Les jours de nos plages de sable sont comptés
La moitié des plages de sable du monde pourraient être perdues d’ici la fin du siècle en raison de l’évolution des conditions climatiques et de l’élévation du niveau des mers, selon une analyse de plus de trois décennies de données publiée cette semaine (lien plus bas).
Ce n’est pas seulement une mauvaise nouvelle pour les baigneurs, les vacanciers et les avantages socio-économiques qui en découlent, les plages sont également la frontière entre la terre et l’océan, offrant une protection naturelle contre les tempêtes et les cyclones, écrivent Michalis Vousdoukas du Centre commun de recherche de la Commission européenne en Italie et ses collègues.
Les régions côtières abritent certains des plus riches écosystèmes de la Terre et sont les sites de développement et de densité de population les plus concentrés.
Pourtant, les plages de sable, les plus populaires et les plus fréquentées, sont soumises à de constantes fluctuations dues à des forces naturelles et anthropiques qui provoquent l’érosion, des conditions météorologiques erratiques et une augmentation de la houle.
Vousdoukas et ses collègues ont analysé une base de données d’images satellites montrant l’évolution des côtes de 1984 à 2015 et, à partir de là, ont estimé les dynamiques futures résultant de l’élévation du niveau de la mer et des tempêtes.
Les résultats ont montré qu’environ 50 % des plages de sable du monde sont menacées de sévère érosion, définie comme un recul de plus de 100 mètres, l’élévation du niveau de la mer représentant jusqu’à 75 % de cette perte d’ici 2050 et jusqu’à 86 % d’ici 2100.
Selon ces deux scénarios, la République démocratique du Congo, la Gambie, Jersey, Mayotte (France), Palau et la Guinée-Bissau sont parmi les plus touchées, puisqu’elles risquent de perdre plus de 60 % de leurs côtes d’ici le début du siècle.
La plage de N’Gouja (commune de Kani-Kéli), une des plus appréciées de Mayotte. (Frédéric Ducarme/ Wikimédia)
Le calcul de la longueur des plages de sable qui pourraient être perdues a montré que l’Australie était la plus touchée, avec près de 12 000 kilomètres en danger. Le Canada, le Chili, le Mexique, la Chine et les États-Unis seraient également fortement touchés.
Selon les chercheurs :
Les modifications prévues du littoral auront un impact considérable sur la forme des côtes du monde.
Et le développement humain entravera leur capacité à se rétablir.
De nombreux systèmes côtiers ont déjà perdu leur capacité naturelle à s’adapter ou à se remettre de l’érosion, car l’arrière-plage est fortement occupée par des établissements humains, tandis que les barrages et le développement humain ont épuisé les réserves de sédiments terrestres qui permettraient de reconstituer naturellement le littoral avec de nouveaux matériaux.
Cependant, une analyse plus approfondie a révélé que 40 % du recul du littoral pourrait être évité par une atténuation modérée des gaz à effet de serre, et que des leçons peuvent être tirées des précédents efforts de gestion de l’érosion des plages, les initiatives néerlandaises sur le littoral en étant un exemple le plus probant.
Il s’agit d’un impératif particulier pour les zones concentrées autour de la côte.
Les chercheurs de conclure :
Une proportion substantielle des côtes sableuses menacées se trouve dans des zones à forte densité de population, soulignant la nécessité de concevoir et de mettre en œuvre des mesures d’adaptation efficaces.
L’étude publiée dans Nature Climate Change : Sandy coastlines under threat of erosion et présentée sur le site du Centre commun de recherche : World’s sandy beaches under threat from climate change.