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Variations de crânes et de compétences chez l’Homo erectus

9 Mar 2020 | 0 commentaires

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Dans les terres arides et désertiques de la dépression de l’Afar, au nord-est de l’Éthiopie, la terre livre lentement ses secrets. Des os et des objets en pierre remontent à la surface, apportant avec eux un aperçu de la vie de l’Homo erectus, notre ancien parent humain qui vivait dans la région il y a plus d’un million d’années.

Image d’entête : des fragments de crâne d’Homo erectus trouvés en Ethiopie, du site Dana Aoule North (DAN5). (Michael J. Rogers/ Université d’État du Connecticut)

L’Homo erectus est probablement l’homme qui a le plus longtemps survécu et qui a eu le plus de succès parmi les premiers humains. Il a fait son apparition dans les fossiles il y a environ 2 millions d’années et ne s’est éteint que dans les 50 000 à 100 000 dernières années. Pendant cette période, l’espèce a quitté l’Afrique, a traversé le Caucase et s’est rendue jusqu’aux îles indonésiennes d’Asie du Sud-Est, où un spécimen emblématique fut découvert, l’Homme de Java.

Aujourd’hui, des scientifiques espagnols et américains travaillant sur deux sites distincts à Gona, dans la dépression de l’Afar, ont découvert des crânes et des outils en pierre qui suggèrent que l’Homo erectus était encore plus adaptable qu’on ne le pensait auparavant.

Les découvertes, publiées cette semaine (lien plus bas), comprennent deux crânes d’Homo erectus sur des sites distants de 6 kilomètres, datant de 1,26 et 1,5-1,6 million d’années. Sur les deux sites, les archéologues ont découvert des outils et des objets en pierre à proximité, certains incrustés des mêmes sédiments que ceux dans lesquels les crânes ont été trouvés.

Les deux sites fouillés en Ethiopie, Busidima North (BSN12) et le site Dana Aoule North (DAN5). (Sileshi Semaw et coll./ Science Advances)

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La surprise fut que les outils en pierre n’étaient pas d’un seul type. Des objets simples de l’Oldowayen ainsi que des haches à main plus sophistiquées de l’Acheuléen ont été trouvés. Cela remet en question l’idée classique selon laquelle les différents outils en pierre étaient fabriqués par des espèces différentes, selon le paléoanthropologue Michael Rogers de l’université d’État du Connecticut, aux États-Unis, spécialisé dans l’analyse des outils en pierre.

Deux vues opposées des outils en pierre Acheuléen (Mode 2) et Oldowayen (Mode 1) du site Busidima North (BSN12) et (B) du site Dana Aoule North (DAN5). Pour chaque site, les carottes Mode 1 se trouvent sur la rangée du bas. (Michael J. Rogers, Southern Connecticut State University)

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Les outils de l’Oldowayen, également connus sous le nom d’industries lithiques de mode 1, sont fabriqués en brisant deux roches ensemble pour former un éclat tranchant.

Selon Michael Rogers de l’université d’État du Connecticut qui a participé à l’étude :

C’est le type de technologie percussive le plus basique que l’on puisse imaginer, traditionnellement associé à l’Homo habilis, un prédécesseur de l’Homo erectus.

Les outils acheuléens (mode 2), en revanche, sont fabriqués en taillant à plusieurs reprises une pierre pour en faire une hache à main, explique Rogers.

Les deux sites de Gona suggèrent que l’Homo erectus a fabriqué les deux types d’outils simultanément et pendant plusieurs centaines de milliers d’années.

Selon Rogers :

Les preuves suggèrent que nous n’avons qu’une seule espèce et pourtant nous avons une diversité d’outils en pierre, de sorte que nous pouvons attribuer cette diversité à une seule espèce, l’Homo erectus.

L’archéologue Mark Moore, de l’université de Nouvelle-Angleterre à Armidale, en Australie, n’est pas sûr que la distinction soit aussi nette. Pour lui, la division entre l’Acheuléen et l’Oldowayen est une « fausse dichotomie ». Une meilleure approche, suggère-t-il, serait de considérer ces outils comme « deux parties du même continuum technologique ».

Quelle que soit la façon dont ils sont classés, le mélange d’artefacts indique une certaine souplesse dans les technologies utilisées par l’Homo erectus de son vivant.

Les crânes eux-mêmes sont également remarquables. L’un d’entre eux, qui appartenait à un jeune adulte adulte, a une capacité cérébrale de seulement 600 millilitres, ce qui en fait le plus petit crâne d’Homo erectus découvert en Afrique.

Toujours selon Rogers :

Il ressemble vraiment à une version miniature de l’Homo erectus. Il a ces crêtes frontales saillantes qui sont un peu comme l’Homo erectus classique, sauf qu’il est tout petit.

Le crâne est 50 % plus grand. L’écart pourrait être dû au fait que les hommes et les femmes n’ont pas la même taille, un phénomène que les biologistes appellent « dimorphisme sexuel« .

Selon la version classique de l’histoire humaine, le dimorphisme sexuel était déjà en déclin au moment de l’apparition de l’Homo erectus. Mais des découvertes faites ces dernières années, notamment sur le site de Dmanisi en Géorgie, vieux de 1,85 million d’années, suggèrent que ce n’était peut-être pas le cas. Il est probable que l’Homo erectus était une espèce composée de mâles plus grands et de femelles aux os plus fins. Bien que Rogers note qu’il pourrait y avoir d’autres explications, telles que la variabilité au niveau de la population, plutôt qu’entre les sexes.

Si l’Homo erectus était sexuellement dimorphe, alors la réduction du dimorphisme sexuel chez les humains modernes et les Néandertaliens est plus récente que ce que l’on pensait auparavant, et se situe dans le dernier million d’années.

La variabilité du crâne ne devrait pas être une surprise, selon le paléoanthropologue Philip Rightmire de l’université de Harvard, qui a découvert les crânes de taille variable à Dmanisi mais qui n’a pas participé aux travaux de Gona et selon lui :

La variation biologique est omniprésente.

La difficulté, selon Rightmire, est que la variabilité rend la distinction entre les différentes espèces des premiers humains encore plus difficile, il précise :

Une fois de plus, la découverte de nouveaux fossiles a eu tendance à rendre le tableau général de l’évolution humaine plus opaque, plutôt que plus clair. Lire correctement les preuves sera un défi.

L’étude publiée dans Science Advances : Co-occurrence of Acheulian and Oldowan artifacts with Homo erectus cranial fossils from Gona, Afar, Ethiopia et présentée sur le site du Centro Nacional de Investigación sobre la Evolución Humana : A study shows that ‘Homo erectus’ used both Olduvayense and Achelense industry.

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