Des chercheurs veulent créer la première liste des espèces acceptée universellement
Alors que la Terre est confrontée à une crise environnementale croissante, les scientifiques réclament un accord concernant une liste unique et simplifiée des innombrables espèces végétales, animales et microbiennes de la planète.
Image d’entête : une vue circulaire de l’arbre de vie complet n’incluant pas toutes les extrémités, mais seulement les branches auxquelles sont associées au moins 500 espèces. (OpenTreeofLife.org)
Actuellement, les taxonomistes affirment que la classification des espèces est confuse, avec des notions contradictoires et aucun contrôle global sur les appréciations taxonomiques dans un domaine où règnent la confusion et le désaccord.
Pour faciliter la rationalisation de ce processus, Stephen Garnett, de l’université australienne Charles Darwin, et ses collègues ont élaboré 10 principes directeurs qu’ils ont présentés dans une étude (lien plus bas).
Ils écrivent :
Les listes d’espèces sont importantes. Face à une menace d’extinction globale, les listes mondiales d’espèces acceptées sont fondamentales pour la gestion de la biodiversité à une époque où le changement global s’accélère.
La façon dont les espèces, ou tout autre taxon, sont définies peut modifier leur nombre perçu et leur statut en matière de menaces, influençant ainsi le financement alloué à la conservation. Elle est également importante pour les stratégies de reproduction visant à les protéger.
Des recherches menées sur les girafes, par exemple, ont montré que ce que l’on croyait être une seule espèce en était en fait quatre, et qu’elles ne se reproduisent pas entre elles dans la nature, ce qui en fait des espèces très menacées qui ont besoin d’être protégées.
Des définitions cohérentes pourraient également protéger les espèces non protégées contre le commerce illégal.
Selon Garnett :
Les personnes chargées de réglementer le commerce des animaux peuvent être sûres que les mêmes espèces porteront le même nom des deux côtés d’une frontière si toutes adoptent la liste unique approuvée. Pour l’instant, cela représente une faille qui peut être exploitée pour le commerce des espèces menacées.
Parmi les autres impacts de la classification des espèces figurent l’identification des ravageurs envahissants et des plantes comestibles, les moyens de subsistance associés aux programmes de conservation et à l’écotourisme, ainsi que la recherche en écologie et en évolution.
Les nouveaux principes pour aborder ces questions sont issus d’une discussion entre taxonomistes et des intervenants du monde entier, finalisée lors d’un atelier soutenu par l’Union internationale des sciences biologiques à l’université Charles Darwin.
Tout d’abord, ils proposent que la liste des espèces soit purement scientifique et exempte de toute influence politique, financière ou autre aspect non scientifique.
Les critères préconisent en outre l’utilisation et le soutien de la communauté, la transparence, la séparation entre la gestion des espèces et des taxons, la liberté académique, la conciliation des intérêts contradictoires, la reconnaissance des contributeurs et des citations complètes.
Enfin, ils encouragent la reconnaissance de la biodiversité mondiale tout en faisant référence aux connaissances et à l’expertise locales, et définissent une voie complète pour engager toutes les parties prenantes et mettre en place les lignes directrices avec un mécanisme de gouvernance proposé.
Garnett espère qu’elles contribueront à résoudre le problème de classification qui se pose depuis longtemps, tout en sachant qu’une entreprise aussi complexe prendra du temps.
Il ajoute :
Il s’agit d’un pas important vers la création d’une liste unique à partir de laquelle les gouvernements et les autres utilisateurs de la taxonomie pourront travailler, ce qui réduira la confusion liée à l’existence de taxonomies concurrentes pour une même espèce.
Idéalement, nous aurons mis en place des processus pour avoir une liste mondiale unique d’ici 2030, bien que cela puisse prendre plus de temps.
L’étude publiée dans PLoS Biology : Principles for creating a single authoritative list of the world’s species et présentée sur le site de : Research calls for cultural valuing of Aussie species.