De larges fragments d’un monde extraterrestre pourraient être enfouis dans les profondeurs de la Terre
Deux gigantesques masses de matière dense se cachent dans les profondeurs du manteau terrestre, sous l’Afrique occidentale et l’océan Pacifique. D’une largeur de plusieurs milliers de kilomètres, ces “protubérances” sont l’un des secrets les mieux gardés de la planète, et déconcertent les scientifiques depuis des décennies.
Image d’entête : collision entre la Terre et une petite planète (Théia), dont les restes de la collision formeront la Lune. (Ron Miller)
Désormais, de plus en plus de preuves indiquent que ces masses pourraient être les vestiges d’une ancienne protoplanète nommée Théia qui s’est écrasée sur la Terre il y a environ 4,5 milliards d’années. Les scientifiques soupçonnaient auparavant l’existence d’un lien entre les amas, officiellement connus sous le nom de superpanache ou large low-shear-velocity province (LLSVP / Province de basse vitesse des ondes S), et la Lune, mais la plupart pensaient que les LLSVP étaient des cicatrices planétaires de l’impact de Théia, et non des morceaux du monde extraterrestre lui-même.
Les LLSVP africain et du Pacifique. (Ward et Col./ Geochemistry, Geophysics, Geosystems)
Ce n’est pas la première fois que des scientifiques émettent l’hypothèse que ces masses souterraines sont des vestiges de Théia. Mais Qian Yuan, l’étudiant diplômé de l’Université d’État de l’Arizona (Etats-Unis) qui a présenté cette idée lors de la Conférence sur les sciences lunaires et planétaires (52nd Lunar and Planetary Science Conference) la semaine dernière, semble avoir présenté les arguments les plus convaincants à ce jour.
La preuve sismologique que les LLSVP sont chimiquement différents du reste de la roche mantellique qui les entoure constitue en quelque sorte les restes détectables sur lesquels se basent les travaux de Yuan. Ce qui laisse supposer que les fragments ont des origines extraterrestres, et comme ils sont six fois plus massifs que la Lune, il aurait fallu que quelque chose d’aussi grand qu’une protoplanète les cisaille.
A partir de l’étude : L’hypothèse de l’impact géant pour l’origine des LLSVP. (Li et Col./ Universities Space Research Association)
Même si la recherche reste quelque peu spéculative, les sismologues, encouragés par des études comme celle de Yuan, sont de plus en plus convaincus que d’autres morceaux de débris d’origine extraterrestre pourraient également se cacher sous la surface de la Terre. Ils pensent que leur découverte pourrait contribuer à révéler que l’ancien passé de la Terre était bien plus violent que ce que nous savons jusqu’à présent.
Ces recherches ont été présentées lors de la 52e Lunar and Planetary Science Conference, ils devraient être publiée dans la revue Geophysical Research Letters et l’étude disponible en prépublication sur le site de l’Universities Space Research Association : Giant impact origin for the large low shear velocity provinces.