Cet été fut le plus chaud jamais connu en Europe… et ça perdure
L‘Europe vient de connaître l’été le plus chaud de son histoire, avec des incendies de forêt généralisés, une sécheresse brutale et des vagues de chaleur torrides, selon les nouvelles données du Copernicus Climate Change Service (programme Copernicus). Il s’agit du deuxième été consécutif à battre des records, avec des températures moyennes supérieures de 0,4 °C au record de l’année dernière… réchauffement climatique oblige.
GIF d’entête : anomalie des températures quotidiennes de l’air en surface pour juillet 2022 par rapport à la moyenne quotidienne pour la période 1991-2020. (ERA5/ Copernicus Climate Change Service/ ECMWF)
Freja Vamborg, scientifique au sein du Copernicus, a décrit les trois derniers mois en Europe comme « un été d’extrêmes ». La combinaison d’un temps sec et de températures record, alimentée par la crise climatique, a déclenché des incendies de forêt, de la côte atlantique aux montagnes du Caucase, qui ont rendu les forêts brunes et stériles et causé des milliers de morts.
Selon les chercheurs, les hautes températures ont été aggravées par le changement climatique. Selon une récente étude, la combustion de combustibles fossiles a décuplé la probabilité d’une vague de chaleur en juillet au Royaume-Uni. Une autre étude a révélé que le cycle de températures chaudes et de sécheresse du paysage peut créer des « dômes de chaleur » qui entrainent de fortes chaleurs sur le continent. Quelle que soit la façon dont vous observez les évènements, il est extrêmement improbable qu’une telle chose se produise sans que le changement climatique ne joue un rôle.
À l’échelle mondiale, le mois d’août fut le troisième plus chaud jamais enregistré, selon le Copernicus. Une sécheresse a touché de grandes parties de l’ouest des États-Unis et du Canada et des vagues de chaleur ont frappé une grande partie de la Chine, faisant de cet été le plus chaud du pays. Même le pôle Sud fut plus chaud que d’habitude pour cette période. La glace de mer autour de l’Antarctique a atteint un niveau (de diminution) record en juillet.
Anomalie des températures quotidiennes de l’air en surface pour aout 2022. (Copernicus/ ECMWF)
Les émissions de gaz à effet de serre réchauffent la planète à des niveaux records, les températures moyennes mondiales étant déjà supérieures de 1,1 °C à celles d’avant le début de la révolution industrielle. Chacune des sept dernières années s’est classée parmi les sept plus chaudes consignées. Et ce n’est qu’un début si les émissions ne sont pas réduites maintenant.
Dans l’hémisphère nord, le changement climatique devient une préoccupation majeure, surtout en été, lorsque la hausse des températures transforme une période de joie en une saison de désastre. Pendant le Tour de France de cette année, où les meilleurs cyclistes passent trois semaines à pédaler, les organisateurs ont dû asperger la route d’eau pour les empêcher de “fondre” sous la chaleur torride.
Moyenne des températures maximales et minimales quotidienne (mars-août) dans le sud-ouest de l’Europe. (C3S/ ECMWF)
Aux États-Unis, les précipitations à Yellowstone ont inondé l’une des principales routes du parc et ont largement affecté les économies voisines. En Chine, une vague de chaleur qui a duré plus de 10 semaines a obligé à fermer des usines et à couper l’électricité. Au Mexique, les pénuries d’eau sont devenues si intenses dans le nord que des personnes ont saboté des canalisations juste pour trouver quelque chose à boire.
De nombreuses régions du monde ont également souffert de conditions météorologiques imprévisibles. Des communautés du sud-ouest des États-Unis ont récemment subi des précipitations record qui ont détruit des routes. Au Pakistan, une vague de chaleur intense a été suivie d’une saison de mousson fraîche et humide. En août, environ un tiers du pays était déjà sous l’eau, et des millions de personnes ont dû quitter leur foyer. Il y a aucune toutes les raisons de penser que le pire est à venir. Si aucune mesure n’est prise rapidement, cela ne pourrait être que le début.
Pour l’instant, la meilleure chose que nous ayons comme levier international pour lutter contre le changement climatique est l’Accord de Paris. Celui-ci, signé en 2015 par la quasi-totalité des pays, vise à limiter l’augmentation de la température mondiale à 2 °C, voire à 1,5 °C si possible. Cependant, les scientifiques ont averti que la fenêtre d’opportunité pour atteindre cet objectif se referme rapidement, car nos économies continuent de dépendre des combustibles fossiles qui polluent l’atmosphère. Le temps presse. Il serait sage d’agir le plus rapidement possible.
A partir du Copernicus Climate Change Service : Record-breaking European heatwaves: the role of climate change and weather patterns et sur le site du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme : ECMWF Directors talk about European heatwaves.
Merci pour ce texte important. Il y a cependant une erreur de négation quand vous dites à propos des précipitations au Pakistan « Il n’y a aucune raison de penser que le pire est à venir » alors que vous vouliez sûrement dire « Il n’y a toutes les raisons de penser que le pire est à venir », non ?
D’autre part, si je vous comprend bien, la phrase concernant « La glace de mer autour de l’Antarctique » qui « a atteint un niveau record en juillet » signifie que le niveau record est un niveau « bas », de moindre présence de glace ?
Bonjour Jean-Dominique,
Cette période, « la rentrée », est toujours un peu délicate en termes d’activité pour le Guru et c’est là qu’il est plus susceptible de faire des erreurs. C’est d’ailleurs souvent le fait de passer d’un « point de vue » en langue anglaise, à une réflexion française (il se comprend….). Vous avez parfaitement raison et le Guru ne va pas tarder à modifier ses écrits. Merci de les avoir relevées !