Contrairement aux louveteaux, les chiots comprennent les gestes de l’humain dès leur plus jeune âge, sans aucun entraînement
Contrairement à d’autres espèces domestiquées, les chiens peuvent comprendre et répondre à la communication humaine dès leur plus jeune âge et sans pratiquement aucun entraînement. Vous n’y pensez peut-être pas lorsque vous jouez à la balle avec votre chien, mais ce simple acte de communication et de coordination est très important d’un point de vue cognitif et évolutif. Cela suggère que le lien fort entre les humains et les chiens a conduit à des traits qui ont évolué conjointement et qui ont rendu les chiens de plus en plus sociaux envers nous.
Image d’entête : de jeunes loups au Wildlife Science Center du Minnesota, où ont eu lieu les tests. (Roberta Ryan/ Université Duke)
Dès l’âge de 8 semaines, les canidés sont expressifs envers leurs maîtres. La capacité du chien à se déplacer et à se trémousser pour communiquer n’est pas qu’une simple question de charme. Les mouvements expressifs sont en fait un avantage génétique des chiens à l’ère de la domestication, même par rapport aux loups élevés par l’humain. Les capacités d’engagement et d’interprétation des canidés s’impriment naturellement dans leurs traits, même s’ils ne sont pas suffisamment exposés aux humains.
Selon une récente étude (lien plus bas), la capacité des chiens à impressionner et à communiquer avec les humains est due au développement et au remaniement de leur cerveau pendant des siècles de domestication.
D’après les recherches, les chiots qui ont un contact contrôlé avec les humains ont 30 fois plus de chances d’approcher un étranger, et 5 fois plus de chances d’approcher un individu familier. L’étude a comparé ces résultats avec l’examen des loups élevés par l’humain.
Hannah Salomons, anthropologue de l’évolution à l’université Duke et experte en cognition canine, a déclaré que les louveteaux manifestent moins d’intérêt pour les humains que les chiens. Pour Salomons, les louveteaux étaient simplement timides, courant et se cachant lorsqu’ils entraient dans l’enclos des loups pour la première fois. Leur examen n’a pas été un échec, mais ces petits loups ne sont tout simplement pas intéressés par les humains, les ignorant pendant que l’expérience se déroulait.
Cependant, les découvertes passées montrent que les chiens sont attirés par les humains bien plus que nous ne le pensions. Ils leur répondent plus volontiers, suivant les ordres et les gestes de la main. Cette capacité semble simple, mais dans le règne animal, elle n’est pas très répandue. Les chimpanzés, par exemple, dont les humains partagent 99 % de l’ADN, ne font pas preuve de la même volonté de suivre. Par ailleurs, les bébés humains ne savent pas comment exécuter cette compétence avant l’âge d’un an.
À ce jour, les scientifiques ne savent pas si cette aptitude est une seconde nature pour le chien en raison de l’affection qu’il leur porte ou s’il s’agit du résultat de 14 000 ans de domestication.
Pour en savoir plus, Salomons et ses collègues ont inondé d’attention des louveteaux, tout en limitant l’accès des humains à des chiots. Quelques jours après leur naissance, 37 louveteaux ont été couverts d’attention toute la journée. Les soigneurs dormaient au milieu des louveteaux à l’extérieur, tandis que 44 chiots retrievers restaient avec la mère et les frères et sœurs de la portée jusqu’à l’âge de 8 semaines, avec des visites brèves et limitées des soigneurs.
Photo de la classe du printemps 2020 du Puppy Kindergarten du Duke Canine Cognition Center. Les sept chiots, font partie de l’étude à long terme financée par les National Institutes of Health (NIH) pour évaluer les effets de différentes stratégies d’élevage sur le comportement et le développement cognitif des chiens d’assistance. (Jared Lazarus)
L’expérience a révélé que, même si les loups et les chiens avaient pratiquement le même niveau de maîtrise de soi et de mémoire lorsqu’il s’agissait de tâches de communication avec l’humain, les chiens surpassaient de loin les loups. Les chiens ont suivi un doigt pointé comme indice deux fois plus que les loups. Les retrievers ont également établi un contact visuel deux fois plus important avec les personnes qui s’occupaient d’eux, croisant le regard des humains pendant 4 secondes, alors que celui des chiots loups ne durait en moyenne que 1,47 seconde.
Pour Salomons, ces résultats montrent que la domestication, en sélectionnant l’attirance pour l’humain, a modifié le développement social des chiens, ce qui a donné lieu aux remarquables capacités de coopération et de communication que nous observons aujourd’hui. Les scientifiques ne savent pas exactement comment tout cela s’est produit, mais tout a peut-être commencé avec quelques loups qui étaient inhabituellement amicaux envers les humains et qui recevaient des restes de nourriture en échange de leur comportement non agressif. Au fil du temps, ces loups avaient plus de chances de se reproduire et de transmettre leurs gènes « apprivoisés », tandis que les loups craintifs et agressifs sont restés à l’écart. Après des centaines de générations, cet ancêtre commun a donné naissance au Canis familiaris, le fidèle canidé que nous aimons et chérissons tous. Salomonds de conclure :
Cette connaissance est importante, car comprendre comment l’esprit des chiens est structuré peut nous aider à apprendre à mieux communiquer avec eux et à travailler ensemble comme une équipe plus performante. En outre, un processus similaire, connu sous le nom d’autodomestication, a pu se produire au cours de l’évolution humaine, de sorte que la compréhension de ses effets peut nous éclairer sur le développement de notre propre esprit.
À l’avenir, les chercheurs prévoient d’effectuer une étude longitudinale portant sur le tempérament et les performances de chaque chiot lors de tâches cognitives sociales et non sociales, afin de voir comment ces différents aspects cognitifs se développent et évoluent au fil du temps et comment ils interagissent les uns avec les autres.
L’étude publiée dans Current Biology : Cooperative Communication with Humans Evolved to Emerge Early in Domestic Dogs et présentée sur le site de l’Université Duke : You Can Snuggle Wolf Pups All You Want, They Still Won’t ‘Get’ You Quite Like Your Dog.