L’astromobile Curiosity trouve des preuves de l’existence de gigantesques inondations sur Mars
Mars est peut-être incroyablement sèche et poussiéreuse aujourd’hui, mais les preuves continuent de s’accumuler qu’elle était autrefois un monde très aquatique. Maintenant, l’astromobile (rover) Curiosity a trouvé des signes d’un ancien déluge de proportions bibliques, probablement déclenché par l’impact d’un astéroïde qui a changé son climat.
Image d’entête : Mars telle qu’elle aurait pu être il y a 4,5 milliards d’années (European Southern Observatory)
Le dernier selfie du Curiosity sur Mars, réalisé le 25 octobre denier. (NASA/ JPL-Caltech/ MSSS)
À part quelques lacs souterrains super salés (saumâtre), la Mars moderne est un désert global. Mais cela ne fut pas toujours le cas, des décennies d’observations par des orbiteurs dans le ciel et d’engins robotisés à la surface ont révélé les restes asséchés de rivières, de lacs et même d’océans. Ces structures peuvent donner une image paisible du début de Mars, mais une nouvelle étude révèle une terre encore marquée par l’eau à son point le plus sauvage.
Au cours des 8 dernières années, le Curiosity a exploré un endroit connu sous le nom de cratère Gale, et il a lentement escaladé son sommet central appelé le Mont Sharp. Il est apparu assez rapidement que le cratère était un lac qui se remplissait et se vidait périodiquement pendant des dizaines de millions d’années. Mais aujourd’hui, il semble qu’un des remplissages fut beaucoup plus intense que les autres.
Image composite en fausses couleurs du Mont Sharp à l’intérieur du cratère Gale. Sur Mars, le ciel n’est pas bleu, mais l’image a été réalisée de manière à ressembler à la Terre afin que les scientifiques puissent distinguer les couches de stratification. (NASA/ JPL)
Dans cette nouvelle étude, des chercheurs de l’Université d’État de Jackson, de l’Université Cornell (États-Unis), du Jet Propulsion Laboratory de la NASA et de l’Université d’Hawaii ont identifié des structures sédimentaires dans le cratère de Gale, indiquant que des “méga inondations” s’y sont produites il y a environ 4 milliards d’années. Une série de crêtes de gravier symétriques de 10 m de haut chacune semblent être des antidunes, c’est-à-dire des structures sédimentaires qui, ici sur Terre, se forment sous un courant d’eau très rapide.
En mesurant la distance entre les sommets de chaque crête, l’équipe a pu estimer qu’ils ont été créés par des eaux de crue d’au moins 24 m de profondeur et se déplaçant à plus de 10 m par seconde.
Selon Alberto G. Fairén, coauteur de l’étude :
Nous avons identifié les méga inondations pour la première fois en utilisant les données sédimentologiques détaillées observées par le rover Curiosity. Les dépôts laissés par les méga-inondations n’avaient pas été identifiés auparavant avec les données de l’orbiteur.
A partir de l’étude : Images obtenues par la Matscam du Curiosity et présentant des roches avec des traces de ruissèlement. (E. Heydari et Col./ Scientific Reports)
Qu’est-ce qui a donc pu provoquer des inondations aussi extrêmes ? Les chercheurs pensent que l’explication la plus probable est l’énorme impact d’un astéroïde, qui aurait fait fondre un segment important de la glace qui recouvrait Mars à l’époque. Cela aurait libéré d’énormes quantités de vapeur d’eau, de dioxyde de carbone et de méthane dans l’atmosphère, changeant temporairement le climat en un monde plus chaud et plus humide.
Des pluies torrentielles auraient suivi dans ce scénario, qui se seraient ensuite précipitées sur les flancs du cratère Gale et les pentes du Mont Sharp pour produire des crues soudaines dans les régions de basse altitude.
Toujours selon Fairén :
Au début, Mars était une planète extrêmement active d’un point de vue géologique. La planète avait les conditions nécessaires pour supporter la présence d’eau liquide à la surface, et sur Terre, là où il y a de l’eau, il y a de la vie. Au début, Mars était donc une planète habitable. Était-elle habitée ? C’est une question à laquelle le prochain rover Persévérance contribuera à apporter une réponse.
L’étude publiée dans Scientific Reports : Deposits from giant floods in Gale crater and their implications for the climate of early Mars et présentée sur le site de l’Université Cornell : Field geology at Mars’ equator points to ancient megaflood.