère aux chercheurs qu’ils auraient été produit avec la force de l’impact d’une roche beaucoup plus grande, dont Hypatie serait originaire et qui se serait écrasée sur Terre.
D’autres éléments, protégés à l’intérieur de la roche, n’ont pas été modifiés et sont tout aussi confondants.
Hypatie contient de l’aluminium sous forme de micropépites pures, ce qui n’a jamais été observé auparavant dans les roches de la Terre ou de l’espace.
Selon le coauteur de l’étude, Georgy Belyanin :
Nous avons également trouvé du phosphure d’iode et des grains de carbure de silicium, encore une fois sous des formes très inattendues.
Les grains sont les premiers documentés à être trouvés in situ sans avoir d’abord dissous la roche environnante avec de l’acide. Il y a aussi des grains composés principalement de nickel et de phosphore, avec très peu de fer; une composition minérale jamais observée auparavant sur Terre ou dans les météorites.
Les scientifiques estiment que ces composants révèlent que des parties de la pierre d’Hypatie ont été formées avant que le soleil, et encore moins les planètes, se soit formé.
Bref, le mystère d’Hypatie demeure…
L’étude publiée dans Geochimica et Cosmochimica Acta : Petrography of the carbonaceous, diamond-bearing stone “Hypatia” from southwest Egypt: A contribution to the debate on its origin.