Des os de rats des nuages géants disparus découverts dans une grotte des Philippines
En rassemblant des restes fossiles de mâchoires et de dents aux Philippines, des archéologues ont découvert des preuves de l’existence de trois nouvelles espèces de rats des nuages géants qui vivaient à la cime des arbres il y a seulement quelques milliers d’années.
Deux de ces espèces, qui appartiennent à la famille des Phloeomyini, auraient été présentes pendant environ 60 000 ans, rapportent-ils dans leur étude (lien plus bas), suggérant que ces mammifères étaient extrêmement résistants avant de disparaître soudainement.
Selon le coauteur de l’étude Philip Piper, de l’Université nationale australienne :
Nos archives démontrent que ces rongeurs géants ont pu survivre aux profonds changements climatiques, de l’ère glaciaire aux tropiques humides actuels, qui ont impacté la terre sur des dizaines de millénaires.
La question est de savoir ce qui a pu causer leur extinction définitive.
Les restes ont été découverts avec ceux de deux espèces d’anciens humains dans et autour de la grotte de Callao sur l’île de Luzon, où des fouilles cherchant à comprendre les premiers hominidés des Philippines ont mis à jour l’Homo luzonensis récemment décrit.
Site de la grotte de Callao où les fossiles ont été trouvés. (Patricia Cabrera)
Les deux espèces de rats des nuages semblent avoir disparu à peu près à la même époque que l’apparition de la poterie et des outils en pierre du Néolithique et que l’introduction des chiens, des cochons domestiques et peut-être des singes, explique le coauteur Armand Mijares de l’Université des Philippines, ajoutant :
Bien que nous ne puissions pas l’affirmer avec certitude sur la base de nos informations actuelles, cela implique que les humains ont probablement joué un certain rôle dans leur extinction.
Après avoir découvert les fragments, l’équipe les a ajoutés aux fossiles existants, excavés il y a plusieurs décennies, qui croupissaient dans un musée. Ils ont passé « des jours et des semaines à regarder dans des microscopes », explique le coauteur Lawrence Heaney, du musée Field de Chicago (États-Unis), à les comparer aux 18 espèces vivantes de rats des nuages pour les identifier.
Au total, ils ne disposaient que d’une cinquantaine de fragments à étudier.
Photographie de certains fossiles de rats des nuages. (Lauren Nassef/ Field Museum)
Selon l’auteur principal Janine Ochoa, également de l’Université des Philippines :
Normalement, lorsque nous examinons des assemblages de fossiles, nous avons affaire à des milliers et des milliers de fragments avant de trouver quelque chose de rare et de vraiment intéressant. C’est fou que dans ces 50 fragments, nous ayons trouvé trois nouvelles espèces qui n’ont pas été répertoriées auparavant.
Les nouvelles espèces herbivores, Batomys cagayanensis, Carpomys dakal et Crateromys ballik, viennent s’ajouter à la richesse de l’histoire de la faune indigène de la région.
Selon Heaney :
Il est clair que les mammifères philippins étaient encore plus diversifiés dans un passé récent qu’ils ne le sont aujourd’hui et c’est beaucoup dire, étant donné que les Philippines ont la plus grande concentration de mammifères uniques de tous les pays.
Les espèces découvertes auraient pesé environ un kilogramme ou plus (au moins le double de la taille du rat commun moyen) et elles étaient plutôt attachantes, ajoute-t-il.
Les plus gros auraient presque ressemblé à une marmotte avec une queue d’écureuil. Les rats des nuages se nourrissent de plantes, et ils ont un gros ventre en forme de pot qui leur permet de faire fermenter les plantes qu’ils mangent, un peu comme les vaches. Ils ont de grandes queues en peluche ou en fourrure. Ils sont vraiment très mignons.
Jusqu’à récemment, les découvertes de fossiles dans la région se concentraient sur les grands mammifères, identifiant le cerf des Philippines (Rusa Marianna), le sanglier des Philippines (Sus philippensis), le suidé (Celebochoerus cagayanensis) et le buffle d’eau nain (Bubalus), ce qui, selon les auteurs, laisse de grandes lacunes dans notre connaissance des petits mammifères de l’île.
Selon les chercheurs :
Il est clair que la découverte de ces espèces fossiles va changer nos précédentes perceptions de manière importante et souligne la probabilité que d’autres études sur les petits mammifères philippins fossiles aient un impact substantiel sur notre compréhension de l’évolution et de l’écologie des mammifères dans cet extraordinaire centre de diversité mammalienne endémique.
L’étude publiée dans le Journal of Mammalogy : Three new extinct species from the endemic Philippine cloud rat radiation (Rodentia, Muridae, Phloeomyini) et présentée sur le site du Field Museum : Fossils of “giant cloud rats” discovered in Philippine caves.