Jouer avec un bébé synchronise vos ondes cérébrales avec ce dernier
Jouer avec un petit humain est l’un de ces petits plaisirs de la vie où l’on a vraiment l’impression de se connecter avec une personne. Et ce n’est pas seulement une impression. Nous avons maintenant la preuve que la montée et la baisse d’activités de leur cerveau correspondent aux nôtres lorsque nous jouons ensemble.
Une étude menée par des chercheurs du Princeton Baby Lab de l’université de Princeton, aux États-Unis, a enregistré l’activité cérébrale de 18 enfants âgés de 10 à 15 mois alors qu’ils étaient en contact avec un expérimentateur adulte.
Image d’entête : dans leur expérience, un adulte a passé 5 minutes à jouer, à chanter des chansons et à lire des histoires à des bébés et des tout-petits, alors que les chercheurs mesuraient la synchronisation neurale à l’aide d’une méthode appelée spectroscopie fonctionnelle dans le proche infrarouge. (Elise Piazza/ Princeton Baby Lab)
Selon la psychologue cognitive Elise Piazza :
De précédentes recherches ont montré que le cerveau des adultes se synchronise lorsqu’ils regardent des films et écoutent des histoires, mais on sait peu de choses sur la façon dont cette « synchronisation neurale » se développe au cours des premières années de la vie.
Ce type de » synchronisme » interpersonnel n’est pas une sorte de fusion mentale causée par d’étranges transmissions, mais plutôt le produit de modèles finement réglés qui coordonnent les tâches dans différentes parties du cerveau en réponse à des stimuli.
Ces stimuli proviennent généralement d’autres régions du même cerveau, mais les actions d’une autre personne peuvent également affecter la façon dont nous traitons l’information et comment nous y répondons.
De même, nos propres actions peuvent en retour influencer le cerveau de l’autre personne, en mettant en place des boucles de rétroaction qui se synchronisent rapidement.
Il est assez facile de montrer comment cela se produit dans un cerveau adulte. Les fonctions neurologiques qui traitent et répondent aux informations sensorielles dans notre cerveau consomment beaucoup d’énergie, de sorte que les chercheurs se contentent de mesurer et de cartographier les changements subtils dans la lueur infrarouge de notre cerveau lorsque l’hémoglobine, lors de l’approvisionnement en sang, libère de l’oxygène.
Comme vous pouvez l’imaginer, les enfants ne sont pas toujours des volontaires coopératifs. Parmi la sélection originale de bambins volontaires, 15 se sont un peu trop tortillés pour obtenir de bonnes mesures. Trois ont refusé de porter le bonnet de mesure des infrarouges.
En fin de compte, les chercheurs ont analysé le cortex préfrontal, le carrefour temporo-pariétal et le cortex pariétal, des régions qui participent au traitement du langage, à faire des prédictions et à comprendre d’autres perspectives, de 18 enfants alors qu’ils s’engageaient avec un seul expérimentateur dans une série de tâches simples.
Parfois, ils ont apprécié la lecture d’histoire, assis sur les genoux de leurs parents. D’autres fois, il s’agissait d’une comptine chantée ou d’un jeu avec un ensemble de jouets.
Pour avoir un point de comparaison sur l’activité cérébrale de la paire, un certain nombre d’essais ont impliqué que l’expérimentateur soit assis avec son profil faisant face à l’enfant alors qu’ils s’engageaient avec un autre adulte de façon similaire.
La différence a révélé une synchronisation similaire chez les bébés et chez les adultes, le cerveau de l’expérimentateur et celui de l’enfant se faisaient écho l’un l’autre dans les zones de traitement d’ordre supérieur, mais seulement lorsque les deux interagissaient directement.
Selon Piazza :
Pendant qu’ils communiquent, l’adulte et l’enfant semblent former une boucle de rétroaction. C’est-à-dire que le cerveau de l’adulte semble prédire quand les bébés vont sourire, le cerveau des bébés anticipe quand l’adulte va utiliser plus de » langage de bébé « , et les deux cerveaux suivent le contact visuel et l’attention conjointe aux jouets. Donc, quand un bébé et un adulte jouent ensemble, leurs cerveaux s’influencent mutuellement de façon dynamique.
Ce fut particulièrement évident dans le cortex préfrontal, la partie du cerveau qui s’occupe de la planification et de l’apprentissage. Comme il s’agit également d’une région qui n’est pas encore complètement développée chez les nourrissons, cette découverte fut quelque peu surprenante.
Selon la psychologue Casey Lew-Williams :
Nous avons également été surpris de constater que le cerveau du nourrisson » guidait » souvent le cerveau adulte de quelques secondes, ce qui suggère que les bébés ne se contentent pas de recevoir passivement des informations, mais qu’ils peuvent guider les adultes vers la prochaine chose sur laquelle ils vont se concentrer : quel jouet prendre, quels mots dire.
S’ils connaissaient les règles, les bébés feraient de parfaits joueurs de poker. Il peut être difficile de savoir ce qui se passe à l’intérieur de ces minuscules cerveaux en développement simplement en regardant leur visage. Mais il devient clair qu’ils sont loin de tout assimiler passivement, dès le plus jeune âge, les bébés guident leur entourage, ce qui fait que notre cerveau se met au diapason du leur.
Selon les chercheurs dans leur étude :
Notre recherche, qui fait appel à une technique d’imagerie adaptée aux nourrissons, fournit la première démonstration du rôle dynamique joué par le cerveau en développement et le cerveau mature au cours d’une interaction sociale en direct.
L’étude publiée dans Psychological Science : Infant and Adult Brains Are Coupled to the Dynamics of Natural Communication et présentée sur le site l’université de Princeton : Baby and adult brains ‘sync up’ during play, finds Princeton Baby Lab.