Sélectionner une page

Les pays riches "sous-traitent" l’extinction d’espèces dans les pays moins développés

16 Avr 2022 | 0 commentaires

rat sauteur géant de Madagascar 1 22

La biodiversité est gravement menacée dans de nombreuses régions du monde. Plus d’un million d’espèces sont déjà en voie d’extinction, et les projections s’annoncent généralement catastrophiques. Selon une nouvelle étude, l’activité humaine est le principal facteur de cette perte, souvent due à la consommation de produits et de services dans les pays riches, loin des pays plus pauvres où vivent les espèces.

Image d’entête : rat sauteur géant de Madagascar (Hypogeomys antimena). (Wikimedia)

Les chercheurs ont étudié 5 000 espèces dans 188 pays. Ils ont découvert que la consommation dans les pays riches, Amérique du Nord, en Europe et en Asie de l’Est, entraîne l’extinction d’espèces loin de chez elles. Des espèces comme le rat sauteur géant de Madagascar (Hypogeomys antimena) et la grenouille des ruisseaux de Nombre de Dios (Craugastor fecundus) sont menacées par des actions menées par les humains à des milliers de kilomètres de là.

Selon Amanda Irwin, de l’Université de Sydney (Australie) et chercheuse principale de l’étude :

La complexité des interactions économiques dans notre monde globalisé signifie que l’achat d’un café à Sydney peut contribuer à la perte de biodiversité au Honduras. Les choix que nous faisons chaque jour ont un impact sur le monde naturel, même si nous ne voyons pas cet impact.

À l’aide des données disponibles dans la liste des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), Amanda Irwin et son équipe ont calculé les “empreintes des risques d’extinction” au niveau national, exporté et importé. Sur les 188 pays examinés dans le cadre de l’étude, ils ont identifié un groupe de 76 pays comme importateurs nets de risques d’extinction, leur consommation entraînant l’extinction d’espèces ailleurs.

Dans 16 autres pays, concentrés en Afrique, l’empreinte du risque d’extinction est due à la consommation extérieure. La consommation intérieure de Madagascar, par exemple, ne représente que 34 % de l’empreinte territoriale du risque d’extinction. Le reste est lié à la consommation dans d’autres pays, notamment les États-Unis (14 %), la France (11 %) et l’Allemagne (6 %).

A partir de l’étude : catégorie d’empreinte de risque d’extinction par pays. Chacun des 188 pays couverts par l’étude est classé par couleur en fonction de l’empreinte importée, exportée ou domestique qui a la valeur la plus élevée dans ce pays. (Amanda Irwin et col./ Scientific Reports)

Extinction espèces pays riches 1 22

Les chercheurs ont également constaté que le commerce international est à l’origine de près de 30 % de l’empreinte mondiale du risque d’extinction. Ces résultats concordent avec ceux de précédentes études, qui ont montré que le commerce était impliqué dans un quart à un tiers de la perte de biodiversité. L’Indonésie, par exemple, exporte davantage d’empreintes de risque d’extinction qu’elle n’en importe.

Le secteur de l’alimentation et des boissons s’est révélé être le principal facteur de risque d’extinction lié à la consommation au niveau mondial, générant 20 % de l’empreinte du risque d’extinction, suivi par les secteurs de l’agriculture (19 %) et de la construction (16 %). Des études antérieures ont également identifié la consommation alimentaire et les activités agricoles comme des facteurs de perte de biodiversité.

A partir de l’étude : empreinte du risque d’extinction mondiale par secteur de consommation. La contribution de chaque secteur à l’empreinte mondiale du risque d’extinction est indiquée, y compris une répartition taxonomique. (Amanda Irwin et col./ Scientific Reports)

Extinction espèces pays riches 2 22

Selon le coauteur de l’étude Juha Siikamäki :

La constatation qu’environ 30 % de l’empreinte mondiale du risque d’extinction est liée au commerce international souligne la nécessité d’examiner les responsabilités des différents pays et de tous les acteurs, y compris le financement de la conservation, non seulement dans le contexte de leurs frontières nationales, mais aussi en tenant compte de leur impact au niveau international.

Les chercheurs ont également appliqué leur analyse au niveau des espèces. En Afrique occidentale, par exemple, 44 % de l’empreinte du risque d’extinction du gorille de l’Ouest (Gorilla gorilla) est exportée. Les États-Unis importent également 24 % de l’empreinte du risque d’extinction de la grenouille de rivière Nombre de Dios, dont 3 % sont dus à la consommation de tabac, de café et de thé produits aux États-Unis.

Les chercheurs ont également constaté des différences dans la composition taxonomique des empreintes de risque d’extinction des pays. La majeure partie de l’empreinte territoriale de la Colombie (60 %), par exemple, est générée par les menaces pesant sur les amphibiens, tandis que les menaces pesant sur les oiseaux constituent la majeure partie (59 %) de l’empreinte du Brésil. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les mammifères constituent le principal risque d’extinction (65 %), selon l’étude.

Pour Arne Geschke, coauteur de l’étude :

Les activités qui menacent les espèces dans un endroit donné sont souvent induites par des modes de consommation dans des endroits éloignés, ce qui signifie que les interventions locales peuvent être insuffisantes.

Les gouvernements négocient actuellement un nouvel accord mondial visant à inverser la tendance à la disparition des espèces sauvages et des habitats. Toutefois, les progrès ont été assez lents jusqu’à présent. Le nouveau cadre devrait être adopté dans le courant de l’année lors d’un sommet sur la biodiversité en Chine (COP15). Pour les militants, cet événement devrait être considéré comme aussi important que l’accord de Paris sur le climat de 2015.

Une grande partie du texte provisoire de l’accord est actuellement truffée de parenthèses (ce qui signifie qu’il n’est pas résolu), signe d’opinions divergentes sur l’orientation des objectifs et des cibles, le niveau d’ambition requis et les ressources nécessaires pour les atteindre. Les pays en développement demandent aux pays riches des fonds pour protéger les ressources naturelles dont ils dépendent.

Selon Irwin :

Les crises de la biodiversité et du climat se produisent en parallèle. La prochaine COP-15 permettra, nous l’espérons, de mieux faire connaître l’autre crise naturelle d’origine humaine de notre génération, la perte irrémédiable de biodiversité, et nos résultats peuvent fournir des indications précieuses sur le rôle que joue la consommation mondiale comme l’un des moteurs de cette perte.

L’étude publiée dans Scientific Reports : Quantifying and categorising national extinction-risk footprints et présentée sur le site de l’Université de Sydney : Your morning coffee could hasten species’ extinction.

Il n’y a aucune publicité sur GuruMeditation et le Guru ne compte que sur la reconnaissance de ses lecteurs/ lectrices. 

Merci pour votre aide !

Le Guru fait une pause dans ses écrits, car il a besoin de votre soutien !

Le Guru lance un appel aux dons afin de l’aider à poursuivre son activité…

Un orang-outan est le premier non-humain à soigner des blessures à l’aide d’une plante médicinale

]Un orang-outan sauvage mâle de Sumatra a été observé en train d’appliquer les feuilles mâchées d’une plante aux propriétés médicinales connues sur une plaie de sa joue. Il s’agirait du premier cas documenté de traitement actif d’une plaie par un animal sauvage à l’aide d’une substance végétale biologiquement active connue.

Les chercheurs ont observé l’orang-outan, qu’ils ont baptisé Rakus, en juin 2022 dans la zone de recherche de Suaq Balimbing, dans le parc national de…

Des chercheurs reconstituent le visage d’une Néandertalienne à partir d’un crâne écrasé vieux de 75 000 ans

Une équipe de paléo-archéologues est présentée dans un nouveau documentaire dans lequel ces experts ont reconstitué le visage d’une femme néandertalienne ayant vécu il y a 75 000 ans.

Le crâne, écrasé en centaines de fragments probablement par un éboulement après la mort, a été déterré en 2018 dans la grotte de Shanidar, au Kurdistan irakien. Baptisés Shanidar Z, les restes du Néandertalien sont peut-être la partie supérieure d’un squelette découvert dans…

Des scientifiques créent des cerveaux hybrides souris-rat avec des neurones des deux espèces

Des chercheurs américains ont utilisé une technique spéciale pour éliminer les neurones de souris en développement, qu’ils ont remplacés par des cellules souches de rat. Ces cellules se sont transformées en neurones de rat dans le cerveau de la souris, qui est AINSI devenu un cerveau hybride. Chose remarquable, les rongeurs modifiés sont en bonne santé et se comportent normalement, ce qui est très prometteur pour les thérapies régénératives neuronales.

Les recherches ont été menées par deux équipes indépendantes, qui ont publié leurs résultats…

La vie s’est épanouie alors que le champ magnétique de la Terre a failli disparaître il y a 590 millions d’années

Le champ magnétique terrestre a failli s’effondrer il y a quelque 590 millions d’années, exposant vraisemblablement la vie à la surface de la planète à un risque d’augmentation du rayonnement cosmique.

Selon de nouvelles recherches, l’affaiblissement temporaire du bouclier magnétique aurait pu être tout sauf une catastrophe biologique. En fait, il pourrait avoir augmenté les niveaux d’oxygène, créant ainsi les conditions idéales pour l’épanouissement des premières formes de vie…

Les “rayures de tigre” de la lune de Saturne, Encelade, sont liées à ses spectaculaires geysers

Les mouvements des lignes de faille de la croûte gelée d’Encelade, une des lunes de Saturne, pourraient être à l’origine des panaches de matière glacée qui s’échappent du ventre aqueux de la lune, selon une équipe de chercheurs qui a récemment modélisé ces mouvements.

L’étude de l’équipe s’est concentrée sur les “rayures de tigre” d’Encelade, de longues fissures situées principalement dans les parties méridionales de la lune, que certains pensent avoir été causées par un ancien impact. D’autres chercheurs ont…

Plus de 90 % des oiseaux polaires sont contaminés par des microplastiques

Le plastique est pratiquement partout sur Terre. De la plus haute montagne aux plus grandes profondeurs des océans, des régions polaires à l’intérieur de notre corps, il n’y a plus moyen d’y échapper. Bien que la pollution plastique soit loin d’être un nouveau problème, l’ampleur de la pollution par les microplastiques n’est apparue que récemment.

La pollution plastique est généralement divisée en macroplastiques (>5 cm), microplastiques (0,1 µm-5 mm) et nanoplastiques (<0,1 µm). Plus le plastique est...

Le plus haut observatoire du monde entre en fonction au Chili

Pour le Livre Guinness des records, l’Observatoire d’Atacama de l’Université de Tokyo (TAO) est l’observatoire astronomique le plus haut du monde.

Le TAO se trouve à une altitude de 5 640 mètres au sommet d’une montagne dans le désert d’Atacama, au nord du Chili. Le télescope de 6,5 m optimisé pour les infrarouges est enfin opérationnel après 26 ans de planification et de construction…

La voile solaire avancée de la NASA s’est déployée sans encombre dans l’espace

La NASA a lancé son système de voile solaire composite avancé (Advanced Solar Sail) à bord d’une fusée Electron de RocketLab, déployant ainsi une voile de 9 mètres en orbite terrestre basse…

Des millions de joueurs du jeu vidéo Borderlands 3 font avancer la recherche biomédicale

Plus de 4 millions de joueurs jouant à un mini-jeu de science citoyenne dans le jeu vidéo Borderlands 3 ont aidé à reconstituer l’histoire de l’évolution microbienne des bactéries de l’intestin humain…

La vieille sonde Voyager 1 de la NASA rétablit la transmission de ses données après 5 mois de charabia

La sonde Voyager 1 a renvoyé des données exploitables pour la première fois depuis plus de 5 mois, ce qui laisse espérer que la mission, vieille de 46 ans, pourra enfin reprendre ses activités normales.

La sonde interstellaire préférée de la NASA a transmis samedi au centre de contrôle de la mission des données sur la santé et l’état de ses systèmes embarqués…

Photos : Lorsque deux satellites dans des directions opposées se croisent dans l’espace à 10 000 km/h

La sonde Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) de la NASA a pris une photo parfaitement synchronisée lorsqu’elle a croisé le chemin d’un autre engin spatial en orbite autour de la lune.

La sonde LRO, qui est en orbite autour de la lune depuis 15 ans, a pris plusieurs images de l’orbiteur lunaire Danuri de l’Institut de recherche aérospatiale de Corée, alors que les deux engins spatiaux, voyageant sur des orbites presque parallèles, se sont croisés dans des directions opposées au cours de trois orbites entre le 5 et le 6 mars…

Le professeur physicien Peter Higgs, célèbre pour avoir prédit l’existence du boson de Higgs, meurt à l’âge de 94 ans

Le professeur Peter Higgs, lauréat du prix Nobel, physicien théoricien britannique célèbre pour avoir prédit l’existence d’une nouvelle particule, le boson de Higgs, est décédé lundi 8 avril. L’université d’Édimbourg, où Higgs était professeur émérite, a annoncé mardi qu’il était « décédé paisiblement chez lui … à la suite d’une courte maladie ».

Les bosons de Higgs sont l’excitation quantique du champ de Higgs, un champ qui remplit tout l’univers et qui interagit avec les particules…

Voyager 1 : Les ingénieurs de la NASA ont repéré la puce défectueuse qui pourrait permettre de réparer l’ordinateur de la plus vieille sonde spatiale

L’une des plus anciennes (47 ans) et des plus lointaines sondes envoyées dans l’espace par l’humain, la sonde Voyager 1 souffre d’une importante défaillance qui l’empêche de transmettre des données scientifiques ou techniques vers la Terre. Les ingénieurs de la NASA ont réduit le problème de la sonde Voyager 1 à une seule puce défectueuse. Il pourrait désormais être possible de contourner la mémoire corrompue et de remettre la sonde interstellaire en état de marche…

Pin It on Pinterest

Share This