La plus puissante tempête solaire découverte dans la glace du Groenland
Des scientifiques viennent de découvrir des preuves d’une tempête solaire de grande ampleur qui s’est produite il y a 2 679 ans. De telles projections de plasma et de rayonnement électromagnétique provenant du Soleil ont le potentiel d’avoir un sérieux impact sur la vie sur Terre, il est donc important pour nous de les comprendre.
Image d’entête : une éruption solaire photographiée en mai 2013 par la sonde Solar Dynamics Observatory (SDO) de la NASA.
Les preuves qu’ils ont extraites se présentent sous la forme de particules radioactives qui étaient auparavant cachées sous les calottes de glace du Groenland, et les experts disent que cet ancien événement pourrait être une des plus importantes tempêtes solaires à avoir jamais frappé la Terre.
Si une tempête de la même ampleur frappait notre planète aujourd’hui, les conséquences seraient désastreuses : les signaux radio et les communications par satellite seraient perturbés, les réseaux électriques mis hors service et toute une série de systèmes modernes endommagés, des banques aux transports.
Selon l’un des chercheurs, le géologue Raimund Muscheler de l’université de Lund en Suède :
Si cette tempête solaire s’était produite aujourd’hui, elle aurait pu avoir de graves répercussions sur notre société de haute technologie. C’est pourquoi nous devons renforcer la protection de la société contre les tempêtes solaires.
À l’aide de carottes de glace extraites au Groenland, estimée contenir de la glace formée au cours des quelque 100 000 dernières années, Muscheler et son équipe ont pu dater une importante tempête solaire en 660 av JC.
Les signes révélateurs étaient des niveaux élevés d’isotopes de béryllium 10 et de chlore 36 incrustés dans la glace, deux signes de réactions chimiques déclenchées par l’activité du Soleil atteignant la surface en passant à travers le champ magnétique de la Terre. Dans ce cas, il s’agissait d’une tempête de protons solaires ou SPE pour solar proton event, un type de tempête solaire particulièrement intense dans lequel les particules libérées comprennent des protons à haute énergie.
Par le passé, des tempêtes de proton ont touché le Canada en 1989 et la Suède en 2003. Mais cet événement, d’il y a près de 2 700 ans, semble avoir été 10 fois plus puissant que toutes les tempêtes de ce type détectées au cours des 70 dernières années.
Selon M. Muscheler :
Il y a des événements de particules énergétiques solaires à haute énergie, ou des événements de protons solaires. Ce sont les particules de haute énergie qui frappent directement la Terre et produisent les particules que nous mesurons.
Il y a aussi les particules à plus faible énergie qui arrivent sur Terre dans un délai d’un à quatre jours. Ceux-ci produisent les tempêtes géomagnétiques.
Les chercheurs ont déjà trouvé des événements similaires datant de 774-775 av J.C et 993-994 av J.C. Il s’ensuit que ces fortes tempêtes se produisent plus régulièrement que nous ne le pensions et qu’elles peuvent être plus violentes que tout ce que nous avons vu à l’ère moderne, ce qui a une incidence sur la mise en place de mesures d’urgence.
En l’an 660 avant notre ère, l’âge du fer en Europe et au Moyen-Orient, personne n’aurait remarqué une explosion de particules solaires, à moins qu’il ne s’agisse de spécialistes particulièrement passionnés des effets des aurores dans le ciel.
Aujourd’hui, ce rayonnement serait potentiellement dangereux pour les astronautes à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS) et pour les passagers des avions à haute altitude, en plus de menacer une bonne partie de la technologie moderne sur laquelle nous avons appris à compter.
Quant à savoir laquelle de ces tempêtes est la plus puissante, il s’agit d’une situation très proche entre les événements de 774-775 av J.-C. et de 660 avant notre ère, car ils sont tous les deux semblables en termes d’ampleur d’après les données que les scientifiques ont pu recueillir sur les carottes de glace et les cernes des arbres (où le carbone 14 est l’isotope à surveiller).
Trois événements majeurs ne suffisent pas pour faire des prévisions et, comme c’est souvent le cas, l’apport de données aidera à mieux cerner la menace des tempêtes solaires. En attendant, il serait sage de développer des systèmes et des équipements qui résistent à ce genre d’évènement.
Selon M. Muscheler :
Nos recherches suggèrent que les risques sont actuellement sous-estimés. Nous devons être mieux préparés.
L’étude publiée dans PNAS : Multiradionuclide evidence for an extreme solar proton event around 2,610 B.P. (∼660 BC) et présentée sur le site de l’université de Lund : Researchers uncover additional evidence for massive solar storms.