Les gaufres à poche seraient-ils les premiers mammifères à être des agriculteurs non humains ?
Si, en lisant ce titre, vous espériez voir de jolies photos de petits rongeurs fouisseurs tenant des fourches et des houes, le Guru va vous décevoir. Mais des scientifiques ont trouvé des preuves de l’existence d’une « agriculture » chez les gaufres à poche.
Image d’entête : gaufre à poche en train de creuser. (Veronica Selden)
Vivant solitaires et sous terre dans les prairies d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale, les gaufres passent une grande partie de leur temps à ronger les racines pour se nourrir. On estime que ces dernières fournissent 20 à 60 % de l’énergie de ces petits rongeurs.
Dans une nouvelle étude (lien plus bas), une équipe de scientifiques affirme que les petites créatures ne se contentent pas de manger les racines, mais qu’elles les cultivent également dans leurs tunnels.
Selon les chercheurs, les gaufres à poche ou Géomyidés peuvent être considérés comme des agriculteurs, car ils créent des conditions propices à la croissance des racines. Les rongeurs affairés répandent leurs propres déchets comme engrais avant de récolter ou de cultiver les racines.
Gaufre à poche (Geomys breviceps). (Jose Gabriel Martinez)
Ce n’est pas vraiment de l’agriculture industrielle ou de la germination de graines, mais les auteurs pensent que ces rongeurs sont tombés sur un système de production alimentaire qui peut être considéré comme de l’agriculture et les tunnels des intrépides rongeurs agissent comme des rangées de cultures.
Selon le coauteur de l’étude, F. E. Jack Putz, de l’Université de Floride (Etats-Unis) :
Cela dépend vraiment de la façon dont on définit l’agriculture. Si l’agriculture exige que les cultures soient plantées, alors les rongeurs ne sont pas concernés. Mais cette définition semble bien trop étroite pour quiconque a une perspective plus horticole dans laquelle les cultures sont soigneusement gérées, comme les arbres fruitiers dans les forêts, mais pas nécessairement plantées.
Dans cette perspective, les origines de l’agriculture incluent la culture de céréales et de légumineuses annuelles en Mésopotamie, ainsi que la culture du maïs en Amérique, mais de nombreuses cultures dans le monde ont développé une agriculture basée sur des cultures pérennes, dont beaucoup n’étaient pas plantées, mais entretenues.
En fait, la culture de racines pourrait même être un facteur décisif dans le fait que les gaufres creusent et entretiennent des systèmes de tunnels aussi étendus.
Toujours selon Putz :
Les gaufres à poche sont d’excellents exemples d’ingénieurs de l’écosystème qui retournent le sol, l’aérant ainsi et ramenant les nutriments à la surface. Ils ne mangent que des racines, dont ils cultivent eux-mêmes une partie, et interfèrent rarement avec les activités humaines.
Si la définition de l’agriculture se vérifie en leur faveur, alors les spermophiles seront les premiers mammifères non humains observés en train de cultiver.
Les gaufres du sud-est sont les premiers agriculteurs mammifères non humains. L’agriculture est connue chez les espèces de fourmis, de coléoptères et de termites, mais pas chez les autres mammifères.
Selon les chercheurs :
Que les gaufres de poche soient ou non des agriculteurs, la culture des racines mérite d’être étudiée plus avant.
Et il y a des études supplémentaires à réaliser. Les chercheurs affirment que de futures recherches pourraient révéler si les gaufres mangent des champignons.
Une autre piste d’études futures pourrait porter sur les variations saisonnières des niveaux d’énergie que les racines poussant dans les tunnels peuvent fournir aux rongeurs, et sur la manière dont cela est lié à leurs cycles d’activité. À ce stade, on ne sait pas encore comment la culture souterraine des racines par les gaufres affecte la végétation à la surface.
Gaufre à poche arrachant une plante de surface. (Norm Douglas)
L’étude publiée dans Current Biology : Root cropping by pocket gophers et présentée sur le site de l’Université de Floride : Root-farming gophers might be our closest agricultural relatives.