10 ans après, un second cas de rémission du VIH par l’utilisation de cellules souches
Un patient séropositif est entré dans une phase de rémission à long terme à la suite d’un traitement à base de cellules souches, ce qui n’est que la deuxième fois en une décennie que la maladie ait ainsi vaincue.
Image d’entête : modèle 3D le plus détaillé du virus VIH. (Visual Science)
Rapporté dans une récente étude (en cours de publication, lien plus bas), le patient est en rémission depuis 18 mois, mais la chercheuse principale Ravindra Gupta de l’université de Cambridge au Royaume-Uni et ses collègues déconseillent d’interpréter le résultat comme une cure.
Le patient, atteint d’un lymphome de Hodgkin avancé, a reçu des cellules souches d’un donneur porteur d’une mutation résistante connue au VIH. Après 16 mois, la thérapie antirétrovirale a été interrompue. Et 18 mois plus tard, le VIH est resté indétectable.
Il s’agit du deuxième cas connu de rémission du VIH, survenu 10 ans après le « cas de Berlin« , dans lequel un patient a reçu une greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques (transplantation de moelle osseuse). Les cellules provenaient d’un donneur qui avait une mutation du récepteur CCR5, une protéine à la surface des globules blancs impliqués dans le système immunitaire.
Le CCR5, qui fonctionne avec un autre récepteur, le CD4, est la protéine qui permet au VIH d’entrer dans la cellule.
Ces résultats démontrent que le » patient de Berlin » n’était pas une anomalie et , selon les chercheurs, ils fournissent un “soutien supplémentaire pour le développement d’approches qui ciblent le CCR5 comme stratégie de rémission du VIH ».
Au cours de la décennie qui s’est écoulée depuis que le patient berlinois est entré en rémission à long terme, au moins 4 autres tentatives d’introduire une résistance au VIH en utilisant des cellules souches CCR5 mutées ont échoué, soulignent les auteurs.
Par ailleurs, le généticien chinois He Jiankui, qui a scandalisé la communauté scientifique en prétendant avoir modifié les gènes de deux bébés nés l’année dernière, aurait modifié le gène responsable de la production du CCR5, dans une tentative de rendre les bébés résistants au VIH.
Dans le monde, 37 millions de personnes sont infectées par le VIH, un virus qui attaque le système immunitaire de l’organisme. Un grand nombre de patients prennent des antirétroviraux, mais la résistance aux médicaments est un problème croissant, en particulier dans les pays pauvres.
Selon les chercheurs :
La suppression durable et sans médicament du VIH-1 est donc une priorité mondiale urgente.
Gupta et son équipe soulignent que leurs résultats ont été obtenus après « une approche moins agressive et moins toxique » que celle utilisée sur le patient de Berlin, qui a également reçu un diagnostic de lymphome de Hodgkin. Il a subi deux transplantations de cellules souches ainsi qu’une irradiation de tout le corps et une chimiothérapie, tandis que le patient de Gupta a subi une chimiothérapie moins intensive, n’a subi aucune radiothérapie et n’a subi qu’une » greffe intestinale légère » en réaction à la transplantation des cellules souches.
On ne sait pas encore très bien pourquoi le patient berlinois et ce nouveau cas ont, à ce jour, été couronnés de succès, mais les chercheurs sont optimistes quant au fait que la thérapie génique peut ouvrir la voie au traitement du VIH et ils ajoutent :
En termes de feuille de route pour l’avenir, nous pensons que les stratégies de thérapie génique CCR5 utilisant des cellules souches pourraient être une approche évolutive de la rémission.
L’étude publiée dans Nature : HIV-1 remission following CCR5Δ32/Δ32 haematopoietic stem-cell transplantation et annoncée dans Springer Nature.