Lumineuse boulimie : nous n’avions jamais vu notre trou noir au centre de la Voie lactée briller ainsi
Le trou noir supermassif au centre de la Voie lactée, nommé Sagittaire A*, a brillé 75 fois plus que d’habitude en 2 heures, un événement cosmique stupéfiant, car il est habituellement peu actif et ne varie pas beaucoup en intensité.
Selon l’astronome Tuan Do de l’université de Californie à Los Angeles :
J’ai d’abord été très surpris, puis très excité. Le trou noir était si brillant que je l’ai pris pour l’étoile S0-2, parce que je n’avais jamais vu Sgr A* aussi brillant.
L’équipe d’astronomes dirigée par Do a utilisé les données recueillies par l’Observatoire W.M. Keck près du sommet du Maunakea à Hawaii. Leurs observations, qui remontent à mai de cette année, ont été publiées ce mois-ci.
Here’s a timelapse of images over 2.5 hr from May from @keckobservatory of the supermassive black hole Sgr A*. The black hole is always variable, but this was the brightest we’ve seen in the infrared so far. It was probably even brighter before we started observing that night! pic.twitter.com/MwXioZ7twV
— Tuan Do (@quantumpenguin) 11 août 2019
L’éruption pourrait avoir été causée par un objet proche, avalé par Sagittaire A*, un événement “d’accrétion », comme l’appelle les astronomes. La victime possible serait l’étoile S0-2 (ou S2), qui orbite autour du trou noir une fois tous les 16 ans, et dont certains morceaux auraient pu être aspirés par le trou noir, ce qui aurait pu changer la façon dont le gaz s’écoule à l’intèrtieur.
Représentation artistique des trois plus proches étoiles en orbite autour de Sagittaire A*. (ESO/ M Parsa/ L. Calçada)
Le groupe d’étoiles qui orbitent à proximité de Sgr A* est appelé étoiles S. SO-2 s’en est approché le plus près environ un an avant la « torche » observée en mai 2019. (Cmglee/.wikimedia)
A partir de l’étude, les positions de SO-2 et de Sgr A*. (Do et col./ Astrophysical Journal Letters)
A la base, les chercheurs espéraient tester la théorie d’Einstein sur le fonctionnement de la gravité, appelée relativité générale, et ils ont découvert que le trou noir déformait effectivement la lumière de l’étoile comme le prévoyait la théorie.
Pour Do, peut-être que SO-2 a modifié le flux de gaz dans le trou noir pour engendrer ce flash temporaire.
Visualisation tridimensionnelle, couvrant la période 2010 à 2020, du nuage de gaz et de poussière à l’approche du trou noir Sgr A* près du centre de la galaxie la Voie lactée. (Lawrence Livermore National Laboratory)
Ou peut-être que ce dernier provient de la réaction retardée d’un autre objet qui est passé récemment par le centre, appelé G2 (image ci-dessous). Il est à espérer que d’autres observations aideront les scientifiques à le déterminer avec certitude.
Simulations du nuage de poussière et de gaz G2 sur son orbite autour du trou noir central SgrA* de la Voie lactée. (M. Schartmann et L. Calcada/ European Southern Observatory/ Max-Planck-Institut fur Extraterrestrische Physik)
Ce n’est pas le seul groupe qui surveille SO-2 et Sag A*. Une autre équipe d’astronomes exploitant le Very Large Telescope de l’European Southern Observatory (ESO) a également mesuré les effets d’étirement de la lumière du trou noir. Do est curieux de voir si cette équipe a également mesuré le flash.
L’étude publiée dans la revue Astrophysical Journal Letters : Unprecedented variability of Sgr A* in NIR, disponible en pré-publication sur arXiv et présentée sur le site du Lawrence Livermore National Laboratory : Milky Way’s black hole getting ready for snack.