Un “évènement de fonte massive” frappe le Groenland après une vague de chaleur record
Un groupe de chercheurs danois a constaté que la calotte glaciaire du Groenland a connu un « épisode de fonte massive » la semaine dernière au cours d’une vague de chaleur qui a porté les températures à plus de 20 °C au-dessus des normales saisonnières. Ils ont constaté que la calotte glaciaire a fondu d’environ 8 milliards de tonnes par jour, ce qui représente environ le double du taux moyen normal observé en été.
La majeure partie du Groenland est actuellement recouverte par une calotte glaciaire qui s’étend sur 1,7 million de kilomètres carrés, soit 3 fois la taille du Texas, selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC/ Etats-Unis)). Il s’agit du deuxième plus grand inlandsis au monde après celui de l’Antarctique. À eux deux, ils contiennent 99 % de la glace d’eau douce de la Terre.
La glace qui fond au Groenland peut s’écouler sous forme d’eau dans l’océan, où elle contribue à l’augmentation continue du niveau des mers causée par le changement climatique d’origine humaine. Le niveau mondial de la mer a augmenté de 21 à 24 centimètres depuis 1880. Des études ont montré qu’un tiers de cette augmentation s’est produite au cours des deux dernières décennies et demie.
Si toute la glace du Groenland devait fondre, les mers s’élèveraient d’environ 7,3 mètres, selon un rapport de 2019 de la NOAA. Cela serait suffisant pour inonder la plupart des villes côtières du monde entier. Bien que cela ne se produise pas du jour au lendemain, la calotte glaciaire du Groenland fond déjà aujourd’hui 7 fois plus vite que dans les années 1990, selon des études.
Les chercheurs danois ont partagé leurs résultats sur le site du Polar Portal (lien plus bas), montrant que la calotte glaciaire a perdu 8,5 milliards de tonnes de masse en surface mardi dernier et 8,4 milliards de tonnes supplémentaires jeudi. L’ampleur est telle que les pertes de mardi ont créé suffisamment d’eau de fonte pour noyer l’État américain de Floride sous 5 cm d’eau.
Image tirée d’un tweet récent du Polar Portal : fonte massive au Groenland. Bien qu’elle ne soit pas aussi extrême qu’en 2019 en termes de gigatonnes (image de gauche – mais elle serait tout de même suffisante pour recouvrir la Floride de 5 cm d’eau), la zone sur laquelle la fonte a lieu (image de droite) est même un peu plus grande qu’il y a deux ans. (Polar Portal)
Selon Marco Tedesco, expert des glaciers à l’Université de Columbia :
C’est un niveau de fonte très élevé et cela va probablement changer les contours du Groenland, car ce sera un facteur très important d’accélération de la fonte future, et donc de l’élévation du niveau de la mer. La neige est comme une couverture protectrice, une fois qu’elle a disparu, vous êtes bloqué dans une fonte de plus en plus rapide.
Selon Marco Tedesco, les températures plus élevées que la normale au Groenland ont été causées par une zone de haute pression qui aspire et retient l’air plus chaud provenant de plus loin au sud « comme un aspirateur. » Une fois que la neige saisonnière a fondu, le noyau de glace plus sombre est exposé, ce qui attire davantage de chaleur, fond davantage et contribue à l’élévation du niveau de la mer. Ces événements atmosphériques sont de plus en plus longs et fréquents, a-t-il ajouté.
La saison de fonte du Groenland dure normalement de juin à août. Selon les chercheurs danois, l’île a perdu plus de 100 milliards de tonnes de glace depuis le début du mois de juin de cette année. Bien que ce chiffre soit inférieur à celui de 2019, où 11 milliards de tonnes de glace avaient été perdues en une seule journée, la zone touchée est beaucoup plus étendue cette année.
Selon le glaciologue Brad Lipovsky :
Il y a une tonne d’air chaud et humide au-dessus de la calotte glaciaire.
Selon une étude récente de l’université de Reading, la calotte de glace du Groenland se rapproche d’un seuil dangereux. Dans environ 600 ans, la fonte sera suffisante pour que la calotte ne se reconstitue jamais, quoi que nous fassions, et que le niveau des mers reste durablement élevé. Ce scénario suppose que les taux actuels de fonte restent constants.
Les chercheurs ont partagé leurs résultats sur le site web Polar Portal : Sea level rise from the ice sheets: The worst case scenario?