Confirmation que la fonte des glaces de l’inlandsis Ouest-Antarctique est causée par l’activité humaine
La fonte des glaces de l’inlandsis Ouest-Antarctique est certainement causée par l’activité humaine.
Image d’entête : bord de la barrière de Getz en Antarctique occidental, vue d’un hélicoptère, janvier 2018. (Pierre Dutrieux)
Des changements périodiques dans la configuration des vents au-dessus de l’inlandsis Ouest-Antarctique peuvent amener des plans d’eau plus chauds aux principaux glaciers de la région, accélérant ainsi la fonte des glaces. De nouvelles recherches montrent donc que ces changements dans la configuration des vents sont dus en grande partie au réchauffement climatique d’origine humaine.
Selon Pierre Dutrieux, du Lamont-Doherty Earth Observatory (LDEO) de l’université Columbia (États-Unis) et coauteur de l’étude :
Nous savions que cette région était affectée par des cycles climatiques naturels qui duraient environ une décennie, mais ceux-ci n’expliquaient pas nécessairement la perte de glace. Nous avons la preuve qu’un changement séculaire sous-tend ces cycles, et qu’il est causé par les activités humaines.
La surveillance par satellite a montré que de vastes zones de l’inlandsis Ouest-Antarctique (WAIS) perdent de la glace et que le rythme de fonte s’est « considérablement » accéléré au cours des dernières décennies, explique l’équipe. Si la tendance se poursuit, la fonte pourrait entraîner une élévation du niveau de la mer de plusieurs dizaines de centimètres d’ici 2100. Cependant, on ne sait pas encore exactement ce qui est à l’origine de cette fonte.
Le réchauffement de l’atmosphère a été lié par les chercheurs à la perte de glace dans la péninsule Antarctique (la partie la plus septentrionale du continent), mais les températures de l’air sont restées stables et assez basses sur le reste de l’Antarctique, de sorte que les scientifiques ont cherché dans l’océan la cause du dégel du WAIS.
La barrière de glace de Dotson en Antarctique occidental. (Pierre Dutrieux)
De précédentes recherches ont montré que les vents peuvent favoriser des taux de fonte plus élevés en amenant des plans d’eau plus chauds dans les glaciers, mais pas ce qui entraîne ces changements. Il n’était pas clair si ces changements dans la configuration des vents étaient causés par des variations climatiques naturelles ou si elles étaient liées à des changements climatiques induits par l’humain. Les résultats actuels montrent que c’est principalement ce dernier cas.
L’équipe, qui comprenait des membres du Royaume-Uni et des États-Unis, a combiné des observations et des simulations de modèles climatiques pour montrer comment les vents au-dessus de l’océan près de l’Antarctique occidental ont changé depuis les années 1920 en réponse à la hausse des concentrations de gaz à effet de serre. Les températures de l’océan ont varié dans cette région et les vents ont changé d’une décennie à l’autre, selon eux. Les chercheurs montrent également que le réchauffement du climat causé par l’homme (anthropique) a induit des changements à long terme dans les vents, de sorte que les conditions favorables aux réchauffements océaniques se sont progressivement répandues.
Selon Paul Holland, du British Antarctic Survey et auteur principal de l’étude :
L’impact du changement climatique anthropique sur l’inlandsis antarctique n’est pas simple. C’est la première preuve d’un lien direct entre les activités humaines et la perte de glace de l’Antarctique occidental. Les résultats impliquent qu’une combinaison d’activités humaines et de changements climatiques naturels a provoqué l’élévation du niveau de la mer résultant de la perte de glace dans cette région.
Quant à ce que l’avenir nous réserve, l’équipe a également utilisé des modèles pour simuler la dynamique future des vents dans la région et la façon dont ils fluctueraient en fonction des changements des niveaux de gaz à effet de serre. P. Holland indique que si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, les vents simulés continueront probablement de changer, et il pourrait y avoir une autre augmentation de la fonte des glaces. Cependant, si les émissions sont réduites, il y aura probablement peu de changement dans les vents par rapport aux conditions actuelles.
Toujours selon Paul Holland :
Cela montre que la réduction actuelle des émissions de gaz à effet de serre pourrait réduire la contribution future de cette région au niveau de la mer.
L’étude publiée dans Nature Geoscience : West Antarctic ice loss influenced by internal climate variability and anthropogenic forcing et présentée sur le site du British Antarctic Survey : First evidence of human-caused climate change melting the West Antarctic Ice Sheet.