Les longues jambes des plus grands dinosaures carnivores ont évolué pour la distance, et non pour la vitesse
Pour l’anecdote personnelle, le Guru aurait dû publier 5 magnifiques articles hier, qu’il avait mis 20 heures à rédiger et qui ont disparu suite à une panne de disque dur, juste avant de les sauvegarder sur la toile… Dans la nuit suivante, il put redescendre une sauvegarde de son système, mais datant d’il y a 5 jours. Tout cela pour justifier, s’il le fallait, du peu de publications aujourd’hui, les risques du métier…
Le consensus parmi les biologistes évolutionnistes est que de longues jambes indiquent des adaptations pour une vitesse maximale plus élevée. Cependant, une nouvelle étude qui a analysé la mécanique des membres de plus de 70 espèces de théropodes, dont le célèbre Tyrannosaurus rex, révèle une version beaucoup plus nuancée.
Image d’entête : représentation de la faune de l’Alberta, au Canada, il y a 77 millions d’années, où un tyrannosaure Daspletosaurus chasse un jeune Spinops à cornes, tandis qu’un Spinops adulte tente de s’interposer et un Coronosaurus observe à distance. (Julius Csotonyi)
Une équipe de chercheurs américains et canadiens a commencé par rassembler des données sur la masse corporelle, les proportions des membres et la démarche de plus de 70 espèces de dinosaures théropodes. Les théropodes étaient un groupe de dinosaures bipèdes à longues pattes et à os creux, dont le T. rex.
En utilisant diverses méthodes, les scientifiques ont estimé la vitesse de course maximale de chaque espèce, ainsi que la quantité d’énergie que les reptiles utilisaient pour marcher. Il a été constaté que pour les théropodes de petite et moyenne taille, des pattes plus longues se traduisaient en fait par une course plus rapide. Ce résultat est conforme à ceux des études précédentes.
Cependant, pour les espèces plus grandes comme le T. rex, qui pesait plus de 1 000 kg, sa taille imposante aurait limité sa vitesse de pointe. Dans le cas de ces dinosaures, les chercheurs ont déterminé que les longues pattes des animaux permettaient plus probablement de réduire la dépense d’énergie lors de la marche.
C’est logique, car alors que les plus petits théropodes devraient être capables d’attraper de petites proies rapides (et éviter de devenir eux-mêmes des proies), le T. rex devrait couvrir efficacement de longues distances afin de trouver ses proies plus grandes et se déplaçant plus lentement, et il n’aurait pas eu besoin d’échapper aux prédateurs, car il n’en avait pas.
Selon Thomas Holtz, paléontologue à l’université du Maryland :
On a tendance à penser que les animaux qui ont des adaptations pour courir, comme de longues pattes, sont adaptés à une vitesse maximale plus élevée, mais cette étude montre qu’il y a plus que la vitesse de pointe dans la course. Lorsque vous êtes un animal plus grand, ces adaptations peuvent aussi être pour l’endurance et l’efficacité. Il peut s’agir d’être un marathonien plutôt qu’un sprinteur.
L’étude publiée dans PLoS ONE : The fast and the frugal: Divergent locomotory strategies drive limb lengthening in theropod dinosaurs et présentée sur le site de l’université du Maryland : T. rex’s Long Legs Were Made for Marathon Walking.