Il y a 3,5 milliards d’années, la lune aurait pu accueillir la vie
Deux chercheurs de l’université d’Etat de Washington et de l’université technique de Berlin affirment que la Lune de la Terre aurait pu être habitable environ un milliard d’années après sa formation, lorsque des bassins d’eau liquide auraient pu exister à la surface de la Lune. Aujourd’hui, bien sûr, la Lune n’a pas d’atmosphère et pas d’eau liquide. Elle est inhabitable et très certainement sans vie. Mais il y a 3,5 milliards d’années, un milliard d’années après sa formation donc, l’environnement lunaire était très différent.
Image d’entête : la Lune telle que photographiée par la sonde Galileo le 7 décembre 1992, alors qu’elle se dirigeait vers Jupiter. (NASA/ JPL/ USGS)
Pendant cette période de dégazage extrême du magma lunaire, on estime que la Lune a eu une pression atmosphérique de 10 millibars, soit 1 % de l’atmosphère actuelle de la Terre. C’est plus épais que l’atmosphère actuelle de Mars et assez important pour que de l’eau liquide s’accumule à la surface de la Lune, peut-être pendant des millions d’années.
Ajoutez à cela les récentes découvertes selon lesquelles les roches lunaires sont plus riches en eau qu’on ne le pensait auparavant, et les chercheurs peuvent émettre l’hypothèse que des lacs, même un océan, auraient pu exister de façon stable sur la Lune pendant une longue période. Il est également prouvé que la jeune Lune avait un champ magnétique qui aurait pu protéger partiellement sa surface du rayonnement solaire et cosmique. Il en aurait résulté un monde temporairement habitable, à une époque où la vie sur Terre avait déjà pris pied.
Si la vie terrestre primitive s’est propagée vers la Lune par des impacts de météorite, elle aurait pu s’y développer, si la surface lunaire était habitable. Des simulations montrent qu’un transfert de microbes de la Terre vers Mars par l’intermédiaire de météorites, appelées lithopanspermie, était possible étant donné la distance entre les deux planètes. La Lune étant beaucoup plus proche que Mars, un transfert Terre-Lune aurait été beaucoup plus facile. Et la Lune était encore plus proche de la Terre il y a 3,5 milliards d’années qu’elle ne l’est aujourd’hui.
L’image de l’eau liquide grouillant de microbes sur la surface lunaire brise complètement le paradigme actuel de la Lune en tant que roche morte dans l’espace. Les chercheurs précisent que , bien sûr, nous devons faire attention à ne pas nous laisser emporter par l’idée. Il n’a pas été constaté de modification du paysage, de la topographie modifiée par de l’eau sur la Lune à la différence de ce qui est observé sur Mars. Mais encore une fois, est-ce que l’on peut s’y attendre vraiment, étant donné que la Lune a été frappée par le vent solaire, le rayonnement cosmique et les micrométéorites pendant plusieurs milliards d’années ?
Ian Crawford de l’université de l’état de Washington et Dirk Schulze-Makuch de l’université technique de Berlin, les chercheurs à l’origine de cette étude, proposent donc des moyens de tester rigoureusement leur hypothèse. Ils suggèrent de rechercher des minéraux riches en eau dans des couches géologiques piégées entre des coulées de lave datant de cette période. Ils proposent également un programme d’exploration lunaire plus “agressif”, avec des instruments de pointe qui seraient placés à la surface de la Lune et des échantillons lunaires renvoyés sur Terre pour les analyser. De plus, ils recommandent de mener des expériences dans des laboratoires sur Terre qui simulent l’environnement de la Lune à ses débuts afin d’observer si des microorganismes pourraient demeurer viables dans des conditions environnementales dont on prévoit qu’elles ont existé sur la Lune il y a 3,5 milliards d’années.
Il est à noter qu’en 2017, des chercheurs du Marshall Space Flight Center de la NASA ont déterminé qu’en fonction de la quantité de gaz provenant des laves qui coulaient des volcans lunaires il y a entre 3 et 4 milliards d’années, ceux-ci se sont accumulés autour de la lune, suffisamment pour former une atmosphère et qu’elle s’est développée si rapidement qu’elle ne pouvait s’échapper dans l’espace.
Aujourd’hui, avec leur nouvelle et intrigante idée en tête, les chercheurs de cette nouvelle étude ont déjà élargi leur groupe de recherche et commencé à planifier certaines des expériences requises.
L’étude publiée dans la revue Astrobiology : Was There an Early Habitability Window for Earth’s Moon? et présentée sur le site de l’université d’Etat de Washington : Possibility of moon life seen by WSU researcher.