Confirmation que les ptérosaures avaient des plumes, mais qu’elles ne servaient pas pour voler
Si vous montiez dans une machine à remonter le temps et que vous vous rendiez au Brésil au début du Crétacé, il y a environ 145 à 100 millions d’années, vous seriez peut-être ébloui par d’étonnants ptérosaures volants exhibant leurs plumes colorées.
Image d’entête : reconstitution artistique du ptérosaure à plumes Tupandactylus, montrant les types de plumes le long du bas de la crête de la tête. (Bob Nicholls/ University College Cork)
Une étude publiée cette semaine (lien plus bas) a trouvé la première preuve de l’existence de plumes à la pigmentation variée chez les ptérosaures, ce qui suggère qu’ils les utilisaient aussi bien pour se montrer que pour réguler la température de leur corps. Cette recherche permet de mieux comprendre comment les plumes colorées ont évolué chez les cousins éloignés des ptérosaures : les oiseaux.
Bien qu’ils planaient au Crétacé, les ptérosaures ne sont pas des dinosaures, ce qui signifie qu’ils ne sont pas non plus des oiseaux. Ces reptiles volants s’envolaient dans le ciel avec des ailes formées d’une membrane de peau qui s’étendait entre leurs avant-bras, leurs pattes arrière et leur corps.
C’est en étudiant le crâne d’un Tupandactylus imperator que la professeure Maria McNamara et Aude Cincotta, de l’University College Cork, en Irlande, et leurs collègues ont découvert que les ptérosaures auraient pu avoir des plumes colorées.
Reconstruction artistique du T. imperator, présentant des types de plumes distincts. (Bob Nicholls)
Cette créature aurait été incroyablement impressionnante. Elle avait une envergure de 5 mètres et une crête crânienne géante qui ferait honte à n’importe quel calao moderne.
Dans leur étude, les auteurs écrivent que le fossile présentait des « tissus mous remarquablement bien conservés », ce qui leur a permis d’examiner les plumes à un niveau microscopique. Ils ont trouvé à la fois des plumes molles et duveteuses et des plumes ramifiées semblables à celles des oiseaux actuels.
Images tirées de l’étude : a, Crâne incomplet montrant la crête des tissus mous préservée. b-f, Détail des structures tégumentaires associées à la partie postérieure du crâne. b, Monofilaments. c, Plumes ramifiées. d, Détail de la plume ramifiée courbée en c. e, f, Plume ramifiée droite (e) avec détail (f). g, h, i, Micrographies électroniques à balayage des mélanosomes dans les tissus mous. (Cincotta et col./ Nature)
On sait depuis longtemps que les ptérosaures avaient un duvet qui isolait leur corps, mais la caractérisation de ce duvet a fait l’objet de controverses.
Les pigments de couleur sont créés par des structures appelées mélanosomes. Chez les oiseaux modernes, différents types de mélanosomes produisent des plumes de couleurs différentes. Les ptérosaures possédaient différents types de mélanosomes, ce qui suggère que, tout comme certains oiseaux, ces reptiles avaient également des plumes colorées.
Chez les oiseaux, la couleur est souvent utilisée pour signaler des informations entre individus. Si les ptérosaures possédaient aussi des couleurs vives, il est probable qu’ils avaient la même fonction.
La recherche sur les plumes peut susciter l’enthousiasme des scientifiques et selon McNamara et Cincotta :
L’histoire évolutive précoce des plumes reste toutefois controversée car les fossiles pertinents sont rares. La crainte de la controverse n’a pas empêché les chercheurs de suggérer une idée audacieuse : les plumes pourraient être bien plus anciennes que nous ne le pensions, remontant au Trias moyen à tardif (environ 247-201 Ma), époque à laquelle les ptérosaures et les dinosaures ont eu un dernier ancêtre commun.
Une série d’études menées au cours des 25 dernières années a déplacé l’origine des plumes à 100 millions d’années plus tôt qu’on ne le pensait à l’origine, sur la base de la découverte du plus ancien fossile d’oiseau connu, celui de l’Archaeopteryx, qui vivait en Allemagne il y a environ 150 millions d’années.
La recherche sur les plumes se concentre souvent sur l’utilisation des plumes pour le vol, mais cette nouvelle preuve conduira probablement à un recentrage sur la capacité d’isolation que les plumes fournissent comme étant, vraisemblablement, la raison principale de leur développement, suivie par leur utilisation pour la signalisation.
L’étude publiée dans Nature : Pterosaur melanosomes support signalling functions for early feathers et présentée sur le site de l’University College Cork : Pterosaur discovery solves ancient feather mystery.